Bonjour ! Je m’appelle Jiahui Gao, aka Eva. Chargée des décors couleurs sur la série animée Abraca (après avoir travaillé sur la saison 3 de WAKFU), j’ai été contactée par Ankama Boardgames pour réaliser les illustrations de Kingdom Run.
Étant sur place, j’ai pu travailler directement avec l’équipe de Boardgames, ce qui a facilité les échanges. Romain, le coordinateur graphique, m’a présenté le jeu qui, à l’époque, se nommait Ewala (jeu de mots autour de la mécanique de base inspirée du jeu traditionnel africain awalé). L’univers était alors celui de la savane africaine mais il m’a expliqué que ce thème s’intégrait mal aux univers d’Ankama, et que la décision avait été prise d’adapter ce jeu de course à un univers magique de contes peuplé de sorcières, de chevaliers et autres gobelins, tout en restant léger et accessible par tous.
Je devais créer les coureurs et la piste de course.
Mes outils principaux sont Photoshop et une tablette Cintiq.
Le processus de création est simple : avant toute chose, je consulte les références données par l’équipe pour m’inspirer, je digère ces influences en y intégrant les miennes (la sorcière, par exemple, doit beaucoup au manga Little Witch Academia), puis je passe à la phase de croquis.
Premières recherches sur les personnages :
Nous avons beaucoup échangé avec Romain pour avoir une unité entre tous les coureurs.
Il était important qu’on sente bien qu’ils viennent tous du même univers.
Au final, nous nous sommes fixés sur mon style en nous éloignant de toutes les références.
J’ai d’abord orienté mes recherches en privilégiant des profils et des postures dynamiques, car il avait été envisagé d’utiliser des silhouettes en guise de pions.
Du croquis à la couleur :
Mais ça s’est avéré assez peu lisible lors des tests auprès du public. Nous avons donc décidé d’utiliser des pions en bois sur lesquels sont collées des pastilles imprimées et j’ai recentré mon travail sur les visages. Ils répondent notamment à la nécessité que chaque personnage ait un caractère identifiable : le renard taquin, la sorcière qui se marre et qui se fiche de tout, le gobelin complètement dans son petit monde, et le chevalier effronté et déterminé.
Les personnages sur les pions :
C’était un peu décevant de ne garder que la tête, mais les illus en pied ont finalement été intégrées dans les règles.
À partir de l’univers du jeu et des coureurs (chevalier, sorcière, peuples de la forêt et gobelin), j’ai travaillé sur les tuiles thématiques pour le plateau. Au départ, chaque coureur avait son univers et sa tuile. Mais on s’est rendu compte que cela manquait de lisibilité, et que le chemin, qui est un élément central, n’était pas assez apparent. Ça a d’ailleurs aussi été un des points soulevés par le public lors des sessions de présentation des prototypes. J’en ai tenu compte et j’ai finalement épuré le décor, en conservant quelques éléments clés qui évoquent l’univers des contes. Il y a eu un gros travail sur la couleur du chemin pour le rendre le plus lisible possible, et j’ai aussi passé beaucoup de temps à créer des connexions entre toutes les tuiles pour que l’on puisse configurer n’importe quel chemin et que les plateaux se connectent tout de même naturellement. Pour l’anecdote, je me suis pas mal inspirée du MMO DOFUS pour ce plateau.
Le plateau mis en place :
À partir d’un brief très précis de Romain et d’un gabarit comportant les logos, j’ai fait différentes propositions pour la boîte. Celle qu’on a retenue répond bien aux critères : il fallait donner une dynamique puisqu’il s’agit d’une course, et montrer clairement le chemin et le château.
Premier croquis de la couverture :
Version finale de la couverture :
Je suis ravie de cette première expérience d’illustratrice de jeu de plateau, parce qu’on a travaillé main dans la main avec l’idée de mettre en avant de beaux visuels. J’ai aussi apprécié les conditions matérielles, puisque j’étais installée au sein de l’équipe, donc en contact permanent : le circuit des retours, corrections et validations était extrêmement rapide. En plus, ça m’a permis de participer à des soirées de présentation au public et d’avoir des retours en direct. Ça a été de bons moments.