[Bruxelles 1893][Dobble][Elysium][Splendor]
Voici une nouvelle assez intéressante à plus d’un titre. Une information qui parle des dessous du secteur, de l’économie, de la loi, de la morale… Bref, de tout ce qui fait un secteur et pourtant que l’on aborde que rarement. Surtout publiquement. Mais là, il est question d’un cas particulier. Un cas d’école. Un cas qui fait entrer dans la ronde de l’analyse un paquet de paramètres. Car il est question d’un jeu qui fait un carton. Un truc proche de la folie. Une usine à cash. Une fabrique à joueurs. Un rêve pour tout auteur. Tout éditeur. Et tout distributeur.
Grosse annonce.
La base est pourtant simple. Elle ne ressemble quasi à rien. L’accroche n’a quasi aucun intérêt. Et pourtant. « Asmodee acquiert les droits d’édition, d’exploitation et de marque du jeu « Dobble » / « Spot It » pour le monde entier » Oui. Pour le MOOOOOONDE entier. Rien que ça. Bon me direz-vous. Et alors ? Le jeu était déjà chez Asmodee. J’ai envie de dire oui, mais non. En fait.
Dobble.
Replaçons le contexte. « Dobble », c’est le hit des hits ludiques du moment. Des millions d’exemplaires vendus dans le monde. Et quand je dis des millions, rien que pour la France, en 2014, ce sont 800.000 exemplaires qui ont été achetés par des joueurs. 800.000 ! Si l’on compare à la littérature, à la musique, c’est juste énorme. Plus que le dernier Johnny Hallyday. Bien plus. Au moins 2 fois !
Aux États-Unis de l’Amérique, connu sous le nom de « Spot-It », le jeu rencontre un succès hors du commun avec des déclinaisons pour tout. Le football, le baseball, tous les Disney… Oui, les Américains aiment bien les jeux empruntant des univers qu’ils affectionnent. Ils ne sont pas tout à fait comme nous à hurler quand on colle une licence sur un produit. C’est comme ça. Chacun ses Us, chacun ses coutumes.
En 5 ans, « Dobble » c’est 7,7 millions d’exemplaires écoulés. Ce n’est pas rien… |
Une drôle d’histoire.
Bref, « Dobble », c’est un carton monstrueux, et donc des sous. Plein de sous. Du coup, dès qu’il y a de l’argent, les ennuis peuvent commencer. Et avec « Dobble » il y en a eu. Je vous passe les détails, mais les droits ont été gérés par une entreprise qui a cédé certains droits à une autre, qui les a passés à d’autres, mais pas pour tous les pays, tout en étant distribuée par certains qui n’étaient pas les mêmes, en fonction de pays différents… Bref, un micmac incroyable. Tellement que nous ne savions plus quoi mettre comme éditeur et distributeur sur les fiches Tric Trac. Pire, un problème de reconnaissance des auteurs du jeu s’est rajouté à l’histoire. Forcément, quand on lance des procédures de toute part pour savoir qui quoi comment, on découvre des choses, on se pose des questions, on cherche des réponses….
Les embrouilles.
Au bout d’un moment, l’histoire devenait presque “étrange” dans les milieux autorisés au courant mais pas vraiment. Un peu. Genre « Quoi, comment, on bafoue les droits de l’auteur ! » et autres « Mais c’est un plagiat !? » sans oublié les « Bon sang de nom d’une pipe, la machine à cash ça rend fou, mais où va le monde du jeu de c’est quoi ce micmac… ». Et puis les avocats, la loi, tout ça… Compliqué et lassant pour le commun des joueurs.
Tout est bien qui finit bien.
Et puis il fallait bien que cela s’arrange. Un jour. Et ce jour, c’est là de maintenant. Et, en l’occurrence, c’est Asmodee qui a réussi à monter un plan pour que tous les acteurs de l’affaire « Dobble » s’y retrouvent. Sans que qui que ce soit n’ait de chose en travers de la gorge. Parce que c’est mieux si notre secteur, encore fait de gens qui aiment le jeu de société, reste sain et que personne n’ait rien dans la gorge.Asmodee était, jusqu’à ce jour, coéditeur et distributeur du jeu, mais pas en Amérique du Nord. C’est Blue Orange qui a fait le succès de « Spot-It ». Asmodee était coéditeur, parce que l’initiateur du projet, autour de Denis Blanchot, l’auteur, était Divertis Properties Group. Tous ces gens, les auteurs, les éditeurs, les distributeurs, ont échangé des mails, des coups de téléphone et ont discuté autour d’une table. Ils ont tous fait valoir leurs arguments et une solution acceptable pour tous a été trouvée et acceptée. Donc, Asmodee devient le seul et unique éditeur/distributeur de « Dobble ». Clairement. Partout. Du coup tout le monde touche des sous pour le travail effectué, l’auteur retrouve ses droits et les sous qui étaient bloqués par les procédures, on se serre la main et la vie de « Dobble » reprend un chemin sans chaos ni perturbation, convertissant sans soucis des hordes de nouveaux joueurs.
Vous ne me croyez pas ! Voici les déclarations officielles.
Je suis très heureux et fier que Dobble/Spot It! rejoigne notre portefeuille de jeux. Grâce à sa mécanique simple et parfaite, il a réussi à abolir les barrières générationnelles et culturelles pour devenir un de ces très rares jeux auquel toutes les générations peuvent jouer ensemble et partout dans le monde. Il était donc naturel que Dobble/Spot It! soit devenu pour nous comme pour Eurazeo, notre actionnaire de référence, une priorité dans notre stratégie de développement. Nous avons de fortes ambitions pour ce jeu, notamment dans sa version digitale.
Stéphane Carville, Président du Groupe Asmodee
Transmettre Dobble/Spot It! à Asmodee est certainement la meilleure option pour accélérer et fédérer la consolidation et le développement du jeu à une échelle mondiale.
Jean François Andréani, Président de la société Divertis Properties Group
Nous avons eu le plaisir d’accompagner ce jeu depuis son lancement sur le marché américain. Nous sommes heureux de passer le relais au Groupe Asmodee qui possède tous les atouts nécessaires pour permettre à Dobble/Spot It! de s’inscrire à très long terme comme l’une des références majeures de l’univers du jeu de société.
Thierry Denoual, Président de la société Blue Orange
Le futur.
L’idée de cette acquisition pour Asmodee est de conforter son « portefeuille » de jeux à gros potentiel et affirmer sa présence sur le sol nord-américain. Avec un jeu comme celui-là dans son catalogue, on peut se dire qu’ils sont en plein dans le mille. La transition va, si l’on se réfère à l’annonce officielle, se faire doucement entre Blue Orange et Asmodee. La distribution, c’est un brin complexe l’air de rien, donc il faut transiter correctement.
La mise en place d’un pôle numérique, confirmé avec l’arrivée déjà excitante de « Splendor » sur iBidule et autres plateforme, semble être aussi un point important puisque Stéphane Carville, Président du Groupe Asmodee, le souligne à la fin de sa déclaration. Imaginez ce que cela peut donner pour une plateforme si on trouve dessus un « Dobble » qui mène à un « Splendor » qui mène à un « Elysium » qui mène à un « Bruxelles 1893 ». Purée de bonne progression qui va nous créer du joueur 6DAN qui surfera sur Tric Trac et participera à la Tric Trac Cup ça. Oui.
Une bonne nouvelle.
Je crois que l’on peut dire que c’est une bonne nouvelle. Oui. Une bonne nouvelle de voir que les acteurs du secteur sont capables de s’entendre et de mettre en place un plan qui ne floue manifestement personne. Une bonne nouvelle de voir un excellent jeu se poser plus clairement dans le circuit. Une bonne nouvelle de voir qu’Asmodee a toujours une belle ambition pour le secteur. Même si « Dobble » n’est pas à proprement parlé le jeu qui excite le plus les joueurs pousseurs de cubes, de figurines qui trainent par ici. Mais sans ce genre de hit, aurions-nous un secteur aussi solide ? J’ai une réponse, je vous laisse l’imaginer…
Vous ne connaissez pas le jeu, voici une TT qui vous montrera le potentiel…
Dobble
Un jeu de Igor Polouchine, Denis Blanchot, Guillaume Gille-Naves, Jean-François Andreani
Illustré par Igor Polouchine
Publié par Asmodee
2 à 8 joueurs
A partir de 6 ans
Langue de la règle: Française
Durée: 10 minutes
Prix: 15,00 €
NdlR : Attention, je donne des jeux au pif, ne cherchez aucune annonce là dedans.