Je me suis levé ce matin en me disant d’un air ensommeillé : « Tiens, si j’écrivais un article sur un jeu Filosofia ?.. ce n’est pas que ce soit les seuls jeux que j’aime ou que je pratique, mais écrire son premier article depuis Trictrac, c’est une première fois qui ne s’oublie pas… comme toute première fois ! Donc autant l’écrire sur un sujet où je me sens à l’aise, non ?
Par contre, qu’on se le dise, cela n’a rien à voir avec le fait d’être remercié dans les règles du jeu… non, rien de rien ! (Comme le chantait la petite, mais grande, Edith Piaf)
Et puis quoi de mieux que de commencer par le jeu à succès de Klaus Jürgen Wrede : le célèbre “Carcassonne” ?
- Un jeu multi-primé : Spiel des Jahres 2001, Deutcher Spiele Preis 2001, l’International Gamers Awards 2001 entre autres, excusez du peu !
- Un jeu qui s’est vendu à plus de 10 millions de boites ! Oui, extensions incluses, mais il faut avouer que, tout de même, ça commence à compter. Surtout quand 15 ans après, il continue à très bien se jouer et se vendre, ce qui est plus l’exception que la généralité dans notre microcosme ludique ;
- Un jeu avec une dizaine d’extensions et une dizaine de mini-extensions (même si cette élément peut être rédhibitoire pour certains) ;
- C’est tout de même le jeu qui introduit les meeples (prononcer mipeul), ces petites figurines de bois à la forme caractéristique qui envahira ensuite nos bons jeux à l’allemande ;
- Et même des produits dérivés qui vont de la peluche aux emporte-pièce à pâtisseries (ah ! le cochon…), de la lampe de poche aux moules (à glaçon, par exemple) ;
Vraiment, “Carcassonne”, c’est un monument !
Et si on rénovait la Tour Nord
Et c’est justement de ça dont il est question : Changer le monument !
Quoi ? Qu’entends-je ? Dans quel étagère ? Quelle est donc cette copie « chinoise » qui vient d’arriver sur mon bureau ? Où sont donc passé les illustrations naïves de Doris Matthäus (Ursuppe, Urland) ?..
Oui, les illustrations ont changées, et avec son consentement !
Oui, pour son quinzième anniversaire, Carcassonne quitte sa chrysalide et entame un nouveau cycle. Et ce ne sont pas moins de deux illustrateurs que nous retrouvons, comme le veut maintenant la tradition nouvelle chez Hans Im Glück, sur les côtés de la boite :
- Chris Quilliams pour la couverture. L’illustrateur qui travaille pour Filosofia et Zman Games montre une fois encore l’étendu de ses talents. Depuis Clash of Cultures, en passant par la collection Prestige (Parade, Tichu ou l’attendu Arboretum) jusqu’à Babel ou le prochain Lords of Scotland, ses illustrations font preuve de styles variés mais toujours, bien que ce soit question de goûts, de qualité.
- Anna Pätzke, quand à elle, est une illustratrice qui officie dans le jeu de société depuis 2010. Elle réalise ici un travail de « modernisation », de texture, sur les tuiles de Carcassonne leur donnant un cachet qui pourrait bien ouvrir la porte du jeu à un nouveau public, et c’est bien là le but recherché.
Attention, peinture fraiche !
Regardons de plus près cette couverture qui, dans un style plus policé que l’ancienne, propose une illustration en deux plans, séparée par une diagonale, qui contient tout ce qui fait le jeu.
D’un côté la ville fortifiée, génératrice de points dans le jeu, dans un ton plus foncée : Un voleur s’en échappe (autre aspect du jeu générateur de points sur les chemins), repéré par un chevalier (celui-là même qui vous assure la possession des villes susnommées) qui alerte les gardes. Enfin une princesse (peut-être celle de l’extension ?) nous regarde, spectateurs de la scène, où notre propre ombre dans le coin gauche nous invite à prendre la boite en main, l’ouvrir et jouer… toute une histoire !
à l’arrière-plan, un espace plus vif, plus aérien (ciel et colombes), où le paysage rural rappelle l’espace de jeu final d’une partie de Carcassonne. Nous apercevons l’abbaye, avant-dernier élément qui rapportent des points de victoire. Pour terminer, les paysans, bien que ceux-ci ne soient pas “couchés” comme ils peuvent l’être dans le jeu, dernier pan stratégique du jeu, paissent leurs moutons dans les prés.
Enfin la lettrine, qui reprend le classique dos des tuiles, se voit rehaussée de la couleur bleu foncée, royale presque, une des couleurs marquantes des nouvelles tuiles du jeu afin de renforcer la lisibilité de ces dernières.
Tout y est, bien vu Chris !
Les tuiles bénéficient également d’un traitement qui renforce les petites histoires à se raconter en les regardant : les fumées qui sortent des cheminées, les oies dans les villages, les voleurs qui attendent aux détours d’un chemin, les enclos à animaux, les étals des marchands en ville… tout cela est très bucolique, non ? Et de fait, très agréable, titillant l’envie de plonger dans le jeu.
D’autre part, les règles sont réécrites, faisant la part belle à une prise en main qui est presque une prise par la main : code couleurs ; textes exhaustifs et illustrations explicatives omniprésentes ; explications des paysans à part ; amènent à penser que tout est fait pour une accessibilité optimisée, surtout et principalement pour les nouveaux venus dans ce qui pourrait être appelé le « monde du jeu moderne ».
“Ce monument, quand le visite-t-on ?”
(“Cyrano de Bergerac”, Acte 1, scène 4 - Edmond Rostand - 1897)
L’extension “La Rivière” est toujours présente et, histoire de motiver davantage les connaisseurs, la mini-extension “L’Abbé” (et Sa Sainteté Mipeule II… enfin, Ses Saintetés… une dans chacune des cinq couleurs) vient, et ce n’est pas dénué d’intérêt bien au contraire, compléter le contenu :
Au côté des 7 tuiles contenant une abbaye, source généreuse de points de victoire, élément parfois décisif (mais aléatoire car soumis à la pioche) en tournoi et régulièrement soumis à la critique des joueurs connaisseurs, se trouvent maintenant 9 tuiles habituelles qui se sont vu adjoindre un jardin, carrés de simples médiévales (bien que j’ignorasse que le tournesol était une plante médicinale). Sa Sainteté Mipeule II ne peut être joué que sur les abbayes, comme un meeple classique, et sur les jardins justement, là où les autres meeples ne peuvent aller. Ces jardins sont évalués de la même façon que les abbayes, à savoir un point pour le jardin lui-même et un point pour chaque tuile environnante.
En augmentant le nombre de tuile qui fonctionne de la même façon, nous réduisons la probabilité que le même joueur les tire toutes.
Pour autant, le pouvoir de l’Abbé ne s’arrête pas là : si lors de votre tour, vous ne jouez pas de meeple, vous pouvez récupérer votre abbé et marquer autant de points que vaut l’abbé à ce moment là. Deuxième intérêt : ne plus être enterré sur une position qu’il sera difficile de compléter et d’évaluer.
Mais moi, j’ai les extensions de la première version ?
un anonyme, possesseur des extensions de la première version
Puisque le dos des tuiles est le même, le jeu reste 100% compatible avec toute la gamme. Les différences d’illustrations, une fois les tuiles mixées, ne sont pas choquantes, comme vous pouvez en juger par vous-même dans l’article cité ci-dessous. Bien sûr, les puristes préfèreront un jeu aux illustrations 100% identiques. Et là, pour l’instant, nous sommes encore dans l’expectative. Comme nous l’apprend cet article, les extensions, passées, présentes et futures, restent au catalogue en l’état… pour le moment.
► l’article (in english in the text) chez Z-Man Games
Ah oui, pour finir : Pourquoi cet article se trouve sur la page Z-Man Games ?
Et bien figurez-vous que cette “mise à jour” de Carcassonne est une initiative de F2Z Entertainment, localisateur du jeu en français et en anglais (à l’intérieur duquel se trouve donc Z-Man Games et Filosofia, entre autres) qui a été suivie et reprise par Hans Im Glück, l’éditeur original… amusant, n’est-il pas ?
carcassonne
Un jeu de Klaus-Jürgen Wrede
Illustré par Chris Quilliams, Anne Pätzke
Publié par Filosofia
2 à 5 joueurs
A partir de 7 ans
Langue de la règle: Non renseigné
Durée: 35 minutes
Prix: Non renseigné
[Arboretum][Babel][Carcassonne][Clash of Cultures][Lords of Scotland][Parade][Tichu][Urland][Ursuppe]