[Dia Monsters][Get Bit!][Machi Koro][Stupide Vautour]
Tout comme il existe des amuse-bouches, il en est de même pour les jeux de société et ce n’est pas un hasard s’il en est beaucoup qui nous viennent du pays du soleil levant. Ce qui est notable c’est que les auteurs japonais semblent particulièrement friands de « guessing », à savoir cet effet du « je pense que tu penses que… ». On pourrait surement en tirer quelque information ethnologique ou culturelle mais je vais me contenter de vous présenter ce nouveau mini jeu japonais de Suganuma Masao dont vous pourrez retrouver la production sur sa fiche d’auteur en remarquant que c’est également l’auteur de l’adorable « Minivilles » à paraître prochainement chez Moonster Games.
Je suis bien obligé de vous parler de la filiation avec « Croc » mais surtout avec « Stupide Vautour », le premier jeu à présenter cette façon de jouer de manière aussi puissante que pure. Ce qui en a surpris quelques uns. Le principe est limpide. Les joueurs disposent des même éléments de départ et devront choisir au mieux un de ces éléments (une carte) pour remporter un gain. Mais certains éléments s’annulent. Deux cartes identiques par exemple dans le jeu de monsieur Alex Randolph. Il faut donc essayer de savoir ce que va choisir l’adversaire. Un dilemme du prisonnier mais qui n’aurait pas vraiment d’équilibre.
Deux grandes écoles de comportement s’affrontent alors. Ceux qui se fient à leur empathie et leur déduction pour effectuer leur choix et ceux qui pensent qu’il n’y a pas matière à réfléchir, la chose étant trop incertaine, et qui pensent qu’au final cela revient à du hasard complet. Et avec en général le jugement associé : jeu sans intérêt.
Je me souviens qu’ici même (ou plutôt sur les forums de Tric Trac) s’était tenue une longue et très animée discussion dont le thème était « le Chifoumi, hasard ou pas ? ».
De fait, ce jeu traditionnel de combat à hiérarchie tournante, n’use pas d’outil générant le hasard comme les dés ou les cartes. On peut donc en conclure que le choix d’un geste plutôt qu’un autre est décidé en fonction d’éléments personnels et donc pas aléatoires même si les éléments de choix sont inconscients au joueur. D’autres argueront que l’absence d’éléments tangibles de décision fait que même si celle-ci est le fruit d’une réflexion, cette dernière n’ayant pas assez d’éléments concrets, son résultat qu’on parle ou pas de hasard en tant que tel en est concrètement l’équivalent.
Plus radical encore, ou plus visionnaire, d’autres pensent qu’au final, le lancement d’un dé répond à des incidences physiques impérieuses qui n’ont rien d’aléatoires et que c’est juste leur complexité et notre incapacité à les appréhender qui nous donne cet effet de hasard. En poussant un peu : le hasard n’existe tout simplement pas. Le chaos par contre… Mais c’est un autre débat.
Il y a toutefois peu de chance que les enfants qui joueront à « Dia Monsters » se posent ce genre de question même s’ils vont baigner au cœur de ce mystère.
« Dia Monsters » est constitué de cartes de monstres. Des monstres d’une valeur de 1 à 5.
En début de partie, chacun va recevoir une série de monstres de 1 à 5. Le reste formera la pioche du jeu.
Le but du jeu est de se faire copain avec trois monstres identiques ou d’avoir cinq diamants.
Pour cela, faisons entrer un monstre copain. Piochons la première carte de la pioche qui représentera notre ami convoité. Les diamants apparaissent sur certaines cartes de monstres mais nous allons voir ça tout de suite.
Les deux 5 s’annulent, le 3 remporte la manche en gagnant un copain 3
Chaque joueur choisit une carte de sa main et la joue face cachée. Quand tout le monde a joué, on révèle.
Le joueur qui a joué la carte de monstre la plus forte remporte le copain avec le vainqueur mais…
- Le monstre 5 est donc le plus fort sauf qu’il est éliminé si un monstre 1 apparaît.
- Le monstre 4 est pas mal fort mais une fois dans notre défausse il mange (annule) 2 diamants.
- Le monstre 3 est assez moyen. Très utile mais sans pouvoir
- Le monstre 2 n’est pas costaud mais il possède 2 diamants
- Le monstre 1 est le plus petit, il possède 2 diamants et adore croquer les monstres 5.
L’autre chose qu’il faut savoir est que, tout comme dans « Stupide Vautour », les cartes identiques s’annulent.
Et voilà vous savez tout !
Le jeu est assez bien adapté aux petits qui ne se poseront pas trop de questions. Les grands pourront s’exercer au guessing simple, double ou triple. Un des intérêts, en plus de son exotisme, tient à son thème et habillage graphique trop choupi qui attirera les uns en faisant fuir les autres.
Si vous ne trouvez pas facilement, et ce sera le cas, voici une bonne raison de remettre le nez dans « Stupide Vautour » ou « Croc ».
« Dia Monsters »
Un jeu de Masao Suganuma
Illustré par Noboru Hotta
Publié par Grounding
2 à 6 joueurs
A partir de 5 ans
Langue de la règle: Japon
Durée: 5 minutes
Prix: 18,00 €