[Canvas]
Vous vous sentez l’âme d’un artiste peintre mais dès que vous prenez des pinceaux vous êtes à court d’inspiration ? Ou, comme moi, vous n’avez absolument aucun talent pour ce genre de chose ? Dans ce cas, Canvas est fait pour vous ! Il est issu d’un financement participatif qui s’est tenu avec succès en mai 2020 sur Kickstarter. Livré courant février chez les contributeurs, une version française devrait voir le jour à l’automne (information à confirmer, aucune communication officielle n’a encore été faite).
Chaque artiste peintre en devenir dispose de trois cartes sleevées qui représentent le fond de vos tableaux et dans lesquelles vous placerez des éléments de décor sur des cartes transparentes. Les joueurs ont également 4 jetons inspiration chacun. Au centre de la table se trouve un plateau de jeu en tissu sur lequel on place 4 objectifs ainsi que la pile de cartes transparentes (au préalable introduites dans un étui afin de cacher aux joueurs la prochaine). On en tire 5 qui seront disponibles à l’achat pour les joueurs.
Le flamboyant matériel de Canvas - crédit photo : Roadtoinfamygames
La mécanique de Canvas est extrêmement simple. Lors de son tour, un joueur peut soit prendre l’une des cartes transparentes disponibles (la première est gratuite, mais vous pouvez prendre n’importe quelle carte tant que vous placez un jeton inspiration sur chaque carte que vous sautez), soit peindre un tableau en plaçant 3 cartes transparentes dans un fond de tableau sleevé. Vous ne pouvez pas avoir plus de 5 cartes transparentes dans votre main. Par conséquent, si vous en avez déjà 5, vous êtes obligé de peindre un tableau. La partie se termine lorsque tous les joueurs ont peint leurs 3 tableaux. On compte alors les points.
Du coup, nous en arrivons au plus intéressant : comment marque-t-on des points dans Canvas ? Les points sont directement liés aux objectifs qui ont été tirés en début de partie et aux cartes transparentes. En effet, ces cartes présentent d’une illustration dans leur partie supérieure et des symboles dans leur partie inférieure. Ces symboles sont de 4 types différents, posés sur un fond coloré qui indique également leur position sur le tableau. Enfin, certaines cartes ont à la place une icône de bonus qui permet aux joueurs de marquer des points supplémentaires avec des rubans gris si cette icône est visible lors de la phase de peinture.
Car tout le sel du jeu va consister à remplir les objectifs en superposant vos cartes transparentes dans le tableau, mais vous ne pourrez marquer des points que pour les éléments visibles ! Les objectifs peuvent vous demander d’avoir un certain nombre de symboles sur vos peintures, qu’ils soient placés d’une certaine manière ou encore d’avoir toutes les couleurs. À chaque fois que vous réalisez un objectif dans l’une de vos peintures, vous prenez un ruban de la couleur correspondant à l’objectif (il peut donc arriver que vous en preniez plusieurs de la même couleur grâce à une seule peinture si vous avez rempli l’objectif plusieurs fois). Une fois vos trois peintures terminées, vous regardez pour chaque objectif combien de rubans à sa couleur vous possédez et gagnez le nombre de points correspondants. De plus, vous gagnez 2 points par ruban gris que vous possédez, et celui qui a le plus de points l’emporte.
Aperçu des différents objectifs - crédit photo : Roadtoinfamygames
Au niveau esthétique, Canvas est pour moi l’équivalent d’une bombe. Tout d’abord avec la boîte qui, tel un tableau, peut s’accrocher par l’arrière sur votre mur. Ensuite, avec le matériel : jetons inspiration en forme de palette, rubans aux formes et couleurs différentes, « plateau » de jeu constitué de tissu déroulable, livret de règles doux au toucher. Mais aussi les cartes fonds de tableaux colorées sur lesquelles les joueurs vont réellement créer une peinture bien à eux en ajoutant les trois transparents, avec parfois un résultat très réussi. Vous trouverez tout un tas de clins d’œil sur ces transparents qui vous feront sourire (comme Freddie Mercury déguisé en soubrette par exemple), et chacun comporte également un morceau de titre qui, une fois la peinture réalisée, le baptise d'un nom souvent poétique. Canvas donne vraiment l’impression que chaque élément du matériel a été pensé pour magnifier l’expérience de jeu. Un exemple tout bête : au dos de chaque carte objectif se trouve un paragraphe explicatif ou un exemple pour lever tout doute qui pourrait survenir sur comment l’interpréter. Alors oui, il n’y a rien d’extraordinaire, mais l’ensemble de ces éléments mis bout à bout font de Canvas une véritable œuvre d’art (jeu de mots avec le thème, vous suivez ?).
La mécanique est d’une simplicité enfantine. Le jeu s’installe en deux minutes et les règles s’expliquent en cinq. Une partie dure environ 20 minutes, de quoi avoir envie de les enchaîner ! Néanmoins, facilité d’apprentissage des règles et fluidité du jeu ne signifient pas que votre cerveau restera endormi ! Vous allez en effet beaucoup vous prendre la tête à essayer de combiner vos transparents pour avoir une œuvre qui réunira un maximum d’objectifs afin de ramasser une palanquée de points de victoire. Car récupérer les bonnes cartes transparentes pour coller aux objectifs ne sera pas compliqué, même s’il vous faudra bien surveiller votre réserve de jetons inspiration sous peine de vous retrouver sans autre choix que de prendre la première carte de la rivière, mais le jeu des superpositions de transparents afin de savoir quelles icônes seront apparentes va faire chauffer vos neurones !
Quelques œuvres... - crédit photo : Roadtoinfamygames
Les amateurs de jeu en solitaire apprécieront les deux variantes proposées, l’une avec un joueur fantôme et la seconde avec un système d’utilisation et d’acquisition des jetons inspiration différent du jeu à plusieurs. Des « scénarios » à base de combinaisons d’objectifs spécifiques sont également disponibles. Enfin, une dizaine de « réalisations » sont listées à la fin du livret et comportent des cases à colorier une fois l’objectif atteint (nombre de rubans à gagner avec une seule peinture ou score de l’auteur à battre par exemple).
Le financement participatif sur Kickstarter permettait l’achat optionnel de chevalets en bois pour poser vos cartes et d’une mini-extension à base de nouvelles cartes transparentes et de cartes « récompenses » qui sont une nouvelle manière de marquer des points en fin de partie si l’on remplit les conditions indiquées dessus. Ces extensions ne devraient malheureusement pas faire partie de l’édition française prévue pour l’automne (selon les informations dont je dispose à l’heure où j’écris ces lignes) mais qui sait, peut-être que le futur verra la création d’une extension qui permettra aux fans de compléter leur collection. En tout cas, si vous avez l'occasion de tester Canvas, foncez !
Fiche technique
Éditeur : Road to infamy games
Auteur : Jeffrey Chin et Andrew Nerger
Illustrateur : Luan Huynh
Nombre de joueurs : 1 à 5 joueurs
Âge : 14+
Durée : 30 minutes
Et pour rester dans l’ambiance : on écoute Paint it, black des Rolling Stones et on lit Le Chardonneret de Donna Tartt qui raconte l’histoire initiatique de Théo, un jeune garçon de 13 ans qui va parcourir l’Amérique en transportant avec lui une toile, Le Chardonneret, mystérieusement disparue d’un musée des années plus tôt.