Colori vs Dobble

La loi sur la propriété intellectuelle est très claire là-dessus : une idée, quelle qu'elle soit, n'est pas sujette à la propriété intellectuelle, seule sa mise en oeuvre concrète l'est!

Autrement dit, si une même idée est utilisée dans deux jeux suffisamment différents, il n'y a aucune infraction à la propriété intellectuelle!

C'est pour ça que les héros de romans policier comme Hercule Poirot, Maigret... ne se plagient pas mutuellement : l'idée est la même mais la mise en oeuvre est bien différente!

Le problème n'est pas légal, il est moral. La loi, dans un milieu honnête, tout le monde s'en fout.

Donc, il y a un problème, assez complexe. Pour moi, les cinq "petits jeux" de Dobble sont ce qui fait réellement le jeu, et le rendent donc vraiment différent de Colori ou d'autres, mais je reconnais que ça peut se discuter. Asmodée n'est pas en tort, qui a récupéré un jeu déjà publié. Les auteurs de Dobble, ou l'éditeur inital, Play Factory, auraient sans doute dû enquêter un peu pour savoir si un tel jeu existait, et peut-être proposer une part des royalties à Reinhardt Staupe, mais il n'était pas évident de débusquer Colori, mais je me vois mal leur reprocher de n'avoir pas su ce que je ne savais pas.

En effet, quand j'ai joué à Dobble, j'y ai vu un jeu vraiment original, car j'ignorais l'existence de Colori. C'est pourtant à moi que certains éditeurs ou auteurs téléphonent parfois pour savoir si "ce truc là n'existe pas déjà…'. S'ils l'avaient fait pour Dobble, j'aurais répondu "je ne pense pas".

Le problème Dobble/Colori est exactement le même que celui de Timeline / Anno Domini, où là aussi auteur et éditeur sont d'une totale bonne foi. Là aussi, la règle diffère un peu, et le packaging beaucoup, mais le principe de base est le même.

On pourrait sans mal trouver encore d'autres exemples, surtout pour des jeux d'observation, de réflexes, de rapidité, aux règles simples et souvent basés sur une seule idée.

Ces situations sont inconfortables, on fait ce que l'on peut pour les éviter, mais même avec la meilleure volonté du monde, on n'y parvient pas toujours.

Il m'est arrivé déjà à trois reprises - j'en oublie peut-être d'autres - d'inventer des jeux qui existaient déjà presque à l'identique. Curieusement, deux fois sur trois, il s'agissait de jeux de Urs Hostettler - Anno Domini, encore lui, et Ein Solches Dinge. Dans ces deux cas, je m'en suis aperçu suffisamment tôt pour arrêter le développement de mon jeu. La troisième fois, il s'agissait de China Moon, dont le principe de base était le même que celui d'Elefanten Parade. Là, j'ai jugé que mon jeu était suffisamment avancé et suffisamment différent pour le conserver, mais j'ai - peut-être un peu hypocritement - modifié les règles de déplacement pour m'éloigner un peu plus d'Elefanten Parade.

Bref, plus il y a d'auteurs de jeux, plus il y a de jeux publiés, plus ce genre de situations va se produire fréquemment. Ce n'est sans doute pas à la loi de dire ce qu'il faut faire, c'est aux éditeurs et aux auteurs de trouver un modus vivendi permettant d'éviter les rancœurs.

Encore plus ambigu : Il y a deux semaines, j'ai présenté un jeu à un éditeur qui m'a répondu… qu'un autre auteur lui avait présenté quasiment le même quelques jours plus tôt! Que faire?

j'ai envie d'ajouter (pour pinailler) qu'outre le fait que Dobble présente plusieurs mini-jeux qui suffisent à le différencier de Colori, dans ce genre de jeu, le graphisme fait aussi parti du mécanisme (ainsi que le nombre de symboles par carte si on veut pousser le bouchon un peu loin) et là les partis pris sont clairement différents.

Enfin je rejoins la conclusion d'olive20.

Bon :) Il y a eu un aspect très polémique, dans cette histoire. En fait, pire que ça mais ce n'est pas l'objet immédiat.

Je n'ai pas souhaité rentrer dans cette logique, mais au moins la désamorcer par une réponse sur le site des prestigieux auteurs allemands (SAZ) Mais il me refuse absolument un droit de réponse, pourtant élémentaire. Quelque soit le ton utilisé et les évidences flagrantes. L'argument ultime étant que Mr Staupe est leur ami (si, si!) et que sa vie privée est... bien compliquée. Certes, sans doute.

Mais dans ce cas... on peut sous-entendre à tue-tête qu'il y a plagiat, le faire formaliser par des tiers, et ne jamais rien corriger. Les choses restent cependant très simples, malgré des apparences tronquées et mystificatrices.

a/ Le mécanisme de Dobble n'appartient pas à M. Staupe (il remonte au 17ème siècle en France - cocorico :).

b/ L'affirmation d'identité des jeux dans le document de M. Staupe est sciemment mensongère - ce n'est pas même une intersection d'ailleurs, mais une projection qui se prouve d'elle-même invalide. Une neuvième carte existante incompatible avec Dobble a été cachée. Vérifiez-le face à Dobble, c'est drôle (que ce soit depuis la "logique" prétendue à 8 figures, ou depuis le jeu réel où les relations de la neuvième carte existent)

c/ Ca s'explique simplement: le modèle de Kunterbunt à 15 figures est mathématiquement incompatible, et de manière absolue avec Dobble. De là à Dobble, il y a moins de chances que de gagner à pile ou face... moins que trois fois de suite au loto, etc. On parle d'un zéro absolu. Deux choses de nature différente, étrangères, incompatibles, s'excluant. Impossible totalement de générer un Dobble depuis Kunterbunt - ce qui n'interdit pas les délires psychiatriques ou délinquants bien sûr.

d/ On trouve une conséquence amusante du tout dans les règles de Kunterbunt, où il suffit de perdre une carte pour que le jeu soit mort. Faites le test avec Dobble: enlevez des cartes.

e/ Si je continue, cela devient très désagréable pour le "fort respectueux" M. Staupe... parce que pour arriver à faire croire à un plagiat, il a fallu qu'il use sciemment d'artifices, de relations, etc. Ouf, l'intox est totalement réversible, c'est l'avantage inaliénable d'éléments mathématiques absolus. Mais comme SAZ ne veut pas savoir, c'est ennuyeux.

Je n'ai vu qu'une seule personne piétiner les valeurs invoquées du monde du jeu, mais on peut les prendre une par une, c'est rigolo en termes de boomerang. Reste que SAZ étonne de partialité obstinée, d'absence de vérification ou même de prise de contact, etc, jusqu'à la négation d'un droit de réponse élémentaire. Moi qui suis germanophile, j'en reste baba.

Pour l'anecdote, j'invite tout de même le rédacteur de cet article à bâtir Dobble sur le papier en "quelques tableaux" :) Good luck. Il a fallu bien des semaines à Mr Staupe pour y arriver et son résultat est naturellement... incompatible avec la méthode qu'il avait présentée initialement, et inapplicable à Kunterbunt. C'est fatal. Zut.

Si vous le souhaitez j'aurai grand plaisir à démontrer tout ça en 5 mn sur votre belle télé. Mais ce serait sympa que docteur Mops conçoive que l'auteur de Dobble a droit à l'estime de soi

Denis Blanchot

PS: Côté fun, la méthode finale de constitution d'un Dobble intégral par Mr Staupe vaut vraiment son pesant d'hallucinogènes. Prêts à écrire au marqueur sur les cartes?

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