Recouvert d’une couverture de laine, Arthur se réveille en sursaut. Il est quatre heure du matin, il fait encore noir et la chambre dans laquelle il dort sur le plancher est encore très froide. Chaque expiration qu’Arthur fait est accompagnée d’une fine bruine. Arthur sait que la génératrice ne parvient pas à fournir suffisamment d’énergie pour alimenter le chauffage électrique dans toutes les pièces de la colonie. Sa chambre, située à l’écart des pièces centrales a toujours été plus froide que les autres. Mais Arthur la préférait à celles situées plus près du salon, envahies par la chaleur du bois qui était consommé lentement dans le grand foyer en pierres. Cette chaleur attirait beaucoup de gens et Arthur n’aimait pas s’entourer d’inconnus. Il trouvait insupportable d’écouter les plaintes régulières de ces individus se croyant tous meilleur que les autres. Certains étaient aussi devenus téméraires et leurs discours frôlaient souvent la folie. Arthur savait qu’il était mieux pour lui de s’isoler dans la petite chambre noire au fond de la colonie que personne ne voulait. De cette façon, il pouvait songer tranquillement à ces prochaines actions et tirer quelques heures de sommeil bien méritées. Le froid était seulement pour lui un tout petit prix à payer pour la quiétude.
Mais cette nuit était différente. Habituellement, le bruit seul de la génératrice n’est pas suffisant pour perturber le sommeil du sexagénaire. Là il y avait autre chose, il y avait du chahut et de l’agitation. Après avoir repris ses esprits, Arthur était maintenant capable de différencier les bruits et les échos. Il le savait trop bien ce qui se passait et d’un bond, l’homme se leva du sol, un peu courbaturé, et rejoignit un groupe de personnes attroupé devant le foyer.
« Il y en a de plus en plus ! Un jour ils seront trop près de nous et ce jour-là il sera trop tard ! » dit une voix féminine. « Nous n’avons pas le choix d’aller en chasser, c’est eux où c’est nous! » repris un homme tout masqué de noir. C’était ce genre d’individu qu’Arthur tentait d’éviter. Mais plus les gens s’agitaient, plus Arthur savait qu’il devait intervenir. Ancien directeur d’école, Arthur avait acquis des compétences nécessaires pour s’immiscer et agir pour le bien de la colonie. Il avait déjà compris qu’une nouvelle excursion se préparait pour aller chercher des provisions. Par contre, cette fois ci le groupe parlait d’attaquer ce qui n’avait jamais été question antérieurement.
« Vous voulez attaquer, c’est facile à dire mais comment voulez-vous vous-y prendre » lança Arthur. « Nous avons absolument rien pour les affronter! Et vous savez très bien qu’une seule morsure de ces êtres immondes va vous changer à jamais. Vous deviendrez un risque pour la colonie et tous les gens ici présent! » continua le directeur d’école.
« Je maitrise l’art ancien du ninjutsu ! Je peux tuer sans même me faire toucher! Je ne prendrai pas le risque que ces zombies viennent nous manger dans notre sommeil. Si je meurs, je vais mourir en combattant! » s’énervant l’homme masqué. Sois qu’il est fou ou soit qu’il est vraiment un ninja se disait Arthur dans sa tête. Arthur voyait bien la détermination du jeune homme et savait qu’il ne pourrait l’empêcher de quitter la colonie. Il était vrai aussi que les provisions manquaient. Avant qu’il y ait plus de gens qui s’affole, ce qui peut arriver très rapidement dans ce genre de contexte, Arthur savait qu’il était temps d’agir.
« Nous allons y aller, toi et moi » dit-il à l’homme masqué. « Ensemble nous iront explorer l’école pour des vivres ». L’école, Arthur la connaissait très bien pour y avoir passé plusieurs années de sa vie. Il savait qu’on y retrouverait des vivres, des médicaments et différents outils pouvant être utiles pour la colonie. « Avec tes talents de ninja, tu pourras me défendre en cas d’attaque et en tuer quelques-uns en même temps comme tu le désire. Mais sache que ce ne sont pas tes talents qui vont m’empêcher de te laisser derrière si jamais tu te fais mordre » dit Arthur à l’homme masqué qui n’écoutait que d’une seule oreille, amassant déjà le matériel nécessaire pour l’excursion. « Pas de trouble le vieux » finit-il par soufflé.
« Je viens avec vous » s’écria Carla penchée près du feu. Cette femme vêtue d’un manteau jaune ne passait pas inaperçue. Non pas en raison de la couleur jaune de son vêtement mais par la grande quantité de sang séché qu’on y trouvait sur celui-ci. Tout le monde connaissait l’histoire horrible de la femme en jaune. Tout le monde savait que le sang qu’elle garde sur son manteau est le dernier souvenir de son défunt fils. Personne cependant n’avait osé lui demander ce qui s’était vraiment passé mais tous s’imaginaient sans difficultés l’horreur qu’elle avait vécue. Il n’est pas dur dans les temps présents de se construire tout de sorte de scénarios macabres depuis l’arrivée de ces monstres.
« Je suis ancienne réceptionniste au poste de police qui se situe tout près de l’école dont vous mentionnez. À l’intérieur nous trouverons des armes et des munitions pour nous défendre et défendre la colonie et je suis la seule qui connaisse le code» dit-elle pour argumenter sa présence nécessaire dans le groupe d’aventurier. « Je viens avec vous » lança à nouveau Carla et cette fois en s’avança d’un pas très convaincu vers Arthur qui ne pouvait lui refuser sa demande. Il savait que rester dans la maison ne l’aiderait pas, il se doutait bien qu’elle faisait cela pour s’éloigner de ses affreux souvenirs, comment lui refuser une telle demande se demanda t’il ?
« D’accord, nous partons les trois ensemble, amener le moins de matériel possible, nous devons être légers et rapide » répondit le ninja. Carla n’avait rien d’autres que son manteau jaune, vestige de son passé sombre pas très lointain, qu’elle enfila délicatement pour éviter d’y extirper le sang alors qu’Arthur termina ses préparatifs.
Le groupe ouvrit la porte du campement en scrutant attentivement les lieux extérieurs, routine que les gens ont développé assez rapidement dans les derniers mois. C’était une belle journée d’hiver, pas de tempête à l’horizon. Le ninja pris les devants de l’excursion suivi de quelques centaines de mètres plus loin par l’ancien directeur d’école et l’ancienne réceptionniste tous deux peu volubile, rêvant probablement d’être au boulot en cette journée plutôt qu’être pris dans cette randonnée tant obligatoire que dangereuse.
Bien loin dans leurs pensées, les deux survivants n’avaient pas remarqué que les traces du ninja s’étaient multipliées. Ce n’est qu’à la vue de la première goutte de sang, encore fraîche sur le sol blanc, qu’ils réalisèrent trop tard, que l’aventure en serait probablement une de courte durée. À ce moment, des frissons parcoururent le corps entier d’Arthur. N’ayant pas d’autres endroits à aller et d’une attitude d’abandon, Arthur et Carla suivirent les traces de sang pour bientôt y trouver au sol un masque noir et un livre imbibés de sang. Toujours pas de signe du corps du ninja. C’était clair pour les deux héros que l’homme masqué n’avait pas survécu car le sang d’un zombie n’est pas aussi rouge que cela. C’était malheureusement le sang frais du ninja.
Pourquoi l’homme masqué avait-il apporté un livre lors de la randonnée ? se questionna le sexagénaire. Arthur pris alors le livre et essuya, avec de la neige fraiche, les caillots de sang présents sur la couverture pour y découvrir son titre. On pouvait y voir gravé, « Les arts martiaux du moyen Orient ». C’était un livre dans lequel on expliquait plusieurs techniques d’arts martiaux. Assez bien illustré, Arthur pris le livre et le rangea dans son manteau sous le regard encore terrifié et songeur de Carla.
Pour Arthur, le regard de la jeune femme lui foutait la trouille et ce même lorsqu’il était dans la maison. Il n’a jamais eu confiance en cette femme. Il ne pouvait s’empêcher de penser qu’une mère ayant perdu son enfant n’a plus rien à perdre. Il craignait beaucoup sa présence. Il craignait qu’elle adopte des comportements téméraires pouvant nuire à la colonie. Le regard qu’elle lui faisait actuellement venait amplifier sa méfiance envers la femme au manteau jaune.
Alors qu’Arthur serrait davantage ses doigts autour de sa lampe de poche enfouit dans la poche de son manteau, l’homme fut ramener à la mission par les cris de cette même femme. « Je la vois, l’école, elle est là » cria Carla. « Vite quittons ces lieux, oublions le fucké avec son masque et entrons dans l’école ». Bien qu’il ait ses doutes, Arthur ne pouvait être contre l’idée sensée de la jeune femme. Il n’était pas question d’aller à la recherche d’un ninja devenu zombie (hummm, il y a un peu de Smash Up dans ce jeu! Haha)
Comme prévu, l’école fut une source plus qu’acceptable de provisions et d’outils multiples. Ils dépouillèrent l’endroit de tout équipement utile pouvant être ramené facilement à la colonie. Après avoir recueillis le matériel nécessaire, Arthur proposa à Carla de partir immédiatement pour le chemin du retour. Arthur ne croyait pas pertinent de risquer davantage sa vie et la réussite de l’expédition par une visite au poste de police. Mais Carla n’en démordait pas. Fronçant à nouveau ses yeux, elle ne pris pas le temps d’argumenter et se dirigea vers le poste de police, situé à moins de 500 mètres, d’un pas décidé. Cette attitude ne fit qu’exacerber les doutes d’Arthur envers la femme. De plus en plus, il était convaincu qu’elle avait un agenda autre que celui pour lequel elle s’était portée volontaire. L’expédition au poste de police n’était plus nécessaire, du moins pas pour aujourd’hui et pas pour la survie de la colonie. Mais comme elle était déjà partie et qu’elle s’éloignait de plus en plus alors qu’il pensait à tout cela, Arthur n’a pas eu d’autres choix que de la suivre. Elle transportait beaucoup de provisions qui seraient très utile pour la colonie. Il devait donc la suivre et tenter de la convaincre à nouveau de rebrousser chemin.
Pressant le pas pour la rattraper, l’ancien directeur d’école trébucha sur un cadavre de zombie, bien dissimulé sous la neige tombée la veille. Rien d’inquiétant car Arthur a constaté très rapidement qu’il était mort. « Un zombie mort », Arthur sourit pendant un moment à l’idée de voir un zombie congelé. Il fut cependant rapidement distrait de sa pensée par la douleur atroce qui provenait de sa cheville droite. Elle était mal en point, probablement foulée ce qui expliquait la difficulté d’y mettre du poids. Arthur s’esclaffa « même mort, ces putains de zombies sont dangereux ». Carla, n’étant pas témoin de l’accident, était déjà dans le poste de police.
Réussissant de peine et de misère à sauter sur sa bonne jambe dans une couverture de neige pas trop épaisse, une chance, Arthur parvient à se rendre à l’intérieur du poste de police sans trop se plaindre pour éviter d’attirer les monstres. Arthur, se mit lui aussi à fouiller les pièces adjacentes à la réception. Il ne pouvait aller bien loin en raison de sa cheville endolorie. Le motif de sa recherche n’était d’ailleurs plus la découverte d’armes mais bien de médicaments. « Il doit bien y avoir des médicaments ou des calmants » se dit-il alors qu’il ouvre tous les tiroirs qu’il croise. Alors qu’il est sur le point de crier pour faire sentir sa présence à Carla, se retenant jusque-là en raison des doutes à son égard, l’homme, qui semble avoir vieillis de quelques années seulement en cette journée, se penche sur le dernier tiroir métallique, déjà entre-ouvert, et trouve ce qui semble être une trousse de médicaments. Un peu abasourdit par sa la fatigue et la douleur, Arthur prend une des seringues pleines qu’il vient de trouver et se l’injecte dans le bras croyant, sans réfléchir, qu’il s’agit d’un antidouleur. Bientôt, Arthur est envahi d’une chaleur réconfortante, ses paupières se ferment lentement l’entrainent dans un état de douce euphorie. Étrangement, Arthur ne pense plus à la mission, à la douleur de sa cheville et à la souffrance des derniers mois. Il ne ressent que la quiétude monter en lui et il finit par s’endormir.
Réveillé par le bruit que fait Carla dans sa recherche, Arthur n’a plus du tout le même sentiment de bien-être qu’il y a 2 heures. Bien au contraire, il se sent nauséeux et les douleurs sont maintenant insupportables. Chaque armoire que Carla ferme lui résonne dans la tête et augmente son impatience envers la jeune femme. « Je vais lui rajouter du sang sur son manteau à celle-là » se surprend de penser Arthur. Alors qu’il parvient tout juste à se relever debout, malgré la douleur atroce à la cheville, voilà que Carla se dirige droit vers Arthur d’un pas rapide et sort un pistolet de sa poche. « Regarde Arthur, j’ai trouvé ce fusil et des munitions pour ramener à la colonie. Nous allons maintenant pouvoir nous défendre plus facilement contre les zom…». Carla n’avait pas eu le temps de finir sa phrase que le directeur d’école lui asséna un coup de lampe de poche d’une violence démesurée entrainant immédiatement une lacération profonde sur le côté de la tête. Un jet de sang jaillit dans la figure d’Arthur qui enchaina à nouveau de nombreux coup à la tête de la jeune femme au manteau jaune qui gisait maintenant au sol semi consciente. Arthur avait plus le contrôle de ses actions, poussé à agir uniquement par ses pulsions de survie et par les doutes qui le hantait. À la vue du pistolet, le reflexe fut de frapper. Mais pourquoi frappait-il encore ce corps maintenant inanimé se demanda-t’il ? Est-ce un défoulement, est-ce un état de conscience altéré, une accumulation de tout l’horreur vécu dans les derniers mois ou une pulsion meurtrière refoulée ?
Peut importe maintenant, car Arthur sait qu’il ne reviendra plus jamais au sein de la colonie et que les portes du paradis lui sont maintenant refusées. Essuyant le sang de son visage, l’homme s’assoit à nouveau au sol et, dans un geste calme et serein, s’injecte le contenu d’une seconde seringue. Rapidement, il retrouve l’extase. Plus rien ne le dérange, ni la douleur, ni la culpabilité et ni la horde de zombies, probablement attirés par le fracas du crâne de la jeune femme, qui se jette sur lui. Arthur n’est plus !
Voici comment s’est déroulée l’histoire de mon personnage Arthur dans le jeu DEAD OF WINTER de Plaid Hat Games.
Un très bon jeu coop de zombies avec des éléments d'histoire dont vous êtes le héro. À faire attention, car comme vous avez pus voir, le jeu contient des éléments pour publique mature. Vous devez changer quelque peu le jeu pour pouvoir y jouer avec des joueurs plus jeunes. À part le "down time" entre chaque joueur, c'est un jeu que j'aime beaucoup et que je veux ressayer. Avec sa diversité, chaque partie sera différente.
TiClou
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