Critique de Couleurs de Paris

[Couleurs de Paris]


Un jeu qui parle d’art, je ne pouvais décemment pas passer à côté, c’est un thème que j’affectionne tout particulièrement. Mais voilà au-delà de ce thème parlant de peintres du début du XXe siècle, il y a un jeu avec ses mécaniques, et justement, il est temps de voir de quoi il retourne de ce côté-là.


Synthèse additive


Chaque joueur va se saisir d’un plateau de jeu avec ses marqueurs au plus bas, de 3 assistants et de 3 cubes, 1 jaune, 1 bleu et 1 rouge. D’ailleurs détail pour chipoter, mais en peinture les 3 couleurs primaires sont magenta et non rouge et cyan et non bleu, et jaune, bien sûr. Mais revenons-en à nos palettes. Au centre de la table, on place le plateau rotatif, que l’on agrémente ou non de caches selon le nombre de joueurs. À chaque manche, les joueurs vont poser à tour de rôle leurs assistants sur les cases disposés sous les actions du plateau ou bien au centre. Chaque emplacement ne pouvant accueillir qu’un pion, sauf pour récupérer de la couleur blanche. Ainsi, il sera possible de récupérer des cubes des 3 couleurs primaires, leur quantité dépendant de votre plateau de jeu, de faire des mélanges, là encore le nombre va dépendre de votre avancée sur ce point, d’améliorer vos compétences contre 2 cubes, de prendre une toile et enfin de peindre bien évidemment, là encore selon votre niveau. Au centre, il sera possible de rejouer la même action qu’un meeple encore debout, qu’il soit à vous ou non, de prendre le jeton 1er joueur et 1 cube blanc, de ne pas faire avancer le plateau ou justement de 2 emplacements lors de l’ajustement, et enfin de prendre 1 cube blanc.


Une fois que tous les joueurs ont posé leurs assistants, dans le sens du tour, chacun va coucher l’un de ses pions et effectuer l’action en rapport, et cela, jusqu’à que tous les pions aient été joué. On passe ensuite à la phase d’ajustement, si personne n’est encore parvenu à peindre 2 toiles (ce qui met fin à la partie), on tourne le plateau d’un cran dans le sens horaire, on remet des toiles s’il en manque, chacun défausse des cubes s’il en a plus de 12, et enfin tout le monde récupère ses assistants sauf un qui se trouve sur les emplacements du bas qui sera juste relevé. Petite précision en avançant sur ses niveaux de compétences, il sera possible de gagner soit un assistant, soit des points bonus. Lorsque la partie prend fin, on compte ses points, celui qui en possède le plus remportant la partie. Il existe des cartes bonus pour complexifier le jeu, mais aussi des peintres célèbres que vous pourrez jouer, en n’en choisissant qu’un en début de partie parmi les deux distribués.


Des couleurs avant tout


Le jeu propose un très joli matériel avec ses cubes (en plastique et non en bois), ses plateaux, ses toiles et ses petits meeples. Tout se lit très bien et la maquette de la règle est vraiment plaisante à parcourir et la mise en place est vraiment facilitée. Une grande boite qui donne envie et nous ne déçoit pas une fois ouverte.


Je mélange et peint


Couleurs de Paris est un jeu qui mise avant tout sur son thème pour nous aguicher, les mécaniques faisant le reste par la suite. L’idée de laisser 1 meeple à chaque tour est vraiment bien trouvé et se marie à merveilles avec le fait de faire tourner cette roue à chaque tour, ce qui ajoute bien entendu une part de programmation assez importante. Cependant, même s’il arrive souvent de ne pas avoir l’action désirée, il est toujours possible de faire quelque chose, on ne perd jamais vraiment de tour, il faut juste ajuster son tir pour la fois suivante. Par contre le jeu va assez vite, et à peine a-t-on le temps d’être à fond dans la partie que celle-ci prend fin, n’hésitez donc pas à augmenter le nombre de toiles à finir pour terminer la partie si vous appréciez le jeu. Toutefois, Couleurs de Paris, n’arrive pas totalement à nous immerger dans son thème, certes, on mélange des couleurs et on peint, mais la présence omniprésente de la programmation nous oblige à prévoir et faire abstraction du thème pour rester bien concentré sur son avancée. Et du coup c’est bien dommage, même si pour certain le jeu ne donnera pas du tout cette impression, et au final c’est loin d’être un jeu abstrait, et le thème est bien exploité pour lier les mécaniques. Mécaniques qui au final ne sont pas forcément hyper originales, car on reste sur du « je récupère », « je transforme » et « je dépose », qui revient à tous les tours, un aspect assez mécanique qui contraste pas mal justement avec le thème et ces peintres impressionnistes qui peignaient plus au feeling et à l’émotion qu’en suivant justement les codes et des voies toute tracées. D’ailleurs les toiles à l’envers pour créer l’élément de surprise empêchant aussi cette immersion, tout comme le fait de retrouver plusieurs fois la même toile, alors qu’elles devraient être uniques. Ce n’est pas grand-chose, mais en amateur d’art, tout ceci à casser mon immersion. Pour autant le jeu se veut familial, à partir de 10 ans et ait plaisant, les parties sont assez rapides à 2, mais comptez 20 minutes par joueur ce qui nous amène à 80 minutes de jeu à 4, ce qui rejoint alors la petite redondance des tours, du coup je conseillerais plus d’y jouer à 2 et 3. La durée de vie est assez bonne avec la présence des peintres qui ajoutent pas mal de piment dans les parties.


Jeu de couleurs


Couleurs de Paris est un jeu fort sympathique, exploitant un thème toujours aussi rafraîchissant pour mieux lier ses mécaniques. Les plus puristes comme moi pourront râler contre de menus détails, qui pour la plupart des personnes ne sauteront pas aux yeux. Un jeu fluide, facile à prendre en main et intéressant pour initier en douceur avec ses mécaniques bien trouvés, même si assez classiques. Le hasard n’est que très peu présent, contrairement à une certaine redondance des tours qui pourront ennuyer certains, même si de gros efforts ont été fournis pour casser cela le plus possible. Un jeu qui attirera avec son thème puis à découvrir sans hésiter et donc à offrir aux amateurs d’art ludiques sans grande hésitation.

3 « J'aime »

Je lis souvent que c’est dommage que toutes les toiles sur les cartes ne soient pas différentes. Mais si toutes les toiles avaient été différentes, l’illustrateur aurait dû travailler plus et être payé plus et le jeu aurait été plus cher. Je pense que le nombre de toiles actuels est un bon équilibre entre coût et diversité. Personnellement, ça ne me gêne pas qu’il y ait plusieurs toiles identiques.

Concernant la difficulté de s’immerger dans le thème à cause de la programmation, c’est plutôt un problème de joueur que du jeu et rares sont les jeux complexes immersifs alors. J’ai pas de problème pour rester dans le thème et réfléchir à ce que je dois faire.

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Je rajouterais que le fait d’avoir plusieurs fois le même tableau évite aux joueurs réguliers de savoir ce qui va arriver à l’avance [MODE RAIN MAN ON]

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Voleur de remarque pertinente ! :smiley: