Quelle est donc cette silhouette encapuchonnée qui rase les murs dans les coins les plus sombres du Palais du Sultan ? Non, vous n’êtes pas en train de lire la chronique consacrée à un nouvel épisode de Assassin’s creed, car il s’agit bien de Destin de voleur, la dernière nouveauté à sortir début juin chez Super Meeple.
Ici, point question de trucider son prochain, mais plutôt de dérober des richesses dignes de la caverne d'Ali Baba. Alors que vous étiez sur le point de vous emparer d'un mystérieux sablier caché au milieu des pierres précieuses et des lingots d'or, vous voilà envahi par un étrange pouvoir, celui de voir les différents chemins de votre destinée. Connaître son avenir, c'est bien... arriver à le maîtriser pour éviter de finir dans les geôles du Palais c'est mieux.
Le futur se conjugue au présent...
Vous voilà ainsi devenu un des avenirs possibles du monte-en-l'air des 1000 et 1 nuits. À vous de proposer l'aventure la plus palpitante tout en limitant les dangers. Mais vous n'êtes pas le seul destin possible, vos concurrents ont eux aussi des péripéties à proposer.
L'aventure que vous allez construire se fera à travers trois types de cartes : les lieux traversés, les personnages rencontrés et les évènements déclenchés.
Au fur et à mesure de la partie, ces cartes vont passer de votre futur vers votre présent dans lequel elles pourront être activées pour ensuite finir dans votre passé.
Toute la mécanique créée par les auteurs grecs Konstantinos Kokkinis et Sotirios Tsantilas repose sur la planification de l'ordre d'entrée et de sortie des différentes composantes constituant le destin, l'optimisation des combos entre récupération et utilisation des ressources, des opportunités apportées par le lieux et des objectifs fixés par les évènements.
... qui lui même se prédit au passé.
Même si le jeu n'est pas à proprement dit très porté sur l'interaction, on peut toutefois noter quelques efforts dans ce sens avec une pincée de draft des cartes en début de manche et quelques petits pouvoirs taquins de personnages permettant de voler des ressources dans le futur des autres joueurs.
Mais le véritable adversaire à affronter c'est soi-même. Quand on s'est construit un petit combo qui tourne bien et rapporte quelques points à chaque manche, il est difficile de se faire à l'idée de détruire cette mécanique patiemment montée pour en envoyer les éléments dans le passé. Alors on est tenté de tergiverser, de choisir des nouvelles cartes pour la seule raison qu'elles vont permettre de conserver ses favorites dans le présent, bref de commettre une erreur fondamentale dans ce jeu : ne pas obéir à la nécessité du changement !
Sans le revendiquer, Destin de voleur est un peu une leçon de vie, celle de la capacité à sortir de son confort pour aller de l'avant. Car il va bien falloir profiter des opportunités qui se présentent à travers les nouvelles cartes proposées dans les manches successives, et par conséquent sacrifier celles du présent. Cette action est d'autant plus nécessaire que les cartes mises dans le passé rapportent les points indispensables à la victoire finale.
Imagine t'on une aventure épique où le héros rencontrerait toujours les mêmes personnages dans les mêmes lieux pour effectuer les mêmes gestes ?
Pour vaincre cette tentation de l'immobilisme, Destin de voleur propose d'ailleurs une variante en solo très utile. Offrant des objectifs de fin de partie différents, elle permet de se familiariser avec les stratégies possibles de ce jeu qui s'avère plus riche qu'il n'y paraît.