Si la pierre philosophale est une légende, cela n’empêche pas les alchimistes de Magnum Opus de s’adonner à l’alchimie. Et vous êtes l’un d’entre eux, pour autant, il faudra faire preuve de ruse pour parvenir à obtenir les bons ingrédients. Saurez-vous gérer au mieux l’ouroboros pour parvenir à vos fins ?
Tourne les cartes
On pose au centre de la table les 2 plateaux, et dessus les jetons Composant alchimique face visible selon le nombre de joueurs, puis chacun reçoit un jeu de carte et 3 pièces, ainsi que 2 cartes Magnum Opus, dont il n’en gardera qu’une seule. Un des jeux de cartes va quant à lui rester de côté avec dessus l’ouroboros. Une partie se déroule en 5 manches (4 à 2 joueurs), chacune commençant par la phase d’approvisionnement, on pioche 2 jetons Composant que l’on pose sur la Ruelle d’or puis 1 autre provenant des composants révélés avant, sur la Place de l’horloge on placera 3 autres jetons Composant. Ensuite on passe à la phase de sollicitations, où chacun choisit secrètement une carte Personnalité qu’il pose devant lui, ensuite ceux qui n’ont pas l’ouroboros transmettre leur paquet de cartes à leur voisin de gauche ou de droite selon la manche en cours, et celui qui le possède, donne aussi son paquet à son voisin mais prend en main le paquet situé sous l’ouroboros, le paquet qu’il reçoit étant mis dessus. Une fois le choix fait chacun révèle sa carte et on recommence cette étape jusqu’à que chacun ai 6 cartes devant lui. Vient ensuite la phase de mécénat, où dans l’ordre numérique, on va résoudre chaque carte, le joueur ayant la majorité sur chaque carte remporte le gain et la faveur, en cas d’égalité les joueurs ne remportent que le gain, impossible pour eux de procéder à un achat. Une fois cette phase passée, chacun reprend ses cartes et on recommence. La partie prend fin à la fin de la cinquième manche, on compte alors 1 point par composant alchimique acheté, 1 point par paire en vue et 2 points de prestige par formule complétée de son Magnum Opus. Le joueur avec le plus de points l’emporte.
Quand la renaissance lui sied si bien
Il n’y a pas à dire le thème de la renaissance ou cette période sied vraiment à Arnaud Demaegd, qui ici signe les illustrations. La boite est classe et toilée, et renferme un thermo efficace où viendront se caler les deux plateaux, les cartes et les jetons, sans oublier cette énorme Ouroboros en métal qui fait vraiment son petit effet. Par contre j’ai trouvé que la mise en page des cartes aurait pu être un poil plus claire, afin de bien délimiter les gains des faveurs, de même que le pouvoir des cartes aurait mérité une aide à elles seules. Pour le reste, c’est ok, c’est sobre et efficace.
Mais est-ce original ?
Autant répondre à cette question de suite : non pas vraiment. Il faut dire que le draft est une mécanique assez courante et le système de majorité et de cartes à rôle aussi. Alors certes la plupart des jeux empruntent les mécaniques de leurs prédécesseurs, les mixent et en font de nouveaux titres, mais ce n’est pas pour cela que la sauce prend véritablement. Ici Magnum Opus tourne, il propose un challenge cérébral intéressant, avec un poil de guessing. Mais voilà tout est assez répétitif, et l’objectif final ne motive pas forcément, bref à mes yeux, il manque d’une certaine montée en puissance. Si je prends Splendor par exemple, on va tenter par tous les moyens d’obtenir les cartes à points et les tuiles Personnage en premier, créant ainsi un effet de course, la fameuse montée. Ici, c’est bien plus calme, il faudra faire le plus de points en suivant son Magnum Opus. Alors oui il faudra bien gérer son argent, mais aussi tenter d’empêcher les autres de se procurer les meilleures cartes tout en prenant garde à rester majoritaire pour obtenir les faveurs, mais voilà ça ne suffit pas toujours à nous tenir captivé, surtout qu’il y a pas mal de manipulation à chaque tour qui alourdisse l’ensemble. Et ce défaut se ressent encore plus à 2 joueurs, où le jeu demande pas mal de manipulation à chaque tour. Vous pourrez d’ailleurs y jouer jusqu’à 5, à partir de 12 ans, pour des parties de 30 minutes environ, et je vous conseille d’y jouer à 4/5 pour plus d’interactions. Par contre même si les règles sont simples, un brin d’expérience dans les jeux de société permettra de ne pas trop être perdu dans les choix et les pouvoirs des personnages, mais ça reste facilement accessible. La durée de vie sera assez bonne grâce à la pioche de jetons et aux choix qui différeront, surtout que les pouvoirs sont bien équilibrés. Quant au thème il ne ressort pas plus que ça malheureusement, même si l’ensemble reste joli, mais malgré tout un peu froid, comme le reste du jeu.
Ça ne sera pas encore pour cette fois
Vous l’aurez compris, je n’ai pas accroché à Magnum Opus, et cela, malgré ses qualités ludiques, car le jeu tourne bien malgré tout et je reste un éternel râleur. Magnum Opus trouvera son public j’en suis sûr, car il n’est pas dénué de bons points. Mais ce qui m’embête le plus dans cette histoire, c’est le souci qu’à Bragelonne de proposer des jeux qui marquent vraiment. Si on peut comprendre ce souci lors des premières productions, cela devient plus problématique lorsque les titres commencent à s’enchaîner et qu’aucun hit n’a fait son apparition. Allez sans rancune, je suis sûr que ça sera pour la prochaine fois !