Contrairement à ce qu’il est écrit en gros sur la boite, Ken Follett n’est pas l’auteur du jeu, mais simplement du roman d’où est tiré ce titre. Bon d’accord il s’agit d’une saga à succès, ça aide à avoir son nom en gros sur une boite, mais l’auteur du jeu c’est Michael Rieneck, qui est aussi l’instigateur des deux autres jeux de la série. J’espère avoir éclairé votre lanterne, et qu’il ne s’agit que du début, car sans plus attendre débute la critique d’Une colonne de feu.
Une colonne de feu, ce n’est pas une attaque Pokémon
Une colonne de feu est le troisième jeu d’une série qui a débuté avec Les piliers de la terre et Un monde sans fin, et qui fait écho au roman du même nom.
La mécanique du jeu tourne principalement autour des dés. Ces derniers vous permettront d’acquérir un personnage et de faire une action une fois par tour, non pas grâce à leurs chiffres, mais à leurs couleurs. Ce dé servira alors de décompte où il devra revenir à 1 pour réintégrer la main du joueur. Avec ce personnage vous pourrez créer un comptoir et appliquer une orientation religieuse qui vous octroiera des avantages selon celle choisie entre protestant et catholique. Ces comptoirs vous permettront de remporter des points de victoire, au prorata de la valeur du dé utilisé et de gérer les conflits religieux. En sachant qu’une fois les emplacements religion complets on procède à un décompte où seuls les joueurs avec la même orientation que celle du pays reçoivent des points. Tandis que les bâtiments des autres sont détruits. S’il vous reste encore des dés après avoir choisi un personnage vous pourrez bénéficier de la roue d’action, sachant que chaque action est liée à la couleur d’un dé, limitant les choix. Cela vous permettra de jouer sur les ressources et de produire et vendre celles-ci contre des points de victoire. Tout en gardant à l’esprit que le dé mauve, qui est le seul qui vous permet de vendre, pourra vous servir de joker. La partie prend fin lorsqu’un des joueurs parvient à 50 points, on passe alors aux décomptes des points, le joueur qui en possède le plus remporte la partie.
Thermo
Beaucoup de matériel dans cette boite, un grand plateau, beaucoup de jetons, des cartes et des pions en bois, bref vous êtes devant vous un jeu à l’allemande. Si vous aimez ce style, le matériel ne vous perdra pas. Graphiquement le jeu reste dans la lignée des deux autres qui l’ont précédé, c’est propre, fonctionnel et assez classique, là aussi j’aurais envie de dire à l’allemande, mais dans le bon sens, avec beaucoup de tons marron et une très belle perspective sur un paysage vraiment agréable à l’oeil. Seul le thermo n’est pas vraiment dans la même lignée, où le rangement n’est pas forcément aisé à cause de compartiments assez resserrés, même si c’est joli. Une édition classique, mais de qualité.
La religion est partout
La religion est omniprésente dans le jeu, mais ne fait pas vraiment partie intégrante des mécaniques au détriment de l’ambiance moyenâgeuse dans laquelle baigne le roman, qui reste la base de l’univers proposé ici, et qui ne ressort pas plus que cela malheureusement. Se limitant à des avantages en fonction du fait d’être de confession catholique ou protestante. La religion est un thème un peu borderline, ça aurait été sympa de pousser ce schisme encore plus loin. D'ailleurs, cette orientation devra rester la même durant tout le décompte du dé noir, que cela arrange vos affaires ou non durant les conflits religieux qui pourront survenir durant la partie.
Malgré le fait que le jeu tourne très bien, celui-ci manque cependant de contrôle et de divulgation d’informations. On ne sait pas de quelle orientation, ni qui sera le personnage qui viendra ensuite, limité que vous serez aux 4 personnages présents en même temps sur le plateau de jeu. Difficile dans ce cas de figure d’établir véritablement stratégie à l’avance, surtout que vos dés peuvent rester bloquer assez longtemps, même s’il est possible de les récupérer avant, mais contre 3 points de victoire. Ce qui aura pour effet parfois de venir troubler vos plans sans que vous vous y attendiez, ce qui est assez frustrant. En ce qui concerne la configuration, le jeu s’en sort mieux à 2 et 3 joueurs qu’à 4 où il devient encore plus incontrôlable. Pour rester dans les regrets, il est assez dommage que le thème ne ressorte pas vraiment plus, surtout lorsque l’on sait d’où vient l’inspiration.
N’ayant pas joué, à mon regret, aux précédents opus je ne saurais vous dire si cet épisode ludique reste dans la lignée des deux autres ou bien s’il est meilleur ou moins bon que ses prédécesseurs. Par contre, celui-ci souffre d’une certaine légèreté sur la profondeur de jeu, notamment sur la religion alors qu’on pourrait en attendre plus d’un jeu de ce style. Et surtout le hasard est un peu trop omniprésent pour véritablement pouvoir prévoir son jeu sur plusieurs tours, ce qui pourra gêner la plupart des joueurs amateurs de ce type de jeu. Même si le système de dés, assez éclusé dans les jeux de gestion, parvient à nous proposer quelque chose d’original. Il faudra user de finesse, d’opportunisme et de ténacité tactique pour plier le hasard des dés à sa volonté. Bien entendu il est à réserver aux initiés avant tout et aux connaisseurs/amateurs de ce type de titres.
La colonne qui ne s’éteint jamais
Une colonne de feu reste un jeu plaisant, mais aussi un jeu exigeant, dans le sens où les joueurs devront se plier à ses règles sans rechigner, bravant son hasard et son opportunisme omniprésent pour découvrir son potentiel ludique. Il y a de bonnes idées, mais celles-ci ne semblent pas toujours avoir été exploitées à leur maximum, et c’est bien dommage, de même pour le thème et le système de religion. L’utilisation originale des dés est intéressante, et les joueurs les plus aguerris trouveront surement leur compte, de même pour les fans du roman, mais le jeu ne sera pas à mettre entre toutes les mains sous peine de décevoir.