[Sid Meier’s Civilization - Le Jeu de Plateau]
Je ne vous ferais pas l’affront de vous parler de toutes les versions de Civilization qui existent, ni de l’imbroglio entre le nom du jeu de plateau, du jeu vidéo et du créateur de celui-ci. Non, je préfère faire table rase et vous parler de cette nouvelle version sans me tourner vers le passé (oui, je sais, c’est assez étrange venant de moi). Donc place à Civilization une aube nouvelle, en plus ce n’est pas moi qui le dis, mais le titre, qu’il faut repartir sur de bonnes bases.
Papa comment on fait une civilisation ?
Je ne vous cacherais pas que les règles sont assez touffues, mais pour autant le tout reste assez logique ce qui aide à leur compréhension et surtout à les retenir. En fonction du nombre de joueurs, on placera au centre de la table, un nombre de tuiles en suivant le modèle donné dans la règle. Pour des parties avancées, la règle donne des conseils pour construire sa zone de jeu comme bon nous semble. On place les tuiles de ressources, les Cité-Etats et le pion Direction pour les attaques barbares. À côté, on trie et place les cartes merveilles selon le nombre de joueurs, celles-ci étant séparées en 4 types et 3 époques, pour ne former qu’une pioche. On place ensuite 3 cartes Victoire au hasard, ce seront les conditions à remplir pour remporter la partie. Enfin, chaque joueur prend un dirigeant au hasard et choisit le matériel d’une seule couleur. Il place devant lui la réglette « échelle de priorité » avec en dessous les cartes Priorité selon les indications de son chef, et sa capitale sur le plateau.
À votre tour vous devrez choisir une carte de votre échelle de priorité, jouer son effet et la rétrograder au début de la piste, poussant toutes les autres vers la droite. Il faut savoir que les différents terrains auront une influence et que selon la carte choisie son action sera plus ou moins forte selon la nature du terrain, repris sur le haut de la réglette. Voici les différents domaines : la culture permet de placer des jetons contrôle sur le plateau, l’échelle de priorité déterminant le type de terrain. La science permet d’avancer sur son cadran, d’autant de points que le terrain indiqué par l’échelle. Si vous dépassez un niveau Tech, vous pouvez remplacer l’une de vos cartes par une autre de même nature, mais d’un niveau supérieur indiqué par le cadran. L’économie vous permet d’envoyer des caravanes afin de livrer des villes pour ainsi gagner 2 pions Commerce ainsi que des avantages. L’industrie permet de construire des villes, là encore le terrain est déterminé par l’échelle et enfin l’armée permet bien entendu d’attaquer les autres, ainsi que les barbares. Ces derniers étant mis sur le plateau et se déplaçant selon le cadran d’évènements à chaque début de nouveau tour de table. La partie prend fin lorsqu’un joueur atteint un objectif sur chaque carte Victoire, une fois atteint celui-ci ne pourra plus être remis en question par la suite. J’ai bien entendu survolé l’ensemble, car vous vous doutez bien que le jeu fourmille de petits détails.
Pléthore de pièces
Le moins, que l’on puisse dire en ouvrant la boite, c’est que FFG s’est lâché sur le matériel ! Tuiles épaisses, jetons à gogo, cartes, marqueurs, cadrans, et même pions sculptés ! Le moins, que l’on puisse dire, c’est que l’on n’est pas volé sur ce point. Par contre plus de sachets n’auraient pas été du luxe pour tout bien trier. Mais bon si vous êtes amateurs de ce type de jeux, il y a fort à parier que vous disposez d’un paquet de sachets dans votre tiroir. Graphiquement, le jeu ne s’éloigne pas de ses inspirations ni des canons du genre. Il faut dire que les jeux de civilisation sont assez typés. On a le genre Settlers, avec des personnages tassés, mais mignons (Kawaï ou SD au japon), et le style proche du réalisme. Bien entendu, Civlisation s’est approché du second genre. Le tout est très lisible, au vu du nombre de pièces sur le plateau lors d’une partie, et le matériel dédié à chaque joueur est très maniable. Les différences pour reconnaître les jetons sont légères mais suffisantes. Nous sommes devant une édition certes classique, mais également très réussie !
Lorsque les profs d’histoire et de géo font une syncope !
Pourquoi un tel titre me direz-vous ? Tout simplement par ce qu’il ne faudra pas être trop à cheval sur ces deux matières pour jouer à Civilization. Car Bruxelles et Buenos Aires seront des villes bien plus proches qu’on ne pourrait croire, et Cléopâtre n’hésitera pas à être en conflit avec Roosevelt, Gilgamesh ou Catherine de Médicis. Vous l’aurez compris, je taquine le jeu, mais ne recherchez pas la vérité historique, c’est tout.
Plus sérieusement sous ses airs de jeu touffu, Civilization se révèle plus accessible qu’on ne pourrait le croire. Chaque tour est assez rapide, puisqu’une seule action pourra être faite, tout s’enchaîne donc assez facilement, même lors des conflits où cet aspect souvent rébarbatif mais primordial dans ce type de jeu, auraient pu plomber l’ambiance et le rythme. Chaque personnage propose son petit avantage stratégique, mais au fond ça sera surtout votre maîtrise de votre jeu qui fera la différence, mais avant tout ça sera votre placement initial qui sera essentiel pour ne pas être bloqué, surtout à 3. On pourra déplorer qu’il ne soit pas vraiment possible d’user de diplomatie, ni de s’obliger à faire alliance pour mieux se trahir, même si cela reste parfaitement faisable, les cartes Victoire n’engagent pas à agir de la sorte. C’est chacun pour soi, et les conflits seront au centre du contrôle du plateau, les rendant omniprésents sur la fin de partie, afin de tirer son épingle du jeu. Jouer les autres aspects sera plus complexe, surtout pour les novices. Un jeu complet, riche et tendu qui offre beaucoup de choix aux joueurs et ne les tient pas par la main. Il faudra être opportuniste et prévoir sa stratégie sur plusieurs tours afin de tirer le meilleur parti possible de son échelle et le pouvoir de ses cartes. C’est fluide, c’est logique, bref ça se joue sans mal.
Vous pourrez y jouer de 2 à 4 joueurs, à partir de 14 ans selon la boite (moins selon moi), même si Civilization n’est pas à mettre entre toutes les mains, il faudra déjà avoir une certaine expérience des jeux de société pour le comprendre et y prendre du plaisir.
Pour autant, le jeu reste fin et équilibré, par contre, il ne faudra pas compter son temps, car la mise en place est longue et les parties également, même si ici celles-ci ont été réduites à environ 120 minutes. Cependant, cette simplicité ne plaira pas à tout le monde, surtout à ceux qui ont connu la seconde version bien plus dense. Mais je pense que la volonté de FFG avec cette nouvelle mouture est de proposer un jeu plus facile d’accès et plus simple à sortir, et vu le thème et la licence derrière il est clair que le pari est réussi.
Qu’il est difficile d’être le roi de la France
Civilization est et reste un excellent jeu ! Cette nouvelle version, simplifie le tout afin de le rendre plus accessible sans pour autant perdre l’essence même du gameplay qui fait toute sa richesse. Un jeu profond, riche, taquin mais intelligent qui fera le bonheur des joueurs aguerris qui souhaitent contrôler une civilisation complète. Un jeu à découvrir si ce n’est pas déjà fait !