[Agricola - Edition révisée][Caverna]
« Caverna » c’est le petit nom du dernier gros Uwe Rosenberg . Gros oui. Je ne connais pas exactement le poids de la boîte mais avec ses centaines de Mipeules en bois et plastique, ses 16 plateaux de jeu, ses centaines de pions et jetons, cartes et autres accessoires, le jeu à l’allemande peu désormais concurrencer les mastodontes ludiques de l’améritrash et ses fameuses boîtes cercueils (qui ont d’ailleurs disparues depuis peu).
Uwe Rosenberg est un grand monsieur. Nous l’avons déjà dit, nous le rediront. Il a créé un monument ludique nommé « Agricola » (multi récompensé) qui est devenu un des symboles de l’Eurogame dans sa tendance à l’allemande avec de la gestion et son petit plateau pour se développer chacun dans son coin dans une course fratricide au développement d’une ferme.
On aurait pu croire que les joueurs auraient pu être rebuté par ce thème rural. Pas évident de rêver à un sur-soi jonglant avec légumes, céréales, moutons ou bœufs face à l’adversité ne pas pouvoir construire un four à pain.
C’est sans compter sur le challenge intellectuel proposé par la pléthore d’opportunités permettant de faire fructifier ses affaires agricoles. C’est cette richesse de stratégies qui a fait le succès mérité de ce jeu de gestion qui se destine d’emblée à des joueurs un peu expérimentés.
C’est en buvant un verre avec Uwe que je lui confiais un de mes désarrois personnels qui concernait son jeu. Un sentiment de vertige existentiel m’affectait tandis que je jouais à « Agricola ». Un vertige similaire à celui que j’éprouvais en jouant aux « Sims », une sorte d’indifférenciation philosophique quasi Camusienne. Imaginez donc. Une vie, un monde, notre monde réduit à ses mécanismes les plus triviaux dont l’ultime issue est de surmonter les vicissitudes mécaniques dénuées complètement de rêves, d’espoir, d’amour et d’illusions.
Je suis Sisyphe poussant son rocher dans le seul but de marquer plus de points en escaladant la montagne tandis que je vis avec un cochon en essayant de faire des mômes pour gagner de nouveaux bras aux champs tandis que je dois impérativement organiser une fête entre mes envies de déféquer et celui d’avoir assez de sommeil pour aller bosser demain afin d’avoir une augmentation me permettant d’acheter une plus grosse télévision accroissant ainsi mon score de loisir qui m’évitera le suicide bien que cela me permettrait de me créer un nouvel avatar mais il faut aussi que je pense à tous ces champs en friche qui vont me valoir de mauvais points à moment du bilan de ma vie pourtant si remplie. Ouf ! Bref une expérience du vide cosmique dans une course à la productivité.
Fort de ces propos somme toute édifiants, je vis le visage sidéré d’Uwe qui venait prendre conscience du vide philosophique induit par un simple jeu de société d’apparence inoffensive. Quasi défait par cette nouvelle vision, il me prit le bras en me demandant les yeux humides comment pouvait-on faire pour insuffler un peu d’espoir chez les jeunes joueurs amoureux du labourage et du pâturage qui furent autrefois les belles loches de notre pays mais pas seulement.
« Ècoute Uwe, j’ai bien une idée mais pas sûr que cela te convienne… Tu as déjà envisagé de faire un truc avec des nains et des pépites ? ».
Et voilà cher ami(e)s joueur (euses) comment et pourquoi vous allez pouvoir découvrir « Caverna » au prochain salon d’Essen et en français s’il vous plait grâce au bon soins de nos amis québécois de Filosofia.
Préparez-vous à du lourd à tous les points de vue.
« Caverna » c’est bien un reboot de « Agricola ». Enfin un reboot… Un méga-Agricola devrais-je dire destiné aux joueurs exigeants.
Le jeu reprend donc les mêmes mécanismes mais en ajoute de nouveaux qui vont donc démultiplier encore plus ceux déjà présents dans la précédente version.
Cette fois nous prenons le contrôle d’une tribu naine constituée à l’origine d’une môman et d’un papa mais qui vont très vite fonder une famille profitant des rares moments d’intimité que va leur laisser les travaux des champs et de la mine. De la mine ? Bien entendu. On parle de nains je vous le rappelle !
D’un côté la forêt que vous allez ravager avec joie pour montrer votre pouvoir sur la nature sauvage et de l’autre côté la mine que vous allez faire pareil mais avec la montagne.
Parmi les nouveautés vous découvrirez combien les chiens Mipeules sont gentils pratiques mais pas consommables enfin par des nains… Pour convaincre les femmes que l’amour est dans le pré, Uwe a ajouté des ânes. Irrésistibles et bien pratiques dans la mine.
Vous découvrirez également combien il est bon de découvrir des rubis dans les obscurités des cavernes de la montagne parce qu’on peut ensuite les utiliser pour plein de choses. Et enfin sachez que les nains, ces êtres beaux et sublimes aiment aussi les aventures épiques. Pour cela, ils forgeront des armes avec du charbon qui leur permettront d’aller faire des quêtes et même y gagner de l’expérience !
Vous savez tout ou presque
« Caverna »
Un « Agricola » nanomultivitaminé de Uwe Rosenberg
Illustré par Klemens Franz
Publié chez Lookout et Filosofia
Distribution : Asmodee (France)
Pour 1 à 7 joueurs dès 12 ans
Public : Connaisseurs
Durée : 30 min par participant
Prix : 70€
Disponible : Essen 2013 Octobre 2013
Langue : Français