Autant le dire d’emblée il est quasiment impossible d’inventer un jeu sans s’inspirer de ce qui existe déjà, même si cela ne représente qu’une part mineure dans l’ensemble du jeu créé. Dans le domaine de l’écriture il est courant de dire qu’il existe qu’un nombre réduits de types d’histoires. Pourtant en temps que créateur nous pensons toujours (surtout lorsque l’on débute) que notre idée est la meilleure du monde et que c’est du jamais vu. Tout ceci avant de se rendre compte, au détour d’une rencontre ludique, qu’un même style de jeu existe, voir même pire, un jeu totalement similaire et déjà publié. Détruisant alors notre moral et notre motivation. A partir de ce moment là, il est alors courant que le créateur baisse les bras et délaisse son projet. Et c’est une erreur !
Il est également fréquent de vouloir partir d’un jeu que l’on aime, en voulant l’améliorer sur certains points. Cela part d’une bonne intention certes, mais encore faut il que vos idées puissent apporter un vrai plus original, et ne reste pas une simple variante du jeu initial.
Le sentiment d’être dans une impasse arrive donc au galop. D’un côté il n’existe que peu de jeux originaux et sans précédents, et de l’autre lorsque l’on s’inspire d’un autre jeu il faut faire attention à ne pas le copier, en créant simplement une variante de notre modèle. La réponse à cette interrogation est donc : s’inspirer oui, mais intelligemment, en ne gardant que les bonnes idées, et non l’ensemble de la chose, et en n’hésitant pas à faire un peu d’alchimie.
On peut très bien adorer l’idée de cartes au double effet de « The race for the galaxy » sans pour autant créer un jeu se déroulant dans l’espace ou ayant pour but de construire un grand empire galactique.
Pour illustrer cette idée voici un premier exemple concret assez simple. Tout le monde connait le Puissance 4, ce jeu où le but est de réussir à aligner 4 pions de sa couleur (rouge ou jaune). Si l’on regarde de plus prêt ce jeu n’est autre qu’un ersatz du morpion. Pourtant avec son plateau verticale et plus grand que le 3×3 du morpion, le puissance 4 est plus intéressant que ce dernier. Il a su en prendre le principe tout en apportant une nouveauté.
Rien à ajouter tout le monde connait
Le puissance 4 à alors été repris a son tour, pour un autre à 2 joueurs, un excellent jeu de réflexion j’ai nommé Quarto. Le principe reste le même on doit aligner quatre pions identiques (dans la forme, la taille, la couleur ou le relief), sur un plateau de 4×4. Mais là où Quarto devient original et excellent c’est dans l’ajout de ses deux règles fondamentales. Bien que les pions soient de deux couleurs différentes, ils n’appartiennent à personnes, de plus ce n’est pas vous qui choisissez le pion que vous allez jouer mais votre adversaire. Ces deux idées changent totalement la donne, transformant le jeu de morpion en un jeu palpitant et très stratégique.
Un habitué du blog : Quarto
Il existe bien entendu beaucoup d’autres exemples comme Gobblet ! où le but est d’aligner 4 Gobblets à sa couleur, verticalement, horizontalement ou en diagonale. Pourtant malgré ce but simple, le jeu ne manque pas d’être fort intéressant grâce à son système « d’emboitage ».
Gobblet ! Un autre « match 4″
Partant sur le même principe, laissez moi encore une fois, citer le jeu Papillons, où le but est de réussir à aligner 4 papillons soit de même forme soit de même couleur, selon les cartes (couleur et forme) qui vous ont été donné au départ. Ici la saveur du jeu est dans le fait de devoir deviner le papillon de l’autre, et de réussir en même temps à aligner le sien. Pourtant au départ nous sommes bien face à un jeu de type Puissance 4. Et cela ne dérange personne, car le jeu ne manque pas d’être très agréable.
Dans le même style (jeu de cartes à plat), il existe Okiya où le but est d’être le premier à réaliser une ligne ou un carré de quatre cartes identiques, ou d’empêcher son adversaire de jouer. On est encore face à une copie de Puissance 4, et il n’y a aucune honte à ça.
Okiya, encore le même principe mais avec des cartes
Dans ces exemples, au-delà des ingénieuses idées qui ont été développés, c’est également le thème employé (ou non d’ailleurs) qui a fait la différence. Passant du jeu abstrait en bois, à de jolis papillons ou encore à un univers japonisant dont les cartes rappelle fortement les cartes Hanafuda de Nintendo (car oui avant de faire des jeux vidéo, Nintendo faisait des cartes).
Moins connus chez nous les cartes Hanafuda
Bien entendu il existe d’autres jeux qui utilisent ce principe, comme le Uno qui est une copie du huit Américain. Le uno qui a été depuis copié, mais surtout réinventé à maintes reprises. Jungle Spped aussi a été le précurseur de nouveaux jeux où l’observation est maître, je pense notamment au jeu de cartes « Caméléon » qui reprend le même principe, mais plus pour enfants. Il en existe beaucoup d’autres. Les exemples sont forts nombreux.
N’oublions pas Uno, copié du 8 américain.
J’espère avoir réussi, avec ces quelques exemples, à vous prouver ou tout du moins réussi à vous convaincre que l’on peut très bien « copier » un jeu, sans pour autant le voler honteusement simplement en ajoutant ses propres idées. Il doit rester une inspiration et non devenir le moule. Le jeu de départ s’en trouvera renouvelé, et deviendra alors un jeu à part entière. Et n’allez pas croire que l’ajout d’un thème soit un simple cache misère, il servira alors la mécanique du jeu pouvant dès lors faire naitre de nouveaux concepts.
N’ayez donc plus peur de prendre le meilleur de ce que nous offre le merveilleux et prolifique univers du jeu pour en garder que la quintessence et ainsi continuer à nous abreuver de nouveaux plaisirs ludiques.
Plus d’articles sur la création ludique sur le blog Les 1D Ludiques.