Juvénilité !
Essen 2010.
Chers gens, nous avons fait un bon voyage et nous profitons d’une petite pause pour vous écrire. Ce n’est que demain que le salon ouvrira ses portes (enfin du moins quand j’écris ces mots) mais aujourd’hui nous avions rendez-vous pour la conférence de presse que je n’y comprend jamais rien vu que j’ai découvert à la fois très tôt et trop tard que d’avoir un oncle autrichien par alliance n’allait pas me donner de facilités héréditaires dans l’apprentissage de la langue de Goethe. Cette frustration infantile n’excuse en rien cette lacune que je compense en m’asseyant à côté du monsieur Guido du Trictrac local. Hélas, une autre croyance enfantile m’avait également laissé penser que de naître à quelques encâblures des machines à sous de Brighton m’accorderait le droit de sécher les cours d’anglais.
Ce n’est donc que parcimonieusement que je suivis le discours et fut très frustré de ne pas voir les enfants grimpés depuis quelques temps sur l’estrade se mettre à chanter.
Il faut vous dire que la Ruhr est en ce moment la région culturelle annuelle de l’Europe. Il y a donc nombre de manifestations et notamment des démos et des ateliers de créations de jeux dans les écoles. Ceux-là d’enfants avaient donc gagné une grosse piles de jeux qui, une fois découverte, réveilla une petite envie de "pougnage" de « celui-là, je le veux » qui brisa un peu leur sage prestation. Oh ! Ne leur en voulez pas. Cela dura à peine quelques secondes et serait passé inaperçu sans le rire bienveillant de quelques adultes venus ponctuer cette virgule d’enthousiasme égotique dans cette sage représentation.
Aussi bref que ce fut, le monde du jeu des professionnels retrouva en cet instant chéri la puérilité qui fait son charme. Puérilité ? Je vous taquine. J’emploie à dessein le mauvais mot. Celui qui est adapté, amateurs de la chose ludique est juvénilité.
Vous pouvez vous gausser, vous en défendre, vous draper dans la potacherie qui épice nos propos ici-même et s’accouple avec un délice non feint à la puérilité, c’est la juvénilité du jeu que je veux défendre.
Tout ces gens très sérieux qui assistent à cette scène, vont comme nous, se diriger ensuite vers les salles d’expositions où les ingénieux et prévoyants organisateurs ont fait installer tous les jeux nouveaux de ce salon 2010.
Les attachés de presse, animateurs, médiateurs, auteurs, éditeurs sont là près à recevoir une foule de journalistes pressés désireux de se repaître de ce condensé de salon au tripe galop.
Et nous allons faire de même, pour voir, pour vous montrer ce catalogue d’images de l’intégralité des jeux Essen 2010. On va se pousser, se tordre pour éviter le reflet qui réussira quand même à passer par l’objectif. On se contorsionne, on s’entrechoque les fesses en reculant, on s’enfile des tables de présentation en frustrant les présentateurs de nos désirs d’images où les mots deviennent des freins.
Une orgie de sorties ? Peut-être un peu.
Ceci est un autre propos. Car dans les regards échangés, ceux des regardeurs, ceux des capteurs d’images. Je vois la même lueur que celle qui animait les yeux des enfants découvrant leur grosse pile de jeux. Puérilité ? Non ! Juvénilité.
Du plaisir parfois camouflé sous la posture du pro.
Combien de jeux y a-t-il ici ? Environ 300. A la louche, l’envolée…
Plus tard, en bas, nous retrouvons les exposants s’appliquant à monter les stands, aligner les boîtes. Des pros eux-aussi, pas encore portés dans la grande vague de l’ouverture au public. Et là aussi, tantôt offerts, souvent cachés des lueurs, des pétillements. Il n’y a qu’à bien regarder.
Le jeu va-t-il plaire ? Le stand est-il accueillant ? Le matériel est-il près ?
Certains font ça depuis des années. Parfois l’enjeu est important. Parfois la routine s’installe. Mais à un moment, on voit l’éditeur tâter le carton de la boîte, prendre du recul devant le décor, relire la règle pourtant définitivement imprimée sur le papier qui sent encore l’encre.
L’étincelle est revenue.
Voilà donc juste un grand défilé de boîtes. Lesquelles vont allumer l’étincelle chez vous ? C’est la question silencieuse mais palpable qui fait que nous sommes encore là ensemble. Près pour le défilé ?
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