Quoi de neuf chez Bombyx ?
En ces temps de virus, il devient difficile de franchir les portes et de se rencontrer pour quelques bonnes parties de jeux et de découvertes. Et je dois avouer que je n'ai pas pu résister à une petite balade pour retrouver l'éditeur Bombyx qui organisait une réception très restreinte dans un lieu secret, bien caché au fond d'une sombre ruelle.
Après que la calèche m'ait déposé, je me suis glissé furtivement sur le trottoir, longeant les façades afin de rester discret. D'ailleurs, j'avais le visage masqué. Impossible de me reconnaitre ainsi !
Je me suis saisie alors du lourd anneau de bronze pour marteler la porte en chêne. Derrière, une trappe s'ouvre. Un homme pas thibulaire mais presque, grogne et finit, après quelques cliquetis, à m'ouvrir la porte.
Me voilà dans l'antre, en comité secret. D'autres invités sont déjà présents et me dévisagent. Mais parmi eux, je remarque quelques marinières. Pas de doute, je suis bien avec Bombyx !
La journée fût courte, mais j'ai pu me saisir de mon appareil photo pour espionner toutes leurs futures sorties. Parmi cette débauche ludique, on y trouvait les sorties prochaines, mais aussi des dossiers chauds qui mettront plusieurs mois avant de voir le jour, baignant dans des boites laissant échapper des effluves prototypales.
Veni, Vidi, Ludi
Voici les jeux que j'ai pu toucher, regarder, analyser ou scruter encore. Certes, je n'ai pas eu le temps de tout essayer, mais vous allez en découvrir !
A peine posé sur un tabouret de bois lustré, un membre s'approche de moi, une petite boite à la main. Un objet magique ? Une relique rare ? Non pas vraiment... Mais dessus une image curieuse agrémentée d'un nom tout aussi mystérieux : CODEX Naturalis
Non ce n'est pas de la magie, mais bien le nom de l'une des prochaines sorties qui intégrera le format petite boite en métal bombée, l'identité même de l'éditeur !
Codex Naturalis est un petit jeu de cartes à combiner et à placer judicieusement pour tenter de remporter la partie. Tout commence par une carte de départ, trois cartes en main, un objectif secret rien que pour vous et deux objectifs communs. Enfin, quand je dis "objectifs", vous ne serez pas obligés de les faire, mais ils sont sources de points de victoire en extra.
Sur le côté, on place deux pioches de cartes, les dorées (qui seront vraiment dorées dans la version finale) et des cartes plus "basiques". Les cartes dorées sont plus rentables, mais seront plus exigeantes à placer.
A votre tour, vous jouez une carte et vous en piochez une autre. Simple, non !?. Et bien pas tant que cela !
En effet, il faudra respecter les règles de pose. Ainsi, vous pourrez poser une carte sur le ou les coins d'une autre que si celle du dessous aura des coins dessinés. Certes, vous pouvez vous étaler partout, mais non seulement les objectifs communs vous demandent de les poser sous certaines formes combinatoires, mais chaque coin peut posséder des ressources visibles (Renard, Champignon, Feuille, ..) nécessaires pour en poser d'autres. Ces cartes rapporteront parfois des points que vous marquerez sur la piste de score.
Toutefois les plus rentables, comme je l'ai dit, seront les dorées et celles-ci demanderont d'avoir les ressources nécessaires visibles sur les cartes déjà posées.
Tout cela peut paraitre simple en prenant son temps. Mais vous allez vous rendre compte rapidement qu'il faut agir vite pour gagner la partie. Si le départ est timide, l'accumulation de ressources va accélérer le rythme et peu à peu, les plus malins vont marquer des points à chaque tour. Vous ajoutez à cela le bon choix des cartes et de bons placements par rapport aux objectifs, vous aurez de fortes chances de finir victorieux.
Codex Naturalis est un jeu malin, rapide. Les bons placements et les choix dans les cartes disponibles seront l'essence même du jeu. Et encore ! Je vous ai passé quelques subtilités comme poser sa carte côté verso pour obtenir un bonus moins fort mais indépendant des coins.
Si au départ, on a le nez plongé sur ses propres cartes, on comprendra qu'il est également utile de souffler quelques cartes convoitées par les adversaires en observant ce dont ils ont besoin.
Notons également de jolis graphismes qui donneront un aspect presque noble à ce jeu.
Qui a éteint ?
Une fois le Codex de retour dans son écrin, un plateau un peu glauque se déplie devant moi. C'est sombre et bizarre, mais tellement dans le thème. Je ne reconnais pas du tout le style, lorsqu'on m'annonce que les illustrations sont en partie de Vincent Dutrait. Décidément, ce jeu est bien étrange... Et le mystère va croitre en voyant le titre choisi : LUEUR
Mais... Mais... tout est sombre, pourtant ! Et bien justement, dans Lueur, le monde a perdu sa lumière et les joueurs vont en quête de fragments lumineux pour l'éclairer de nouveau.
Durant la partie, ils se feront aider par des compagnons tout aussi étranges. Ceux-ci leur donneront des pouvoirs, parfois permanents, parfois éphémères car ils peuvent mourir.
Dans Lueur, nous serons donc amenés à traverser un monde étrange pour y établir notre campement à certaines étapes. Plus celui-ci sera posé loin, plus il y aura des fragments de lumière, qui, vous vous en doutez, seront des points de victoire. Car il s'agit bien d'un jeu compétitif !
A chaque manche, des personnages seront disposés et choisis par les joueurs dans l'ordre du tour. Ceux-ci pourront apporter toutes sortes de pouvoirs et bonus. On pourra gagner des déplacements sur le monde, des fragments de lumières, des dés et des relances... Et si je parle de dés, c'est justement parce que ces pouvoirs sont déclenchés par des résultats de dés !
Et comme de par hasard, le choix des cartes est également associé à un pool de dés qui pourra être parfois bien plein ou carrément vide. Alors on hésitera à prendre cette carte géniale mais qui n'apporte aucun dé pour ce tour.
En effet, ces dés retourneront, une fois utilisés, au dessus des cartes pour la manche suivante. Certains seront quand même permanents. Enfin presque ! En effet, ce sont justement ces personnages-là, en général, qui auront tendance à mourir selon un certain jet de dés.
Tout cela s'imbrique dans une mécanique très subtile où il faut, selon moi, développer un "moteur" d'actions lié à nos résultats de dés. En effet, un symbole de dés obtenu après un lancer sera valable pour déclencher TOUTES les cartes qui les utilisent !
Là où c'est également original, c'est que certains pouvoirs demanderont de ne PAS obtenir certains résultats.
Le jeu se veut relativement rapide avec une durée d'une heure environ, mais franchement je n'ai pas vu le temps passer. Bien que je n'ai pas tout essayé chez nos amis de Bombyx, la mécanique de celui-ci fut un vrai coup de coeur !
Il faut dire qu'il est, en plus issu, d'un auteur dont j'apprécie particulièrement un jeu. Je parle de Cedrick Chaboussit, auteur de l'excellent Lewis & Clark.
Tu imagines ou tu rêves ?
Bien entendu, un passage chez Bombyx ne pouvait se faire sans évoquer l'un de leur jeu phare : Imaginarium !
Vous connaissez ? C'est ce jeu au look steampunk où il faut réparer des machines étranges pour obtenir la victoire en payant des ressources elles-mêmes produites par certaines machines et en utilisant aussi leurs pouvoirs.
Comme on est dans un monde un peu déjanté et imaginaire, il était évident d'ajouter une extension qui nous propulse dans les rêves. Ainsi, dans Imaginarium : Chimera, un plateau sera ajouté pour voyager dans le monde des rêves afin d'obtenir des ressources et des points supplémentaires. Mais au bout du rêve, la partie pourra s'achever plus vite que prévu !
L'extension contient aussi de nouvelles machines qui viendront aussi agir sur les rêves, mais on y trouve aussi un nouveau personnage, Bruna Siporex (oui, oui, il y a une allusion aux auteurs, bien évidente).
Tout cela est déjà très bien, mais la meilleure idée, selon moi, vient de la possibilité de jouer en équipe ! Et oui, vous avez bien lu ! D'ailleurs, c'est seulement dans ce mode que l'on pourra jouer jusqu'à 6 et sans trop ralentir le jeu. Je vous laisse imaginer les complots et les stratégies qui vont se forger derrière les paravents.
Bref, du nouveau matos, de nouvelles mécaniques et un nouveau mode de jeu ! What else ?
À ce "what else", j'ai très envie de répondre que Bombyx nous réserve une autre surprise pour Imaginarium... Mais si j'en parle de trop, je serais définitivement banni de Quimper sur plusieurs générations et je préfère entretenir notre duo, vu que je crèche pas très loin. Tout ce que je peux dire, c'est que je l'ai joué et c'est super !
Go to the future !
La journée s'est terminée par la découverte de quelques futurs jeux pour les deux années à venir, dont un qui m'a particulièrement titillé, puisqu'il est issu du cerveau perfectionniste d'un auteur qui fourmille d'idées. Vous l'aurez deviné, je parle de Yoann Levet, celui qui a mis les fourmis à l'honneur dans un jeu expert nommé Myrmes (que je vous conseille au passage)
J'avais déjà vu des photos du prototype avant qu'elles ne disparaissent. C'était une gestion de cités dans un monde médiéval avec plein d'ingéniosités mécaniques. Et quelle ne fut pas ma surprise de le retrouver dans "Humanity" (nom actuel et pas forcément définitif) avec un thème futuriste sur la colonisation du satellite naturel de Saturne : Titan. Il sera question de ressources, de tuiles à activer, de trucs à tourner. Bref ça fleure bon les noeuds au cerveau.
En tous cas, après l'excellent Myrmes, inutile de vous faire un dessin pour vous dire que j'attends Humanity avec impatience. Ça va être dur d'attendre, mais gardez bien ce nom en tête : "Humanity". Il devrait faire parler de lui !
On retrouve aussi un jeu, également de construction de cités, cette fois dans l'Asie antique, issu de deux auteurs qui sont de véritables machines à prototypes, mais aussi des nominés à l'As d'or avec Twin it, réalisé de concert avec Tom Vuarchex. Je parle bien sûr de Nathalie et Rémi Saunier. Je n'ai vu que la version de travail, mais je pense que le jeu sera très beau avec une petite saveur de jeu abstrait... A suivre !
Enfin, un type de jeu commence à faire surface, utilisant une nouvelle mécanique où il faudra "déchirer" une feuille représentant son royaume selon des contraintes imposées par quelques cartes. Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de l'essayer faute de temps. Non, pas taper !
Comme il se faisait tard, j'ai profité de la nuit tombante pour me faufiler par derrière et éviter de laisser toutes traces de mon passage en ce lieu où cela fait tant de bien de jouer autour d'une table. De toutes façons, je ne pourrais pas dénoncer quelqu'un puisque nous étions tous masqués. Je repars avec le plein de bonheur, et en même temps un peu d'amertume car le temps va paraitre bien long pour retrouver tous ces jeux.
Merci à toute l'équipe de Bombyx pour leur accueil chaleureux !
Tapimoket