[Dépar]
Sur ce par 3, c’est birdie ou rien !
Rien de plus difficile que de réaliser une simulation sportive. Parce que le sport, forcément, y a des gens qui connaissent à mort. Pas comme le siège d’un château médiéval ou l’érection d’une cathédrale, par exemple. Le sport, chacun en a sa vision : un match de foot, c’est selon, une partie d’échecs, un combat ou un spectacle qui se regarde à la télé avec une bière à la main, voire les trois à la fois. Alors, simulation ou jeu d’ambiance ? Situer le curseur est toujours délicat pour le créateur du jeu de société sportif. Et le sport, en plus, a ses fanatiques qui ne supportent pas qu’ils manquent la moindre règle parce que sinon, ce n’est plus du sport. Globalement, hors des courses automobiles, rares sont les jeux à avoir connu le succès. Sur la masse de jeux qui sortent chaque année, il y a d’ailleurs peu de jeux sportifs.
Tenter de retranscrire une partie de golf avec un mécanisme basé sur les dés, comme le tente “Dépar” est forcément une gageure. Parce que les golfeurs vous le diront, le golf n’est pas un jeu de hasard. Surtout pas. De la technique, de la concentration, oui, de la chance un tout petit peu, bon allez oui parce que la balle qui roule dans un bunker ou s’arrête juste à côté, c’est tout de même différent. Mais au moins, avec vos huit dés en main au départ de ce par 4, pas besoin de se soucier de son handicap, tout le monde part sur un pied d’égalité.
Revenons tout de même au jeu. “dépar” est donc une simulation de golf destinée d’abord et avant tout aux amateurs de la petite balle blanche. Les autres peuvent directement passer à autre chose. Par contre, pour ceux qui font la différence entre un bois 3 et un hybride, un obstacle latéral et un frontal, qui savent ce qu’est le green et le rough, il y a matière à y jeter un œil intéressé.
Vous êtes au départ du trou numéro 1 pour un match-play avec de un à trois adversaires et vous lancez vos huit gros dés, de la main gantée de préférence. Le premier, le dé pro/am va vous indiquer quelle valeur vous allez devoir faire apparaître sur vos cinq dés de parcours. Un exemple est toujours plus parlant : le dé pro/am indique un 4. Sur ce par 4, en quatre lancers maximum, il faudra obtenir un carré de quatre pour faire le par. Sur un par 3, en trois lancers, il faut faire un brelan et sur un par 5, une suite. Restent deux autres dés : les dés obstacle et défi qui selon l’endroit, simulent le rough, les bunkers, le hors-limite, etc. Tomber dans un obstacle oblige à faire son prochain lancer avec moins de dés.
En soi, réaliser un brelan, un carré ou une suite peut sembler limité. Et cela l’est si on n’avance pas un peu plus dans les règles. Elles permettent de créer un véritable parcours de 18 trous avec ses différents obstacles. Par exemple, une pièce d’eau qui protège l’accès du green ne pourra pas être rencontrée sur le fairway et ce résultat serait alors ignoré et remplacé par le mental. Il existe aussi des bonus pour les coups en régulation, les birdies et autres coups sous le par et la possibilité de tenter des coups difficiles, histoire de mettre la pression sur ses adversaires. Il n’en reste pas moins que “Dépar” reste un jeu de dés avec tout le hasard que cela comporte.
L’intérêt de “Dépar” se fait sentir, comme sur un véritable match-play, sur 18 trous. Avec un peu de retard, faut-il prendre des risques sur le prochain par 5 ou au contraire attendre la faute de l’adversaire ? Il est juste dommage qu’avec la version de base du jeu, chacun joue à son tour l’ensemble de ses coups pour un même trou. Alors que jouer simultanément, comme en vrai, apporterait un plus indéniable. C’est possible mais avec un investissement supplémentaire. Bien intégrer les règles demande un peu d’habitude et même un golfeur risque de s’y perdre un peu lors de sa première partie.
Le jeu est disponible sur le site de l’éditeur, et ne semble achetable que par ce biais au prix de 20€.
“Dépar”
un jeu de Julien Selz
pour 1 à 4 joueurs
à partir de 7 ans
édité par Imagiciel
prix conseillé : 20€
disponible via internet