Carnet d’Illustratrice Baron Voodoo
Salut les joueuses, salut les joueurs !
Dans ce petit article je vais vous parler de mon travail sur les illustrations du jeu Baron Voodoo, sorti récemment chez Yoka by Tsume. Si vous avez envie d'avoir plus d'informations sur le développement du jeu par son auteur, Yann Dentil, vous pouvez lire ses Carnets d'auteur ici :
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J'ai été contactée en février 2019 par Cédric, éditeur chez Yoka, alors que le jeu avait déjà bien tourné en interne et qu'il était relativement abouti. À ce moment là, j'étais encore très prise par la réalisation des illustrations de Pharaon et nous avons commencé à discuter de l'univers du jeu trois mois avant que je ne puisse réellement commencer à travailler dessus.
Cédric avait repéré des images dont le style lui plaisait dans mon book et qu’il trouvait adaptées pour l’univers de ce jeu. Il s'agissait donc de reprendre quasiment tel quel ce type de traitement :
J'ai rencontré la team Yoka by Tsume au Festival des Jeux de Cannes, pour une petite réunion de travail. C'était évidemment très sympa pour mettre des visages sur les noms et mieux les connaître, mais également utile pour parler des petits ajustements graphiques qui étaient nécessaires à l’utilisation de ce type de visuels pour un jeu de société. Nous avons décidé de privilégier la bonne lisibilité des personnages sur le fond, pour éviter que le traitement graphique ne soit trop abstrait. Nous avons aussi parlé du concept de l'illustration de boîte, dans laquelle il faudrait que les différents personnages apparaissent, rejoints par le Baron Samedi en personne !
Suite à cette discussion, je suis allée à la Bibliothèque de Lyon pour emprunter quelques livres parlant du vaudou, afin de comprendre la religion, ses racines historiques et culturelles, et glaner des références graphiques.
Par exemple, dans le vaudou, les Lwas (c’est à dire les figures tutélaires, les représentants de Dieu en quelque sorte) ont certains attributs caractéristiques, certaines couleurs emblématiques, et ils symbolisent des choses précises (que je voulais respecter autant que possible).
Il a fallu ensuite faire une balance entre les impératifs culturels, qui respectent ce qu'est le vaudou, et l'image d'Épinal qu'on en a dans la pop culture, largement inspirée par le vaudou de la Nouvelle-Orléans.
J'ai pu commencer la réalisation concrète des images en mai 2019, et j'ai attaqué par le plateau d’une première Lwa : Mami Wata. J'ai soumis rapidement un premier croquis à Cédric, qui a été validé.Je suis ensuite passée à la mise en couleur. Je savais que le personnage de Mami Wata serait représenté par un dé jaune, j'ai donc privilégié des gros bijoux en or bien vif pour apporter cette couleur. J'ai ensuite un peu bloqué sur les autres couleurs, sachant qu'elle est traditionnellement vêtue d’une robe rouge, et qu'elle a des attributs marins, liés à l'eau (elle est souvent représentée sous forme de sirène). Je me suis retrouvée avec une illustration un peu trop bariolée et surtout qui ne respectait pas assez l'identité couleur du dé.Un petit coup de fil avec l'équipe, et notamment avec Vincent Joassin (qui s’est occupé de la partie graphisme de Baron Voodoo), a tout débloqué et m'a permis de me détacher des contraintes culturelles au profit du jeu. Et voilà Mama Wata avec ses couleurs définitives/retouchées :Je me suis ensuite occupée des autres personnages, d'abord avec les croquis puis avec leur mise en couleur. Vous pouvez noter la petite évolution de Papa Legba, qui avait un air du fameux Baron Samedi sur le premier dessin ;)
L'illustration de boîte
Enfin on a pu passer à la réalisation de la couverture du jeu ! J'ai repris le concept dont nous avions parlé pendant notre rendez-vous cannois, avec une composition symétrique et légèrement en V, qui attire l’œil vers le visage du Baron Samedi et le “sacralise”.
Je n'ai pas eu tellement d'hésitation sur le graphisme des personnages sur cette illustration, le croquis est venu de lui-même. Ce qui a plus posé question, c’est la mise en couleur: les plateaux des différents personnages ont chacun leur identité couleur forte, et composer quelque chose d'harmonieux avec ça n’a pas été si simple. C'était aussi la seule apparition du Baron Samedi, qui donne quand même son nom au jeu et qui devait être impressionnant.
Je suis donc passée par des teintes plus ou moins claires et différents dosages de couleur :
Jusqu'à parvenir à la version finale :
Petit bilan
Ce que je retiens de la création des images de Baron Voodoo, c'est surtout la belle fluidité avec laquelle tout s'est passé : de la négociation initiale aux allers-retours sur les croquis et les images, l’équipe Yoka by Tsume a toujours su m'apporter des réponses et de la réflexion. Merci à eux pour leur confiance et leur professionnalisme, et un remerciement tout particulier à Yann Dentil pour son très chouette jeu !