Cinq ans après sa première édition, Horreur à Arkham le jeu de cartes s’offre une nouvelle édition. Boite plus grande, matériel amélioré, et abondance de cartes, un article s’imposait pour présenter à nouveau cette merveille ludique, et faire le point sur les changements.
L'univers du jeu
Le jeu est fortement inspiré des romans de l’écrivain H.P. Lovecraft, ou plus exactement de la vision de ses écrits et du mythe de Cthulhu développée par Sandy Petersen et les auteurs de l'éditeur Chaosium pour le jeu de rôle L'Appel de Cthulhu. Et la toute première édition de Horreur à Arkham, en 1987, était une création de Chaosium.
En reprenant en 2005 Horreur à Arkham, FFG a bâti autour, au fil des années, une forte licence prenant le nom de son jeu éponyme : la gamme Horreur à Arkham.
Après Horreur à Arkham le jeu de plateau, suivront les Demeures de l’épouvante, Le Signe des Anciens, Les Contrées de l’Horreur, Horreur à Arkham le jeu de cartes et dernièrement L’insondable.
Pour résumer le contexte de cette gamme de jeux, imaginez un cocktail entre les années folles (surtout sur la côte est des Etats Unis), la prohibition, et des monstres avec des tentacules, saupoudré d’un côté Pulp plus ou moins prononcé. Point commun à tous les jeux de la gamme : chaque joueuse et joueur incarne un personnage.
Et Horreur à Arkham le jeu de cartes, c’est quoi ?
Horreur à Arkham, le jeu de cartes est un Jeu de Cartes Évolutif (JCE)
Tout le monde connait les Jeux de cartes à Collectionner (jCC) comme Magic et Pokemon. On s’y affronte à l’aide de son paquet de cartes (ou deck). Les cartes du jeu ont un système de rareté aléatoire qui rend souvent la tâche difficile à qui n’a pas de gros moyens pour acheter les cartes les plus efficaces, qui assez étonnamment, sont souvent les plus rares et donc les plus chères ! Enfin, c’est un cauchemar pour les complétistes.
Dans un JCE, on va retrouver le plaisir d’une partie de JCC avec un côté mercantile moins présent : pas de niveau de rareté, ni d’aléatoire dans la constitution des paquets : toute extension est fixe, contenant toujours les mêmes cartes. Plus de course après telle carte mythique, et la certitude apaisante de posséder toute la collection.
Mais pourquoi évolutif ? Parce que, héritage du jeu de rôle, on va gagner de l’expérience au fur et à mesure des parties jouées en campagne. A la fin de chaque scénario, on pourra dépenser l’expérience acquise en achetant de nouvelles cartes, ou des versions plus fortes que celles que vous avez dans le deck
Deux cartes et leur évolution : Loupe au niveau 0 et 1, et Premiers Soins au niveau 0 et 3. On notera que les capacités changent beaucoup.Horreur à Arkham, le jeu de cartes est un Jeu coopératif.
Les joueuses et joueurs (de 2 à 4) vont avoir leur personnage à gérer, mais vont jouer tous ensemble contre l’adversité, gérée par le jeu lui-même.
Horreur à Arkham, le jeu de cartes est un jeu narratif
C’est un des principaux atouts du jeu : on vit une histoire, ou une série d’histoires reliées dans une grande campagne. Et à chaque fois, c’est le scénario qui l’emporte sur la mécanique. Cela amène souvent des twists savoureux quand on se rend compte de la façon dont les concepteurs du jeu tordent les règles et innovent en permanence. On ne risque pas de se lasser du jeu avec ces nouvelles façons de jouer qui apparaissent pour soutenir la narration. Enfin, on peut doser la difficulté du jeu en fonction de ce que l’on recherche comme expérience ludique, de facile à cauchemardesque.
Horreur à Arkham, le jeu de cartes est un jeu solo
Si on peut y jouer de 2 à 4, Horreur à Arkham est aussi un formidable jeu solo. Et attention, je ne parle pas d’un pis aller pour qui cherche à tester un nouveau deck. C’est un vrai bon jeu avec un équilibrage de la difficulté en fonction du nombre de joueurs.
Petite description du jeu
Avant de démarrer la partie, il va falloir se doter d’un personnage. La nouvelle boite de base permet de construire simultanément cinq decks différents (un par classe), mais l’on peut aussi choisir soi même les cartes avec lesquelles on va jouer, à condition de respecter les règles indiquées au dos de la carte du personnage choisi.
Toutes les règles concernant les constructions du deck sont claires, et laissent beaucoup de latitude aux joueurs.La plupart des temps, un personnage aura accès aux cartes de sa classe (Gardien, Chercheur, Mystique, Truand ou Survivant), d’une autre classe de façon complémentaire, et des cartes neutres. Passé la phase d’apprentissage du jeu, qu’il faut mieux faire avec des personnages pré-construits, construire son propre deck est une expérience très plaisante.
Quand tous les personnages sont prêts, il est temps de passer au jeu : il se déroule en plusieurs rounds, et cela jusqu'à ce que l’un des deux camps triomphe. Chaque round se divise en quatre phases :
Phase du Mythe
C’est là que les forces occultes, gérées par le système de jeu, progressent et risquent de faire avancer l’Intrigue, qui représente l’avancement des infâmes plans de vos ennemis.
Phase d’investigation
C’est la phase principale du jeu, pendant laquelle joueuses et joueurs vont choisir à tour de rôle les trois actions que leur accorde le jeu : piocher, gagner des ressources, activer une capacité, se battre, enquêter, se déplacer, jouer des cartes…
C’est ici le coeur de la mécanique narrative du jeu : il faut tout faire, par ses différentes actions, pour avancer dans le deck Acte et bloquer autant que faire se peut la progression du deck Intrigue.
Roland, équipé de son fidèle 38 Spécial et d'une loupe. Paré à la fois pour l'enquête et la baston.
Phase des Ennemis
C’est ici le temps où les ennemis, humains, monstres et autres indicibles horreurs, vont pouvoir à leur tour se déplacer, et/ou attaquer les personnages. Les dégâts infligés pourront être physique ou mentaux.
Une goule, ça intimide, ça va, mais quand il y en a plusieurs, c'est vite beaucoup moins drôle.
Phase d’entretien
La phase classique de préparation du prochain round : on redresse les cartes inclinées, on peut piocher, récupérer des ressources et éventuellement défausser ses cartes en trop.
Comme pour tous les jeux de cartes, passée l’assimilation des principaux termes techniques, les rounds deviennent assez vite fluides.
Les decks Intrigue et Acte. Ils permettent de faire évoluer le scénario, et vous plongent dans une ambiance inimitable.
Les avantages de l’édition révisée
La nouvelle édition contient un matériel considérablement amélioré par rapport à l’ancienne boite.
Avec 119 cartes investigateurs, les possesseurs de la première édition ne pouvaient préparer que deux decks complets (et encore, tous les doubles n’étaient pas constructibles). Les 245 cartes de l’édition révisée permettent de construire les 5 investigateurs de façon à pouvoir jouer dès le début, même à quatre joueurs, avec n’importe quelle combinaison de personnages.
A la place de la petite boite de l’édition originale, une grosse boite avec thermoformage, qui va vous permettre de ranger vos cartes, même protégées. Il y a tellement de place que vous pourrez même ranger quelques scénarios indépendants en plus de tout le matériel.
Enfin, celui que tout le monde attendait : un superbe sac en tissu qui va servir à la réserve du Chaos.
Ce sac contient les pions Chaos. Mécanique principale du jeu, on en tire un pour chaque test effectué. et il est rajouté à la valeur de compétence de l'investigateur. Sauf que les pions sont souvent de valeur négative...
On glissera un dernier mot pour saluer la taille beaucoup plus confortable du livret de règles, qui permet plus d’exemples visuels, et un texte plus aéré.
Et pour quelques informations de plus
Horreur à Arkham est un jeu de Nate French et MJ Newman, édité par FFG. Les artistes ayant participé aux illustrations sont trop nombreux pour être cités là, mais toutes et tous sont crédités sur les cartes du jeu.
On peut le trouver pour environ 60€ chez tous les bons ludicaires. On peut penser que l’augmentation de prix est importante par rapport à l’ancienne boite de base à 40€, mais il faut savoir que vous y trouverez largement autant de matériel que deux anciennes boites. C’est donc une excellente affaire pour démarrer.
La boite de base contient également La Nuit de la Zélatrice, une mini campagne en trois scénarios de difficulté progressive. Attention, le dernier scénario est plutôt difficile, n’hésitez pas à le jouer avec la difficulté la plus faible, et à l’essayer avec différents investigateurs.
Le Bonus
Horreur à Arkham a la chance de bénéficier d’une communauté très active, réactive et bienveillante. Je ne peux que vous encourager à jeter un coup d’oeil aux sources suivantes :
La page facebook Horreur à Arkham JCE
Une application disponible sur téléphone et tablette : Arkham Cards
Un Guide quasi indispensable, écrit par Mer Cis, un des piliers de la communauté.
J’en profiterai enfin pour adresser tous mes remerciements à l’équipe de Edge Studio, et tout particulièrement à Jérémy Fouques, pour leur travail acharné sur la version française de ce jeu depuis 5 ans.
Et comme disait Sandy Petersen « May your SAN roll never fumble !
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