Après un Wingspan, qui a étonné tout le monde et surpris les joueurs, son auteure, Elizabeth Hargrave nous revient avec un jeu tout aussi poétique et presque animalier. Plongeons dans le monde cruel des papillons monarques.
Vol petit papillon
On pose le plateau au centre, dessus, on va mettre face cachée une carte pour chaque saison, puis 1 papillon de niveau sur 1 sur Michocan, un de niveau 2 sur l’été et un niveau de 3 sur l’automne pour chaque joueur. On pose le second plateau à côté avec les cartes dédiées, et une tuile à la fin de chaque ligne. Chaque joueur reçoit 2 cartes Actions et enfin, on pose les tuiles sur les différentes villes face cachée. À votre tour vous jouerez une carte de votre main en effectuant les actions indiquées, les déplacements pourront être répartis entre plusieurs papillons si la carte le permet. Si un papillon se pose à proximité d’une plante et que le joueur dispose d’assez de fleurs, un petit papillon naît. Pour cela il vous faudra 2 fleurs identiques pour un papillon de niveau 2 , 3 pour un niveau 3 et 4 pour un niveau 4. Chaque joueur reçoit 2 cartes Actions et enfin, on pose les tuiles sur les différentes villes face cachée. Si le papillon se pose sur un relais, il réalise son effet puis si c’est la première fois, on lance le dé et gagne une fleur. Si vous parvenez à récupérer les 4 cartes d’un cycle de vie de la même couleur, vous bénéficiez alors du pouvoir de la tuile de cette ligne. On révèle la carte du printemps au début de la partie, puis les suivantes en récupérant le dernier papillon dessus ou bien en arrivant à la fin de la saison. La partie prend fin avec l’automne. On procède alors au décompte des points où l’on va comptabiliser les papillons de 4e génération se trouvant à Michoacan, les objectifs réussis en automne et les points de chaque carte Cycle de vie récupérée. Le joueur avec le plus de points l’emporte.
Espèce menacée et plastique
Mariposas bénéficie d’une très belle édition, sobre, efficace, lisible et surtout très esthétique. On trouve à l’intérieur de la boite un matériel conséquent avec ses cartes, tuiles, plateaux et surtout ses papillons en bois. Il est clair que la direction artistique attire l’attention. Par contre la logique de mise en page des informations m’a plus intrigué, voire gêné, car elles n’arrivent pas toujours au moment le plus opportun. Mais la rédaction et la mise en pages de règle est un exercice périlleux, et aucun souci ne vient véritablement les entacher, c’est plus la première lecture qui n’est pas facilitée (ou je deviens vieux).
À la fin du livret on peut découvrir quelques chiffres sur les papillons monarques, et le fait qu’ils soient une espèce menacée. Une très bonne chose en soi, mais que j’ai eu du mal à ne pas permettre en perspective avec la présence de boites en plastiques vertes pour ranger, qui remplacent les sachets habituels, avec ce que cela implique de pollution. (après échange avec l'éditeur il s'est avéré que les boites étaient en plastique recyclé, du coup c'est cool)J’ai trouvé cela étrange, mais peut être qu’il y a une raison à cela. Dans tous les cas, l’édition est vraiment superbe !
Course aux points
Avec sa configuration de 2 à 5 joueurs, meilleure à 2 et 3 d’ailleurs, car proposant des parties moins longues, Mariposas est un jeu familial +, une fois les règles bien acquises. Les 14 ans indiqués dessus correspondant plus aux normes du marché américain, car vous pourrez y jouer avec des enfants avant. Les 60 minutes annoncées sont véridiques avec un nombre réduit de joueurs, avec le nombre maximal, il faudra ajouter plus de temps pour une partie. D’ailleurs, le jeu souffre d’un certain manque d’interactions entre les joueurs, chacun fait un peu sa sauce dans son coin, ce qui sera plus contraignant avec plus de joueurs. On va alors découvrir le jeu et surtout les objectifs de saison petit à petit, tandis que nos papillons vont parcourir le plateau à la recherche de fleurs pour se reproduire et de cartes pour obtenir des bonus et des points, le jeu s’appuyant sur plusieurs manières de scorer. Une véritable course aux points va donc émerger au fil des tours, mais aussi au fur et à mesure des naissances qui vont devenir le centre de toutes les attentions lors de la dernière saison. D’ailleurs ces petits papillons vont souvent être sacrifiés, délaissés comme des malpropres ou servant de grappilleur de ressources sans valeur. Et là encore ça m’a un poil chagriné vu la page d’informations sur la disparition des monarques à la fin des règles, ça me semble en décalage, là encore, c’est une impression très personnelle. Parvenir à obtenir une série de cartes Cycle de vie ne sera pas aisé, et il faut bien avouer que parfois le jeu n’en vaudra pas la chandelle. Ce point participe à la durée de vie en ajoutant un certain hasard sur les tuiles, de même que sur celui du tirage des cartes Action et Saison. Le jeu propose une certaine courbe d’apprentissage, mais c’est avant tout une bonne maîtrise de sa main et la prévoyance de ses prochains tours, sans oublier les combos qui fera la différence. Par contre le thème est très bien intégré, je pense même que celui-ci a été choisi avant la création et que les mécaniques ont été encastrées autour, un excellent point.
Lépidophobie
C’est le nom de la phobie des papillons, un petit instant culturel dans ce monde de cubes. Et pour ma part si je n’ai pas ressenti cette impression face a Mariposas, celui-ci ne m’a pas accroché pour autant, mais j’ai un peu l’impression d’être passé à côté. À cheval qu’il est entre le jeu familial et un jeu un poil plus costaud avec des règles qui peuvent sembler simples, mais aussi avec pas mal de choix. Alors certes le thème est très bien intégré, les mécaniques tournent bien, les différentes manières de scorer et les différentes saisons apportent leur lot de plaisir ludique, mais à mes yeux cela n’a suffit pour le transformer en hit. Je suis certain qu’il trouvera son public, auprès des joueurs moins grincheux que moi, car il le mérite, tout comme ces petits papillons méritent qu’on les sauve.