Critique de Quadropolis

Il y a bien longtemps que j’avais repéré Quadropolis, lorsqu’il n’était encore qu’un proto. Autant vous dire que lorsque j’ai appris de la bouche de l’auteur François Gandon que celui-ci allait être édité, j’étais très heureux, et je me voyais déjà avec une version finalisée et éditée entre les mains. Le temps a passé et le voici enfin. Et après y avoir joué, voici ce que j’en pense.

Les clés de la ville

Dans Quadropolis vous allez construire votre ville avec l’aide de vos 4 architectes numérotés de 1 à 4, en les déployant sur les pourtours du plateau « chantier », sur lequel vous trouverez les différentes structures à ajouter à votre ville. Il en existe de 6 sortes : les habitations qui scorent en ajoutant des étages, les commerces qui ont besoin d’habitants pour générer des points, les services publics qui rapportent des points en étant présent dans chaque quartier de votre ville, les parcs qui se marient avec les habitations et enrayent la pollution en fin de partie, les usines qui s’allient aux commerces et aux ports pour vous donner des points, et enfin les ports qui rapportent plus en étant alignés. Chaque bâtiment, vous apportant des ressources ou non, lorsque vous le construisez sur votre ville, soit des habitants supplémentaires soit de l’énergie.

À votre tour de jeu, vous poserez l’un de vos architectes sur le pourtour du chantier, afin de choisir le bâtiment désigné par le chiffre indiqué sur la tuile de l’architecte. À sa place vous placerez l’urbaniste qui empêchera de prendre une tuile dans la travée désignée où il se trouve. Puis vous placerez votre tuile dans votre ville dans la ligne ou la colonne désignée par le chiffre de votre architecte.

Le jeu se déroule en 4 tours de 4 phases chacun. À la fin de la partie et à l’aide du carnet, vous noterez les différents scores que vous aurez faits grâce à vos bâtiments. Le joueur ayant le plus de points remportant la partie. Quadropolis propose 2 modes de jeu, le classic et le expert pour les joueurs plus aguerris proposant alors de nouveaux bâtiments, les bureaux et les monuments, ainsi qu’une nouvelle manière de compter les points basés sur un plateau non plus avec 4 emplacements, mais 5.

Bien entendu il existe plusieurs subtilités, mais voici déjà un résumé qui vous donne un aperçu du jeu. Vous pouvez retrouver la totalité des règles sur ce lien.

La boite à outils

Le matériel méritait bien un paragraphe à lui tout seul, tant le travail d’édition est excellent ! Oui autant vous le dire de suite vous ne serez pas déçu. Le thermoformage est idéal, chaque tuile à sa place et afin de vous y retrouver les mots « classic » et « expert » ont été gravés dans le fond des cases, tout tient parfaitement. Mais petite idée assez géniale qui prouve que la production a été pensée en amont par un professionnel, c’est la présence d’un flyer qui vous conseille de conserver le dépunchage et de le mettre en dessous du thermoformage, ainsi vous pourrez aussi ranger votre jeu sur la tranche.

Au niveau graphique le jeu est parfaitement lisible, et si le rouge et le violet peuvent se confondre légèrement, la nature des bâtiments ne laissera aucun doute. Les tuiles sont bien épaisses et les plateaux personnels ainsi que les aides de jeu bien pensé pour vous fournir toutes les informations nécessaires en un coup d’œil. Les meeples et les énergies ont l’originalité d’être transparent, bleu et rouge, ce qui n’apporte rien en terme de gameplay, mais est je trouve, du plus bel effet. Tout comme les deux énormes pions pour le maire et l’urbaniste, aussi transparents et qui en imposent.

Quadropolis propose une édition de qualité relevée par des illustrations qui collent parfaitement au jeu en ne le rendant pas austère pour autant, et cela, malgré son thème. Les bonnes idées sont nombreuses et la qualité des pièces bien au rendez-vous. Une édition de qualité, c’est indéniable.

Brique par brique

La première partie, si vous découvrez le jeu par vous-même, ne sera pas forcément la plus aisée. Car il faut un peu de temps pour bien assimiler le système de pose. Mais une fois les premières manches terminées, tout devrait devenir assez clair voir même fluide. Bien entendu les réflexions seront nombreuses, notamment en fin de tour lorsqu’il ne vous restera plus que quelques choix qui ne seront pas toujours de votre goût. Mais au-delà de la complexité des règles, qui restent parfaitement abordables, c’est le fait de bien jouer, de planifier ses tours et surtout de vérifier les constructions de ses adversaires qui fera toute la différence. Car laissé trop élément du même type à un joueur pourra vous mener à votre perte, croyez-en mon expérience, mon fils nous a mis une pâté en jouant les ports, et en étant un peu plus attentif j’aurais pu contrer cela.

Il faudra donc faire attention et surtout prévoir ses coups à l’avance. Quelle que soit la configuration, les choix seront toujours difficiles à faire, mais grâce à des tuiles qui prennent en compte le nombre de joueurs, l’expérience de jeu sera toujours aussi plaisante, même si à 4 le coup de l’un de vos adversaires peut rapidement mettre à mal votre stratégie, plus qu’à 2 joueurs par exemple. On pourra lui reprocher un manque d’interaction sur les plateaux de joueurs, mais cela est fortement compensé par un dynamisme plus accru et des tours plus rapides (je pense à Suburbia en disant cela), qui font que se concentrer sur le chantier est déjà bien suffisant. Surtout que vous n’aurez qu’à gérer deux ressources, les habitants et l’énergie, ce qui limite les réflexions intenses tout en offrant au jeu une profondeur qui ne se maitrise qu’avec l’accumulation des parties.

Devenir le roi de la ville

Quadropolis propose une expérience riche et prenante, le tout enrobé dans une accessibilité qu’il est peu courant de retrouver dans des jeux urbains qui parfois s’embourbent dans des mécaniques complexes, empêchant le jeu de se mettre à la portée de tous. Attention toutefois à proposer Quadropolis à un public déjà un peu connaisseur, ou du moins à ne pas laisser les joueurs découvrir le jeu seul, car bien comprendre les règles de poses avec sa numérotation et son système de scoring demande une certaine habitude. Mais il reste très agréable de voir qu’un jeu si complet, qui s’apprend véritablement en enchainant les parties, reste malgré tout simple d’approche.

Pour ce qui concerne la durée de vie avec le mode classic vous aurez déjà de quoi faire, mais avec le mode expert c’est une nouvelle façon de jouer plus complexe qui s’offre à vous, ajoutant bien entendu un bon nombre de parties avant de s’en lasser. Tout ceci couplé à une courbe d’apprentissage importante et un hasard de pose des tuiles.

Les élections

Days of Wonder parvient encore une fois à nous offrir un jeu de qualité avec Quadropolis. Un jeu accessible, dont le thème est très bien rendu par son matériel de qualité et ses règles compréhensibles, mais offrant une belle courbe d’apprentissage. La durée de vie est très bonne et il est assez simple de sortir le jeu pour une petite partie. Bref l’un des meilleurs jeux de constructions urbaines qui m’ai été de jouer.