@Lalala : “En gros tu vend un produit à des gens à qui tu ne permet pas de l’acheter”.
C’est… Pour ne pas utiliser des mots qui fâchent de trop, particulièrement mal dit.
Je me serais permis d’user d’autre qualificatifs, je t’explique pourquoi : car aucune boite dans le secteur du divertissement (du luxe, si tu préfère) au monde dans l’histoire de l’humanité ne peut vendre à des clients qui n’en ont pas les moyens. Elle ne peut même pas “commencer de le faire, mettre en place un système et se planter”, elle se plante avant même la première vente.
Je vois bien ce que tu veux dire, mais c’est un argument critique qui est utilisé quand un secteur a équilibré ses tensions financières fabrication-production-distribution-vente, et qu’un intermédiaire type uber viens se caler au milieu et dire “ok, moi je sais mettre en adéquation temps réel la demande et l’offre”. Deux choses.
Petit a : “temps réel” et KS, c’est pas vraiment le constat des mecs qui ont back HQ25 (si j’étais perfide, et je ne résiste pas à l’appel du Banga, je dirais même que “réel” et “HQ25” peuvent faire sourire dans la même phrase).
Chose suivante : le milieu actuel fait peser ses tensions sur le milieu productif. Être auteur, dessinateur, ce n’est pas être riche, c’est être d’abord glorieux : “mais toi, tu fait ça par passion, n’est ce pas ?”.
Tu souhaite ne pas parler de morale, et oh combien on peut te comprendre !
Un jeu de fig en boutique est un produit de luxe. Un jeu de fig sur KS est un produit cher, exclusif, probablement, mais globalement beaucoup moins “de luxe” qu’en boutique. 30% vous disiez un peu tous, mais vous ne comptez pas les fdp.
“Ce qui me dérange, c’est qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, il s’agit d’utiliser au maximum les outils ultra-libéraux disponibles, alors que leurs effets délétères sur la société sont connus et mènent dans le mur” : c’est valable à partir du moment où ta production est en concurrence dans les circuits de distribution dont tu parle : ayant vu Conan en boutique, te l’ai tu offert, ou bien, comme 98% d’entre nous, t’es tu entendu dire “ok, mais autant d’argent pour un jeu… Bon…”. Exemplaire de Conan qui a peut-être fait un retour distributeur pour être balancé au pilon (ça coute cher en espace de stockage, une grosse boite comme ça, le pilon, c’est “prendre une perte” mais arrêter une hémorragie.).
Autre chose que j’explique bien plus bas : je pense que tu sous-estime les effets délétères du recentrage vers le grand public du principal distributeur de js, pour les boutiques de js SPECIALISEES (je ne crie pas, mais on ne peux pas souligner).
Il n’y a plus de jeux de fig en boutique (et s’il y a avait du souligné gras dans les com de news, je le soulignerais gras), hors FFG qui mutualise ses risques avec 60 bouts de carton à 15 boules et ses réédition toute les 2 ans, ou GW qui impose ses conditions de vente et ses réédition tout les 2 ans. Tu réfléchi années 2000, désolé.
ET ENCORE tu va trouver des jeux de fig “des fois”. Moi je fais du jeu de rôles, monde dans lequel “les mecs qui se font payer deux cacahuètes au lance-pierre sont des grands bourgeois”, et sans internet mon monde est mort ! Est tu en train de reprocher que payer ses auteurs c’est mal ? A ne plus payer ses auteurs, c’est le monde du jdr qui vit sous perfusion !
Pour une boutique, aujourd’hui, proposer du jdr, c’est une démarche MILITANTE. Ils prennent moins que KS en marge - ce qui fait que KS n’est pas un endroit où tu trouve, contrairement à ce qu’on peut penser, beaucoup de projets indépendants ou artisans, mais beaucoup plus de projet industriels (Donj, AdC, etc). Dans le monde du jdr, payer 10% à un type pour qu’il vende ton livre, c’est encore trop cher, on est encore plus “dans le AmzonUber-mââl libertarien absolu”, on est ok (c’est à dire, on arrive à se payer un petit smic, mais pas horaire, hein LOL) dans le print on demand…
Pourquoi ? Parce que l’artiste ne vit pas d’amour et d’eau fraiche. Il a crevé ton auteur de jeu de rôle. Scorbut, ou malnutrition, ou probablement par strangulation accidentelle au moyen de la cravate qu’il a du mal à nouer chaque matin depuis qu’il est forcé d’aller au bureau avec le monsieur moustachu qui ne sait pas ce qu’est un dé 6.
Et c’est 100% TOUT A FAIT le beau modèle que tu défends qui lui a construit son cercueil.
Alors asmodée et les boutiques, c’est bien, mais la tension économique part pas vers le client, ni vers les boutiques ni vers les distributeurs, ni vers la fabrication. Du coup, c’est triple ration de cacahuete pour les artistes. Cite moi un illustrateur connu pour du jeu de rôles en 2018 : ils ont tous fuit. Et je ne te parle pas des auteurs, qui font ça par pure passion artistique (exemple un peu extrême: démarche de Thomas Munier, pour résumer “je fais ça h24, et tu paye ou pas, je préfère bien sur quand tu paye, mais si tu paye pas, on s’en fout vraiment”. On est dans une démarche atypique, mais qui n’est pas unique dans ce secteur : un auteur de jdr aujourd’hui travaille entre 60% et 100% de son temps gratuitement. et aujourd’hui, comme dans les années 90, seule une poignée d’auteurs en vivent exclusivement – en fait j’en compte deux ou trois, probablement pas tous à 1000€ par mois).
RESULTAT : ton beau modèle équitable est lui aussi problématique, dès qu’il s’agit de produire un peu plus de travail qu’une réédition d’un jeu connu.
On peut faire un petit concours si tu veux : tu me donne une seconde édition d’un jeu sur KS, et moi je te donne une seconde édition d’un jeu circuit tradi (il suffit d’ouvrir oh tiens comme par hasard, le catalogue de FFG et GW). On pourra voir ainsi quel secteur est plus porteur pour la création pure, et quel secteur est plus porteur pour du job de commercial. Quel secteur où les 2nde éditions sont motivé par une demande de la clientèle et quel secteur pousse des 2nde éditions sans raison autre que commerciale.
Ou bien on pourrait comparer la masse salariale créative et la masse salariale commerciale ou administrative sur des boite type KS ou tradi.
Y a pas photo. Tu me dira CMON, je te répondrais FFG. Et tu sera surement ennuyé pour me trouver beaucoup plus d’exemples qui font système, alors qu’on va pouvoir trouver des kilomètres de rééditions non motivées dans le monde tradi, parce que ça a un sens économique dans un système tradi qui ne paye pas bien ses auteurs.
Et désolé de préférer être à tes yeux une espèce de sous-sataniste-capitaliste-libertarien qui préfère filer la plus grosse partie de son fric sans doute mal gagné aux notables grands bourgeois que sont ces auteurs, ces prospères dessinateurs, et parfois même à ces nantis de sculpteurs et de temps en temps, à ces privilégiés de peintres.
Et à la Poste, cette société du mal, plutôt qu’à Asmodee, qui a toute vertu dans ce beau et idéal système actuel (Asmodee, ce repère d’altermondialistes pouilleux mais sympathiques, dont le dernier réflexe à l’endroit du jdr, a été de bouffer Descartes puis bazarder ses branches jdr alors qu’ils en sont pour ainsi dire nés - Siroz - INS - Prince-Démon du jeu avec un é, tout ça tout ça - sourcé, au passage, merci à la modération si elle étudie mon cas).
Je ne sous-entends rien : le jdr est roi des couts de production, tu ne pourra pas payer un auteur de jdr sur le temps de conception, c’est impossible. Résultat, on les paye même pas - ce qui n’a jamais été spécifique à Siroz et qui, pour ne pas lui jeter la pierre, était même à l’époque plutôt vertueuse “dans la mesure du possible”. Mais c’est un standard depuis 40 ans - ça dissuade les pécores et ça autorise ou les auteurs carpettes, ou le génie (mais pas cher, le génie stp).
Avec internet, les pécores se remettent à parler.
Quel modèle de financement pour sortir de ça ? En musique, retour au début XXième, du pur mécénat.
Pourquoi : le mécène est ton éditeur tout pareil que ta major, puisqu’il représente ta demande et toi l’offre. Sauf qu’il est fan, sinon il donne ses ronds au naze d’en face. Donc il est complaisant, et tu es plus libre de créer qu’avec un gars qui vient compter le nombre de fuck que tu raconte dans tes paroles pour savoir s’il peux vendre ça dans le rayon mamie-bébé en placement de produit à coté du rayon couches (ici, le nombre de pions que tu met dans la boite).
Qu’est ce qui est le plus proche en 2018 du mécénariat ? hum-hum, il parait qu’il y a un site musical qui à commencé avec un truc tiens, et ces espèces de néobab l’an 2000, ces vieux cons de gauchistes idéalistes, juste pour fuir les majors, ont inventé un truc, une sorte de mécénat 2-dot-point-zéro, tu va rire, ça s’appelle le financement participatif… “MyMajorCompagny” qu’y disent !
Quelle belle bande de bobo ! Euh, nan pardon, quel belle bande d’enculé de capitaliste ! Punaise, je sais plus !
Dans le monde du jeu, Asmodee, c’est pas une major. C’est LA major.
Tu ne peux pas tout à fait t’embrouiller avec eux, puis espérer que tes jeux vont pouvoir être vendus sans modifications et/ou problèmes dans les boutiques (parallèle, ta musique en radio - créneau de 1h du mat pleine semaine, tu vois, on est sympa on te fait de la place, aller tu peux vendre tes 17 disques, c’est sympa, non ? Tu peux nous écrire une chanson mais on ne dira pas que t’es l’auteur, comme ça pas d’embrouilles ?) 
Et comme le cout de fabrication/production est bien un nid à embrouilles avec eux, puisqu’ils estiment avoir des droits édito sur ta prod, oh tiens, comme par hasard, qui retrouve t’on sur des modèles de mécénariat-moderne-aka-j’aime-pas-trop-trop-quand-les-majors-elle-me-disent-qu’il-veulent-pas-distrib-mon-jeu-pas-très-grand-public ? Tout les jeux de fig, et les projets indus de jdr ! 
C’est à dire tout les jeux de niches. Asmodée ne veut pas voir constituer le coeur de son catalogue par ses jeux là. ils en souhaite, mais pas trop.
On a compris, à force de bazarder le jdr, le jeu de niche ou de fig de ton catalogue, de faire des oeillades aux grande surfaces, que le sort des boutiques, sans oeuvrer de manière active à sa perte, qu’ils ne sont pas là pour veiller à la pérennité au long terme des boutiques. Il faut pas les accuser de tout, mais il ne faut pas les mettre sur un piédestal non plus. Si la grande distribution vient leur dire “je te paye ce que tu gagne en petite boutique si tu ferme le détail”, vu les couts de log, ça ferme demain (bon, ok, d’abord, ils essayent de racheter Carrefour avant, ils savent se défendre un peu mieux que ça quand même :D).
Tu écarte de la main et ne réfléchi enfin pas à qui tu donne l’argent que tu économise sur KS : ce sujet n’est pas futile.
Content que tu aime ton travail et que tu prenne du temps sur tes vacances pour le dire mais je trouve ce passage inutile. 36 15 ma life: mon patron me doit 88 jours de congés payés - aussi, si je te dois une heure de vacance, tu me dois une demi-heure de boulot ce matin, et une demi-heure de boulot ce soir, on va pouvoir s’arranger - si, si, si, Lalala, je sens qu’on s’aime d’amour vrai ! En plus le sujet de mes études a tout pour te plaire ! (robotique, un métier d’avenir - mais pas en europe !
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