Ben voilà tout est dans le titre…
J’apprends ça tout connement en tombant sur une copie de dépêche AFP en me connectant sur orange.
http://actu.orange.fr/culture/suicide-du-chanteur-allain-leprest-parolier-de-greco-et-admire-par-ferrat-afp_192078.html
inconnu au bataillon pour ma part.
Je ne le connaissais pas non plus. Mais à coup sûr, je connaissais une de ses œuvres sans le savoir.
De toute façon, un artiste estimé par Ferrat ne pouvait être complètement mauvais.
Tiens, c’est le fond de la bouteille
Ça y est nous voilà vieux ma vieille
Des vrais vieux qui trient les lentilles
Des vieux de la tête aux béquilles
Tiens voilà le bout de la rue
On souffle comme, qui l’aurait cru
Du temps qu’on vivait à grand pas
Du temps qu’on leur en voulait pas
Aux étoiles de disparaître.
La retraite…
T’as beau dire qu’on nous rend le coeur
Une fois vidé du meilleur
Qu’ils ont pris le tronc et la force
Qu’ils ne nous reste que l’écorce
N’empêche, c’est déjà moins con
Que soit consigné le flacon
Qu’après le festin on nous laisse
Les arêtes de la vieillesse
Le temps d’finir la cigarette.
La retraite…
Tout ici a la soixantaine
Ce café-là sent la verveine
“Je t’aime” enfile ses chaussons
L’amour jette ses paillassons
Et la tête tourne soudain
A relire le papier peint
Où mille fois les chasseurs tuent
Un grand cerf qui cherchait l’issue
Entre la porte et la fenêtre.
La retraite…
Il paraît qu’à un certain âge
Plus ou moins l’esprit déménage
Et qu’on a la raison qui tangue
Et des cheveux blancs sur la langue
Nous, on doit être centenaires
A rêver du bout de la terre
Avoir des envies de Pérou
Et entendre au-dessus du trou
Ce bruit de pelletées qu’on jette.
La retraite…
Le soir descend, partons d’ici
Faudrait pas qu’ils nous trouvent assis
Si on larguait les bibelots
Tout tiendrait dans un sac-à-dos
Regarde, on tend le bras et hop
Ils appellent ça l’auto-stop
Tant pis si on n’a pas de jean
Si cette conne s’imagine
Qu’avec elle le coeur s’arrête.
La retraite…
Adieu Venise, salut Madrid
On laisse pas longtemps nos rides
Pour peu qu’on se démerde bien
On sera à Tolède demain
A regarder les ombres lentes
Eteindre les maisons brûlantes
Salut l’oranger sur la cour
Salut la paresse des jours
J’avais hâte de te connaître…
La retraite…
Tiens, c’est le fond de la bouteille
Ça y est nous voilà vieux ma vieille.