[D-Start]
Commençons par établir un premier postulat pour la suite de notre propos :
"Le jeu de rôle, c'est le meilleur jeu de société du monde !"
Un jeu de société permet, dans une unité de temps et d'espaces réduit, de modéliser tout ou partie d'un univers, réel ou imaginaire, avec ses lois, pour prendre du plaisir et s'en amuser, de façon plus ou moins reproductible. Suivant cette proposition de définition du jeu de société, c'est effectivement le jeu de rôle qui propose la gamme la plus vaste, tout aussi bien temporelle que spatiale, pour jouer, les seuls limites étant celles des participants. Ceci étant, ces limites peuvent être, elles, nombreuses et de toutes sortes... Bref, CQFD et finalement, ce n'était pas un postulat mais un lemme !
Pour donner à voir ce que donne le jeu de rôle, beaucoup y vont de leurs parties filmés sur Youtube ou ailleurs, avec des intentions et des conséquences diverses. L'une des conséquences positives est que cette mise en lumière se transforme en une attraction et une pratique qui semble grandir, soutenu par un travail de longue haleine et plus souterrain des rôlistes de la première (ou la deuxième) heure, ceux-là même qui, gardant cette passion chevillée au corps malgré les tribulations de la vie amenant à moins jouer, en achètent et en lisent toujours, tout en partageant, toujours avec ferveur, leurs expériences du jeu de rôle.
Sur Tric Trac, c'est déjà deux saisons de Mash Up (la troisième avec le docteur Mops étant encore en cours) que vous pouvez regarder pour voir comment le jeu de rôle peut se pratiquer. C'est aussi une expérimentation pour voir comment l'univers et les règles inventées par Monsieur Phal sont triturés, en live, parfois improvisées puis mises en place. Le propos ? Dans l'univers semblant clos d'une "administration quasi-omniprésente et tentaculaire", surnommé affectueusement "l'officine", des agents sont au service de l'imaginaire. Envoyés secrètement dans des multiples univers peuplés de personnes pensant leur réalité "réelle" (et peut-être l'est-elle), ils testent des scénarios, des intrigues, des aventures pour les améliorer et les rendre "trop-top-de-la-mort-qui-tue" pour... ben... pour à priori que des riches et grasses personnes puissent ensuite vivre par procuration... enfin... c'est en tout cas ce qui se dit entre agents de sixièmes zones... ceux qui vivent dans les soubassements de l'officine, comme Marv' (Frédéric Henry) et Betsy (votre serviteur) ou Zeuhl (Monsieur Phal) et Jason Iqs (Docteur Mops).
Attention, cette vidéo contient un enchaînement de catastrophe... à ne pas reproduire !
Le nôtre, c'est probablement le meilleur non-jeu de rôle du monde !
Monsieur Phal, rôliste-auteur-humoriste
"Alors, pour ta douzième caractéristiques, prends le tableau page 481 !"
Cependant, si nombreux sont ceux qui souhaitent découvrir et commencer le jeu de rôle, certains obstacles peuvent ne pas être évidents à franchir :Des pages et des pages d'univers, de background, de règles à lire... et à maîtriser... ; le temps et l'organisation nécessaire pour réunir 3 ou 4 amis sur 5 heures ; avoir un maître de jeu déjà expérimenté et suffisamment pédagogue pour accompagner cette "première fois"... Et bien, pour les deux premiers obstacles, Fabien Fernandez et Matagot ont pensé à vous. Et pour le troisième, c'est vous même qui pourriez bien accompagnés vos enfants et amis dans la découverte de ce qu'est un jeu de rôle.
Avec D-Start, en moins d'une heure, vous apprenez les règles et découvrez un scénario, puis vous distribuez les fiches de personnages et pendant 90 minutes, vous vivez avec vos joueuses et joueurs une aventure où la question, qui résume à elle-seule le jeu de rôle, rythmera donc vos parties : "... qu'est-ce que vous faites ?"
Commencez par choisir l'aventure qui vous branche parmi les 10 proposées. Elles sont toutes suffisamment typées pour lancer immédiatement les évocations de votre imaginaire en faisant appel à des univers connus, de Hunger Games à Harry Potter en passant par les 3 Mousquetaires ou Star Wars. Vous lisez les 5, 6 pages qui constitue cette aventure.
Pendant ce temps, chacun de vos joueurs choisi un des pré-tirés, c'est à dire un personnage prêt à être joué : Chacun est défini par deux caractéristiques auto-compréhensibles : Physique et Mental, avec un chiffre de 1 à 3 et 4 points répartis entre les deux. Vous avez donc plutôt "balèze", plutôt "finaud" et plutôt "équilibré"... (et comme chacun sait, Pluto c'est l'ami d'Mickey). Deux avantages et un inconvénient affineront la personnalité du personnage en même temps qu'ils renseigneront le joueur sur ses poins forts ainsi que son talon d'Achille. Enfin, un historique pour comprendre ses motivations, de l'équipement de départ et hop, directement dans l'bain.
Le système est plus que simple et s'explique en quelques phrases : Lorsque vous faites face à une situation demandant un test pour vérifier sa réussite, lancez autant de dés que la caractéristique adéquat : Pour fracasser une porte, ça sera le Physique... pour casser le code qui l'ouvre, ça sera le Mental. Chaque point obtenu sur le dé de base, le blanc, est une réussite. Pour une action facile, une réussite suffit, deux pour une action moyenne et trois pour une action difficile. Vos avantages ajoutent un succès si la situation s'y prête. Par exemple, si vous êtes "informaticien", vous aurez +1 réussite lors d'une action impliquant ces machines. Du coup, dans une situation à votre désavantage, 1 succès sera annulé. Deuxième exemple : si vous êtes "inoffensif", vous aurez -1 succès lors de confrontations musclés. Pour les amateurs de statistiques, les dés blancs ont trois faces vierges et trois faces avec 1 point.
Oui, mais quand je suis en oppositions avec un être animé ? Si vous faites un bras de fer avec votre adversaire, chacun lance les dés et celui qui obtient le plus de succès l'emporte. Dans le cas d'un combat, la différence entre les deux donne les dégâts infligés : Jason Bourne obtient 4 succès et son adversaire 1. Il lui colle donc trois dégâts. Ils se battaient à mains nues, l'affreux se prend donc 3 Contusions... encore deux pichenettes et il tombera K.O. Avec des armes ou des chocs violents, ce sont des plaies qui sont encaissés et à la cinquième, c'est la mort.
Terminons avec le p'tit plus : Les méta-dés. Ils sont rouges, ils sont nombreux (30) et ils sont... stressants ! 3 faces avec deux succès et 3 faces avec deux annulations de succès... Gloups ! À la première blessure encaissé, le corps réagit et hop, un méta-dé en plus à tous les jets. Pour la troisième blessure, c'est un shot d'adrénaline et ce sera maintenant deux méta-dé en plus... Et ce n'est pas tout, toutes les 30 minutes de jeu, chaque joueur en reçoit un... et certaines situations stressante peuvent également en ajouter ! Sous le stress, vous pourriez bien réussir des trucs de ouf', que vous auriez cru impossible... ou vous écroulez dans coin, en hurlant "Boubouuuuuuu" (c'était le nom de votre doudou) !
Nickel, Réussite critique !
Simple, direct, évident... voilà ! D-Start, c'est certainement l'un des meilleurs moyens de démarrer du jeu de rôle "from scratch", sans avoir rien vu ni lu avant. Le matériel, pour le prix, est riche et complet. L'écran contient, derrière l'illustration très chouette de Sabrina Tobal, tout le nécessaire pour s'y retrouver rapidement. Les fiches de persos et les illustrations des 10 scénarios sont, sous un trait plus naïf, de Radja Sauperamaniane. 45 dés et les plans à fournir aux joueurs complètent l'ensemble.
Pour chaque scénario, quelques conseils de films et musiques d'ambiance permettent de se sentir pris par la main pour installer l'atmosphère adéquat, toujours dans l'optique de mettre facilement en marche l'imaginaire. Ainsi libéré, il est plus facile de se sentir à l'aise et de prendre plaisir à jouer à s'inventer des aventures. De plus, quasiment tous les scénarios présentent la petite règle en plus qui, parfaitement adaptée à l'univers, renforce encore le lien avec l'histoire : la règle du Kung-Fu dans "Kung-Fu Master" ou la transformation en Zombie après deux morsures "En territoire Zombie", la découverte de vos super-pouvoirs dans "La libération des Mutants" ou votre botte secrète chez "Les Cadets des Mousquetaires"... Et comme les héros sont à chaque fois des adolescents, les mises en situations sont d'un angle souvent amusant à envisager, comme dans Hardcore Gamers où vous avez été aspirés par le jeu vidéo ou Aqua Aestarium : préoccupés par le sort d'un béluga dans un laboratoire, vous voulez le libérer.
Chaque fin de scénario propose également de quoi éventuellement rebondir et il est même possible de créer ses personnages pour, inspiré par un film ou une lecture, faire jouer rapidement vos joueurs dans n'importe quel univers. Alors oui, D-Start est surtout un jeu d'initiation, faisant fi de tous les éléments qui permettent de jouer en campagne avec de l'expérience, et sans toute la profondeur d'un univers fouillé dans ses moindres recoins. Mais pour commencer le jeu de rôle, et surtout pour s'amuser, nous pouvions dire : "Rien à fo... faire !". Tu prends tes dés, ta feuille de perso, un carrefour est là, devant tes pieds, alors... qu'est-ce que tu fais ?