Voici une nouvelle histoire à base de projet participatif, de Kickstater qui sent bon la réussite du projet bien mené avec du français dedans, Monsieur. Oui. Ce qui d’ailleurs peut-être étonnant, voire déroutant, et surtout, qui laisse présager un changement de comportement, un changement de philosophie, de rapport à l’édition, à la production, à l’entreprise, à la mondialisation et tout ce genre de choses… Et, ce qui est beau, c’est que le jeu de société, considéré comme ringard ou infantilisant par la masse qui ne soupçonne pas la force de ce secteur, la chose ludique donc, est à la pointe sur ce terrain.
La cité des voleurs.
Cadwallon est l’une des villes célèbres du monde de Aarklash. Elle est la Cité des voleurs. Les figurinistes et les joueurs de jeux de rôles sont sans doute plus au fait de ce qui se trame dans ses ruelles sombres. Normal. Aarklash est à l’origine un univers d’héroic-fantasy créé par Rackham, en 1996, pour leur jeu de figurines « Confrontation ». Puis il y aura le jeu de rôle répondant simplement au nom de « Cadwallon », avec moult suppléments et tout ce qu’il fait pour avoir un background qui tienne la route.
Mais, amateurs de jeu de plateau que nous sommes n’ont pas été ignoré. Nous avons eu droit à « Hybrid » en 2004, jeu dont certains des auteurs ont créé depuis « Zombicide » . « Hybrid » est (était) un bon gros jeu de plateau à l’américaine avec des figurines. Plein. Plus récemment, en 2010 pour être précis, nous avons eu « La Cité des Voleurs » de Pascal Bernard et Laurent Pouchain édité par feu Hazgaard. Là aussi, les figurines et les combats étaient au rendez-vous. Et bien voilà que déboule « Guilds of Cadwallon », un jeu avec des figurines, mais qui n’est pas un jeu de figurine. Ça, c’est le miracle Kickstarter.
Un projet participatif.
« Guilds of Cadwallon » est un jeu signé Charles Chevallier et Gaëtan Beaujannot. Deux Français donc. CoolMiniOrNot en est l’éditeur, c’est eux qui ont porté le projet sur la plateforme Kickstarter. Et CoolMiniOrNot, c’est… « Zombicide ». Du coup, si je vous dis que le jeu avait un objectif de base de 5 .000$ pour être édité et qu’il a atteint en 18 jours 116.938$, vous ne serez pas surpris. Non. Tout cela est très normal. Plus de 2000%, on est dans de la normalité là.Mais ce n’est pas le plus fort. Non. Les bons projets proposent des paliers, des « goals » comme disent les spécialistes, et avec des sommes pareilles, vous imaginez bien que tous les « goals » ont été atteints, dépassé, explosé. À tel point que ce n’est pas une boite qui a été éditée, mais deux. Une petite. Normale. Classique. Format « Citadelles », et une de luxe, juste plus grande pour contenir quelques éléments supplémentaires, comme des figurines (encore) et un plateau. Oui. Nous avions au départ un jeu de placement tenant en quelques cartes, et on se retrouve avec des tas de figurines différentes en plus et des cartes pour jouer jusqu’à 8 -alors qu’à la base c’était 4- et un plateau pour poser les cartes. |
De la folie de la surenchère !
Normalement, les consommateurs devraient hurler au scandale du genre « Kua ?! Kumment !? Un plateau ! N’importe quoi de j’en ai pas besoin, mais qu’est-ce que c’est que cette histoire de vache à lait les éditeurs veulent se faire des sous sur mon dos en augmentant les prix houais !!! ». Sauf que non. Pire. Les joueurs vont couiner parce qu’ils n’auront pas tout ça. Non. Trop tard. Parce que tous ces bonus, ce sont les joueurs qui les ont voulus, qui ont remué ciel et terre à coup de $ pour rajouter ça, puis ça, et tant qu’on y est ça aussi… Plus pire encore, je vous fiche mon billet que ceux qui n’ont pas participé au financement vont hurler « Kua ?! Kumment !? Un plateau ! N’importe quoi de j’en ai absolument besoin, mais qu’est ce que c’est que cette histoire de me priver de ça, je le veux moi, j’ai des sous pleins, houais !!! ». Quel monde de fou, hein.
Un projet financé à hauteur de 2338% !
Un jeu de placement.
Tout cela est bien beau, mais en fait qu’est-ce que c’est que donc que ce jeu se demande les puristes, car c’est tout de même la mécanique qui fait un jeu. Et ils ont sans doute un peu raison. « Guilds of Cadwallon » est un jeu de placement, simple et rapide. Au départ, le jeu simple est pour 2 à 4 joueurs à partir de 10 ans pour des parties de 30 minutes. Du classique quoi, en sommes. Les plus riches auront opté pour la version qui permet de jouer jusqu’à 8, mais là, les parties risquent d’être un brin plus longues…
Chaque joueur possède un set de figurines à sa couleur, les agents. En début de manche, on va mettre au centre de la table 9 quartiers de Cadwallon, quartiers contrôler par des guildes. On place donc 9 cartes de façon à obtenir un carré de 3 sur 3 en laissant des espaces pour représenter les ruelles…
Basiquement, à son tour, le joueur actif va poser une figurine dans une ruelle non occupée. Tout simplement. L’idée, c’est qu’une fois que toutes les ruelles sont occupées, la manche prend fin, on regarde alors qui contrôle quoi. Pour chaque carte guildes posée, on va calculer la force de chaque figurine qui l’entoure, le joueur totalisant le plus de force remporte la carte. Mais comment calcule-t-on la force ? Simple, chaque carte guilde possède un chiffre représentant la force qu’elle donne à la figurine placée à côté. Pas la peine de vous faire un dessin, vous l’avez compris, c’est un pur jeu de placement…
C’est tout ?Non. Une fois les cartes récupérées par les joueurs, on replace assez de cartes pour reconstituer une zone de jeu de 3x3 et on recommence. Je dis « on replace assez de cartes pour » car s’il y a eu des égalités, les cartes restent en place… Et c’est tout ?Non ! En fait, vous allez récupérer des cartes, et ces cartes sont parfois spéciales avec des pouvoirs ou pas, des pouvoirs négatifs, des pouvoirs positifs et des pièces d’Or. Parfois peu d’Or, parfois beaucoup d’Or… Et c’est là que rentre en jeu la tactique de l’optimisation avec de la combo… | Mais comment je gagne ?Là, il va falloir jouer malin, parce que vous n’allez pas récupérer les cartes n’importe comment. Parce qu’en fait, le mieux, c’est de récupérer des familles, car plus vous aurez des cartes de la même guilde, plus vous ferez de points. Oui. Puisque vous allez additionner le nombre de pièces d’Or présent sur un type de Guilde et le multiplier par le nombre de cartes que vous possédez dans cette guilde… Mais, car il y a toujours un mais, il y a les « miliciens » qui eux font presque pareil, mais en négatif… Et ça, parfois, les miliciens, on n’en veut pas, mais on en a, parce que comme on est obligé de se placer, parfois on n’a pas vraiment le choix parce que les autres joueurs ne font que vous embêter… |
Mais c’est facile !
Oui. Mais non en fait. Parce que si ce que vous avez à faire à votre tour est le truc le plus simple du monde, à savoir « poser une figurine », la tactique, l’enchainement, la lecture des intentions de vos adversaires et, surtout, la bonne utilisation des pouvoirs des cartes à son importance. Ces cartes spéciales peuvent faire des tas de choses, comme des manipulations sur le plateau, des trucs de fourbes…
Mais ce n’est pas tout.
Afin de changer les parties, de renouveler, de vous obliger à ajuster, il y a la variante avec les cartes « Condition ». Avant de commencer la partie, vous allez tirer une carte « condition » qui va influencer toute la partie, des espèces de genre de contrats qui vont influencer vos choix…
Ok, mais cela donne quoi ?
Pour la première partie, vous allez être un peu perplexe, ne sachant pas trop ce que vont donner vos positions, puis très vite vous allez user de diplomatie pour pousser tel ou tel à se poser là plutôt que là, vous allez pouvoir faire des alliances, mais attendez-vous à des fourberies, à des coups de traitres. « Guilds of Cadwallon » est un jeu simple, mais loin d’être simpliste. Les parties sont très rapides, donc la part de hasard, de chaos inhérent aux cartes est compensée par le fait que vous allez pouvoir enchainer une autre partie et espérer un rééquilibrage de ce satané hasard qui ne va jamais dans votre sens. Mais sachez qu’un bon joueur risque de gagner plus souvent qu’un joueur standard, car il saura optimiser ses choix, ses pouvoirs…
C’est américain, mais français, mais en anglais ?
Pour le moment, il n’y a qu’une version en anglais, mais une VF devrait arriver. Attention, vous ne trouverez normalement dans le commerce que la version petite boîte. Seuls les joueurs ayant participé financièrement auront tous les bonus. Nous n’avons pas de date pour cette Version française, mais cela ne devrait pas tarder…
Si vous voulez en savoir plus, sachez que 2 Tric Trac TV sont sur les serveurs et que ces vidéos vont bientôt être en ligne, si ce texte n’est pas clair, la vidéo le sera. Elle.
► La page du projet sur Kickstarter, c’est par là !
« Guilds of Cadwallon »
Un jeu de Charles Chevallier et Gaëtan Beaujannot
Pour 2 à 4 joueurs (voire 8 avec la boîte de luxe)
à partir de 10 ans
Pour des parties de 30 minutes
édité par CoolMiniOrNot et Legacy games
Prix : autour de 20€
Sortie prévue : en anglais déjà là, et en français bientôt…
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