[Awimbawé][Jekyll & Hyde vs Scotland Yard][Kameloot][Le Renard des Bois Duo]
<img src=“https://cdn.trictrac.net/documents/formats/news_xlarge/documents/originals/d1/bf/bebc2dae70a20a7fc24a6d4dac916220cbb7c8c88d157879020f2c9171ac.jpeg” alt=“Awimbawe : “Tu es un lion”, c’est Uyimbube, non ?”/>
Ils ne sont pas légion, les jeux de plis qui, non content de pouvoir se jouer à deux, sont justement fort bons dans cette configuration. En conséquence, ceux qui sont consacré à ce nombre de joueurs uniquement sont encore plus rare. Le Renard des bois Duo et Jekyll vs Hyde en sont deux exemples plutôt récents… Et maintenant, nous pourrons y ajouter Awimbawe qui est arrivé tout frais édité par Explor8 (prononcez “Explor-eight”)
La force du titre de Matthieu Roussel (auteur par ailleurs du sympathique Kameloot chez Blue Orange) n'est pas que dans ses parties courtes (une vingtaine de minute pour les deux manches gagnantes à deux joueurs donc maximum trois parties) mais également dans la mécanique pour que les plis restent intéressant à deux joueurs. En effet, sur un jeu de plis classique à deux joueurs, si toutes les cartes sont distribuées, il n'y a plus de surprises puisqu'on en déduit automatiquement le jeu adverse. Si toutes les cartes, à l'inverse, ne sont pas distribuées, un élément de surprise reste donc possible dans l'analyse du jeu adverse mais la part de chance redevient trop forte pour certains.Matthieu a coupé au milieu en partant d'un paquet de 28 cartes réparties comme suit : 4 familles (fond coloré pour le désert, montagne, prairie et terre) de 6 cartes numérotées de 1 à 6 ; 4 cartes sur fond de Ciel pour les Aigles au fonctionnement proche de l'atout.
Et c'est la répartition de ces cartes et donc de l'information qui en fait tout le premier intérêt :
Chaque joueur a dans sa main 6 cartes qu'il est donc seul à connaître. Mais il a également devant lui 4 cartes, face visible, qui cache 4 cartes, face cachée. En début de partie, chaque joueur connait donc 14 cartes sur 28 -> 10 cartes qu'il peut jouer : les 6 qu'il a en main et les 4 visibles devant lui et 4 cartes dévoilées devant son adversaire... De quoi déjà orienter son jeu et faire les premières déductions.Sur ces cartes, une couleur (terrain), un animal (avec sa valeur et sa capacité rappelée) ainsi qu'un nombre de couronnes (de -2 à +3) en fonction de l'animal. Et là, vient le deuxième intérêt : La double condition de fin de manche : Soit les quatre hyènes (valeur 4) sont gagnées par un seul joueur, auquel cas il PERD la manche ; soit tous les plis sont jouées et l'emporte celui qui comptabilise le plus de couronne.
Seulement, les hyènes, sans autre capacité que faire perdre si on obtient les quatre, ont trois couronnes, et ça, c'est attractif... Et comme le 4 est plutôt bien placé, on les gagne facilement. Le Serpent, "5", permettra de préparer le coup suivant puisque, lorsqu'elle est jouée, il "inactive" une carte adverse pour le prochain coup de votre adversaire. Parfait pour se sortir d'une embuscade à la hyène, justement... Mais il n'a qu'une couronne... Comme l'éléphant d'ailleurs, "6", qui se suffit à lui-même par sa valeur et n'a d'autre capacité... D'ailleurs, il est battu par la souris, "1", plutôt faible par ailleurs et attractive avec ses trois couronnes. Reste alors le rhinocéros, "2", qui renvoie une carte adverse sous une autre pile et le guépard, "3", qui permet d'être premier joueur pour le pli suivant, tous deux animaux à deux couronnes. Circularité et équilibrage bien vu entre capacité, valeur et couronnes.
On entame donc un pli, l'adversaire doit suivre à la couleur et couper (aigle) s'il ne le peut... Voir défausser une carte s'il n'a pas d'atout. Classique pour un jeu de plis ! Et bien non ! Parce que l'atout, l'aigle donc, de valeur de "7" à "10" pour quatre cartes, peuvent, à la discrétion du joueur qui coupe, soit "gagner le pli", soit "fuir", laissant l'adversaire gagner le pli et sa carte... Et le coupeur, récupérer dans sa défausse son atout... Et comme il y a des -1 couronne ou -2 couronnes... Et bien ça peut faire suer !Et voilà comment avec tout ça, on se retrouve devant un jeu très malin où l'on jauge, en fonction de son jeu, les deux conditions de victoire possible ; en poussant au crime sur les hyènes si l'adversaire s'envole sur les couronnes ; en gardant le plus possible sa main caché et en forçant l'adversaire à dévoiler ses cartes cachées en lui faisant jouer les cartes visibles pour gagner de l'information... Bref, retournement de situation, stratégie en entonnoir et petites tensions font que cet Awimbawe, loin du lionceau, est un bel et bon jeune lion. Et il n'est pas rare, une fois qu'une des joueuses ou joueurs a remporté les deux manches gagnantes du duel que son adversaire réclame sa revanche, puis la belle, puis le "on s'en r'fait une".
Du côté d'Explor8, c'est une bonne pioche pour une boite, petit format inhabituel chez cet éditeur, et comme c'est chouettement illustré par Aubane Rittano, il n'y a pratiquement plus aucune raison que vous ne fonciez pas l'essayer...
Pour ensuite chanter de plaisir, que ce soit avec la version Henri Salvador, Pow Wow ou Simba mais sans oublier Solomon Linda, l'auteur original de Mbube, premier titre de la non-moins célèbre chanson !
Ah ouiiiiiiiiiiiiiiii bam bam bawe !
Petite histoire d'Awimbawe chez Explor8
L'auteur, déjà connu de l'éditeur via un ami commun, se rencontre à Cannes pendant le FIJ autour d'un autre jeu à deux. Celui-ce n'est pas retenu mais de l'échange et la discussion arrive quelques mois plus tard un prototype dont Dim et Anne Cat, les explorateurs ludiques, discernent rapidement la possible petite pépite ludique.
Après quelques aller-retours et discussions avec l'auteur, hop, le travail de développement commence et les rois, reines, fous se métamorphosent en éléphant, souris, aigles. Entre légendes urbaines (la souris qui fait peur à l'éléphant), dessin animé (hypnotique serpent ou hyènes envahissantes) et capacités réelles ( rhinocéros fonceur, aigle observant sa proie haut avant de piquer ou d'y renoncer, rapidité du guépard), les animaux et leur capacité établis, il reste le titre.
Forcément, les recherches, afin d'évoquer à la fois la savane et le combat pour la succession, finissent par aboutir, même s'il y a transformation depuis Owimbohé, à l'évocation d'un Disney et de son Simba (qui veut dire lion en swahili, soit dit en passant).
Dimitri Perrier nous confie que, grand fan du "Low Poly" dont il avait fait réaliser une version de Civil War, moitié Iron Man-moitié Captain America, il avait conservé cette idée dés le départ quant à la direction artistique jusqu'à la couverture du jeu où l'on retrouve ce "moitié-moitié". Une fois Aubane embarquée, les premiers retours montrent que le style rejoint aussi bien les enfants que les adultes.
L'équipe d'Explor8 travaille également en collaboration avec Benoît Tonnelier d'Accessijeux afin de faire évoluer le jeu vers du "color blind", lui permettant de s'affranchir de la barrière des couleurs pour ceux qui y sont sensibles... Et voilà un jeu de plis familial et aux choix multiples où chaque joueur restera actif jusqu'au bout de la partie ! Un nouveau jeu pour un nouveau formal chez un éditeur qui marche au coup de coeur et explorant à fond le développement de ses jeux !
Merci à Dimitri et Anne Cat d'avoir répondu à nos questions !
Des éditeurs ravis :D