Critique de Corinth

[Corinth][Yspahan]


Il y a 13 ans sortait Yspahan chez Ystari. Depuis l’éditeur a été racheté par Asmodée, et en 2019 sort chez Days of Wonder, une sorte de remake du jeu, du moins c’est ce que l’on nous dit. Mais n’oublions pas que depuis quelques mois, une mode à la dent dure dans le monde du jeu de société, celle du roll’n write, et Corinth n’y échappe pas. Il est temps de se pencher sur son cas.


Passer des chameaux aux vases grecs


Chaque joueur s’empare d’une feuille et d’un crayon, puis selon le nombre de joueurs, on coche un dé compte-tour en bas. Le premier joueur, le joueur actif, s’empare alors des dés blancs et les lance tous. Il pourra en payant une ou des pièces, ajouter pour lui uniquement, des dés jaunes. Ensuite, on prend le ou les dés à la valeur la plus haute que l’on pose tout en haut du plateau (les pièces), puis on repart du ou des dés à la valeur la plus basse que l’on pose en face de la chèvre, la première marche, puis on continue avec chaque dé et valeur pour le reste du plateau en remontant. Il sera donc possible que les lignes les plus hautes ne soient pas approvisionnées. Ensuite, on prend le ou les dés à la valeur la plus haute que l’on pose tout en haut du plateau (les pièces), puis on repart du ou des dés à la valeur la plus basse que l’on pose en face de la chèvre, la première marche, puis on continue avec chaque dé et valeur pour le reste du plateau en remontant. Chaque dé apportant une ressource dans le domaine choisie que l’on ajoute sur son plateau personnel. Il sera aussi possible de faire avancer l’intendant, de la valeur du dé cette fois-ci et non en fonction de leur quantité, afin de bénéficier d’avantages. Enfin, à la fin de son tour on pourra en dépensant des pièces et des chèvres, acheter des bâtiments pour bénéficier de pouvoirs. Une fois que tout le monde s’est servi, on change de premier joueur et on entame un nouveau tour. La partie prend fin au bout de 5 ou 6 manches, selon le nombre de joueurs, on passe alors aux décomptes des points. Le joueur qui en possède le plus remporte la partie. À 2 joueurs de menus ajustements seront à prévoir.


Petit mais coloré


Une petite boite qui cache bien son jeu, car à l’intérieur le plateau et le bloc de feuilles qui vous attendent sont très bien illustrés, colorés, bien détaillés et lisibles. En plus, le style graphique est frais et vraiment sympa. Par contre pas de crayons dans la boite, certainement pour faire baisser les coûts et ainsi proposer un jeu à moins de 20€, ce qui est pas mal, même si cela manque tout de même. Les dés quant à eux sont carrés, et sont de simples dés, je n’ai pas grand-chose à dire de plus. Une très jolie édition qui fait honneur au jeu.


La guerre des chèvres


Corinth s’adresse avant tout aux novices, aux personnes qui découvrent les jeux de société ou ce style des jeux, il n’est pas pour les baroudeurs ludiques. Autant garder cela en tête sous peine d’être déçu. Car ses règles sont hyper simples, mais voilà le jeu est bourré de hasard, celui des dés, un peu maîtrisé par cette échelle, mais surtout ne propose pas vraiment de possibilité de prévoir une stratégie sur le long terme pour gagner. Il faut dire que les parties sont très rapides, 20/30 minutes selon la boite, mois en réalité, et que vous serez plus souvent amené à vous adapter aux jets qu’à établir une tactique. Cela se limitera trop souvent à prendre des ressources ou bien faire avancer l’intendant. Et les parties sont malheureusement trop courtes pour vraiment sentir le poids de ses choix. Mais comme je vous le disais, il s’adresse avant tout aux novices et les 8 ans indiqués sur la boite semblent aller dans ce sens. La durée de vie ne s’appuyant que sur le hasard et beaucoup moins sur une potentielle courbe d’apprentissage. Quant au thème, sans faire plaquer, il n’apporte pas grand-chose si ce n’est la fraîcheur de ses visuels. Un jeu vite joué, vite consommé pour passer ensuite à quelque chose de plus consistant. De plus le rapport avec Yspahan n’est pas si fort à mes yeux, certes, on retrouve la classification des dés, mais Corinth s’éloigne grandement de la profondeur de son ainé, pour qui j’ai une grande affection tant il est bien pensé. Et ce n’est pas le thème qui rattache les deux jeux. Du coup, j’ai du mal à comprendre cette filiation si ce n’est pour créer un sentiment de nostalgie. Mais bon, ce n’est pas vraiment grave non plus, c’est plus une question qu’une critique. Corinth est un jeu léger et il faut le prendre comme tel, tout simplement.



Alors là j’ai pas compris


Bon, je pense sincèrement que je suis passé à côté de quelque chose. Enfin, c’est ce que je pensais après mes différentes parties, et surtout avant de lire d’autres avis qui confirmaient mon ressenti. Car Corinth m’a semblé tomber un peu à côté de la plaque, pas assez profond pour établir une stratégie sur le long terme à cause d’un hasard assez présent, et des parties trop rapides pour se sentir plonger complètement. De plus les roll’n write commencent à être assez nombreux, ce qui offre aux joueurs un large choix et en retour provoque des attentes plus précises et intraitables de la part de ces derniers. Mais voilà, je pense saisir, ou du moins deviner les intentions de Days of Wonder depuis quelques mois : proposer des jeux grand public, amener les novices vers leurs jeux. C’est de bonne guerre ! Il faudra juste prendre garde à ne pas laisser de côté les joueurs plus aguerris, qui eux attendent des titres plus profonds, surtout de la part d’un éditeur qui nous a rarement déçu jusqu’alors.

8 « J'aime »

Pour ma part, la filiation avec Yspahan est flagrante au niveau de la mécanique des dés.
Marquer avec l’intendant et passer par 2 bâtiments clés m’ont semblé la clé du succès.
Ici aussi, plutôt une déception alors que j’adore d’autres jeux de M. Pauchon !

1 « J'aime »

Idem. Après on en peut pas faire que des hits.