Il est à noter que les illustrations des affiches de ces deux festivals ont été réalisées par les vainqueurs 2014 des prix respectifs : Marie Cardouat et Vincent Dutrait.
Nous remercions également Monsieur Guillaume de présenter ici nos initiatives.
Il n'y a plus de doute, en ludothèque, sur l'importance de la qualité graphique d'un jeu pour susciter chez les joueurs l'envie de le choisir, d'ouvrir la boîte, de se faire expliquer les règles pour y jouer. Illustrateurs, graphistes et directeurs artistiques, voilà autant d'acteurs impliqués. Cette initiative vient donc naturellement mettre en avant cette observation.
Nous tenons également à signaler que si le travail des auteurs n'est pas directement valorisé par ces Prix, la mise en avant de ces jeux auprès du public se fera avant tout par des mises en jeu, mettant ainsi en relation la qualité du Jeu en tant que tel.
Vincent Bonnard
pour le Comité de pilotage du Prix Ludia.
cher monsieur @tom vuarchex
Merci pour cette intervention, elle montre bien qu'il y a réflexion autour du sujet et c'est ce que je voulais essayer de montrer. Je n'ai aucune prétention pour une quelconque réponse. Juste des réflexions. Je posais la question pour en avoir entendu parler un certain nombre de fois. Effectivement Dixit est le plus flagrant, mais est-ce qu'Abyss dernièrement aurait été Abyss s'il n'y avait pas eu tout le travail d'illustration effectué ? Skull a une identité forte grâce à vos superbes illustrations au caractère marqué...
Il est difficile d'analyser concrètement la "part" du succès" d'un jeu (ou de son "insuccès") dû aux illustrations parce qu'on ne peut pas faire comme si elles étaient autrement, et en même temps, c'est à dire à tous paramètres égaux par ailleurs (comme une expérience quoi). Cependant le cas d'Abyss est intéressant : "est-ce que les boites se sont vendues à niveau égal pour chaque couverture ? si non, alors l'impact est déjà plus "mesurable" ?
Dans une BD, le succès vient-il du scénario uniquement ? ou de l'alchimie entre le scénario et la patte du dessinateur ? Se pourrait-il qu'un petit parallèle soit faisable avec l'illustration d'un jeu de société ? et à quel niveau, comme vous le soulignez.
En tout cas, ce sont des éléments vraiment intéressant à réfléchir, intellectuellement, philosophiquement même oserai-je dire. Bref !
Merci donc et "pis c'est tout" :D
La véritable question ne porte pas sur la qualité du travail mais sur le statut.
Imaginons qu'auteur et illustrateur partagent les mêmes statuts. Cela implique qu'on ne plus désormais rééditer un jeu en changeant les illustrations. Cela serait un vrai souci.
D'autre part, il est une chose à laquelle les auteur vont devoir s'habituer, c'est la notoriété grandissante des illustrateurs qui vont cristalliser l'amour du public comme les acteurs dans un film.
Pour avoir beaucoup oeuvrer à la reconnaissance des auteurs à juste titre, on voit parfois aujourd'hui de la revendication non plus de reconnaissance dans le sens culturelle du terme mais dans celui du vedettariat. Et ça... C'est une question personnalité pas de droit ou de statut ^^
mon maître :) ... je n'avais pas pensé aux ré-éditions... donc deux statuts différents, forcément !
Hello,
Déjà, merci Guillaume pour ce chouette article et merci aux deux festivals pour tout ce qu'ils font pour nous.
Le débat sur les notions "d'auteur" pour l'illustrateur me semble compliqué et Mops en parle très justement. Que les illustrateurs touchent un pourcentage sur les ventes en "intéressement", ça me semble logique et je milite pour ça depuis des années. Effectivement, les illustrations jouent un rôle important dans l'édition d'un jeu (de sa création à sa vente). Mais je fais partie de ceux qui pensent que l'illustrateur n'est pas auteur. Si un éditeur me fait illustrer un jeu pour le marché français mais qu'il estime que pour le marché américain ou allemand, il en préfère un autre. J'estime que c'est lui qui connait son marché et c'est son taff. Si j'avais mon mot à dire, intuitivement, je m'y opposerai mais je pense pas que ça serait une bonne chose.
Le quantifier à égalité avec l'auteur... Bah, à part pour le cas Dixit qui est effectivement particulier, je ne pense pas que cela soit que cela se justifie.
Si on doit comparer avec la BD, ce qui se fait communément, aujourd'hui, un dessinateur est à 50 % avec le scénariste dans la majorité des cas mais je trouve ça normal dans un sens comme dans l'autre. Oui, des fois, on achète une BD parce qu'elle est jolie... Mais on ne l'aimera vraiment que si le scénario nous plait vraiment.
Un jeu, c'est pareil. Un jeu qui ne serait que beau n'a que peu d'intérêt car on lui demande de nous apporter des sensations que seule la beauté ne peut fournir.
Quand à la notoriété grandissante des illustrateurs, on ne s'en rend compte vraiment que sur les festivals et les salons... Mais elle parait "normale" car d'abord, il faut reconnaitre qu'il y a avant tout des physiques incroyables... Ensuite, soyons clairs, on est vachement plus sympas... C'est évident... Et surtout, et pour être sérieux, le fait de dédicacer en faisant un petit dessin... Ben ça claque forcément plus et comme on y passe plus de temps, il y a souvent un petit échange qui se crée pendant la dédicace.
Mais bon, c'est surtout une histoire de Physique...
... J'ouvre le débat entre illustrateur et graphiste ? :p
Oui, je suis d'accord avec le gribouilleux ;)
"Imaginons qu'auteur et illustrateur partagent les mêmes statuts. Cela implique qu'on ne plus désormais rééditer un jeu en changeant les illustrations. Cela serait un vrai souci." (dixit Mops)
Oui ... par exemple, ma version de Skull n'aurait jamais vu le jour.
Dans 95% des cas, l'illustrateur/graphiste est là pour "sublimer" le jeu, pas pour le créer. De ce point de vue, le parallèle BD scénariste/dessinateur ne me semble pas pertinent car, dans ce cas, il s'agit d'un élaboration réellement conjointe. Ce qui n'est pas le cas dans le JdS où l'illustrateur à plutôt affaire avec l'éditeur qu'avec l'auteur.
A la rigueur on peut comparer l'illustrateur d'un jeu à un coloriste en BD ... encore que les coloristes soient vraiment au bas de l'échelle :-p *
*Don't shoot ... private joke
Hahaha... Tout à fait d'accord ! Les coloristes... Quel triste métier.. Mais peut on appeler ça vraiment un métier ?
... Pour le coup, c'est pire que ce que tu imagines... On m'appelle pas le coloriste.. Mais le colorieur :)
"on voit parfois aujourd'hui de la revendication non plus de reconnaissance dans le sens culturelle du terme mais dans celui du vedettariat. Et ça... C'est une question personnalité pas de droit ou de statut ^^"
Question intéressante qui mériterait que l'on s'y attarde car là je ne suis pas d'accord avec toi.
Rappelons que le lobbyng politique a échoué. La reconnaissance culturelle du jeu ne passerait-elle pas plus efficacement par la mise en avant de ses auteurs (et de personnalités influentes du monde du jeu qui pourraient "parler" au public) ? Et donc fatalement par une forme de vedettariat ?
Moi je trouve très dommage de dire qu'un des critère pour le prix Ludia est la couverture et de choisir en image pour Abyss un poster qui n'est pas la couverture sur laquelle nous avions justement fait un travail particulier. C'est à n'y rien comprendre...
Le "vedettariat" du milieu (quel qu'il soit) est il un problème tant que ça n'est pas une finalité ?
Le fait d'avoir des "ambassadeurs" de notre milieu est une bonne chose il me semble. Que cela soit toi (Mops), Phal, Bruno Cathala, Roberto, Croc ou Cyril ou encore des illustrateurs... On a des personnalités qui ont une place auprès des gens qui dépasse un peu leur fonction première et c'est pas un "mal".
L'idée de faire ce métier pour en être une "vedette" ou une "personnalité" du milieu, ça serait bien con... Mais je trouve que ça permet d'incarner un peu mieux un milieu.
Pour Abyss, on peut également ajouter que le fait de sortir un artbook n'est pas négligeable dans la portée qu'ont eu les illustrations. Abyss aurait été tout autre sans ces illustrations.
@pierolalune & Mops
Bah oui,
... D'autant que c'est qui qui était sur les murs du palais à Cannes en 10 mètres de haut ... hmmm ? ^^
Allons allons... Tom... ne remettons pas ça sur le tapis... C'est un peu attaquer le physique... Moi, je dis qu'ils ont quelque chose à compenser... Mais on ne peut pas juger... :)
@Docteur Mops "Cela implique qu'on ne plus désormais rééditer un jeu en changeant les illustrations. Cela serait un vrai souci."
Ce serait vraiment si bloquant ? Je pense à Libellud qui édite Mysterium en changeant non seulement les illustrations, mais aussi les règles d'origine (qui elles appartiennent bien à un statut d'auteur). Donc je suppose que ce serait toujours possible de rééditer (mais en demandant l'autorisation et en créditant l'illustrateur original).
Bah ce que ça change c'est que l'auteur, que les règles soient modifiées ou non par l'éditeur, continuera à toucher ses droits d'auteur en cas de réédition. Alors qu'il n'y a pas de raison que l'illustrateur touche des droits sur un jeu dont il n'est, de fait, plus l'illustrateur.
A partir de là, si l'illustrateur a la possibilité de refuser qu'un jeu soit pris en main par un autre illustrateur, pourquoi s'en priverait-il ? Et là, paf! blocage!
A moins, évidemment de superposer des couches de droits d'auteur mais là, comment dire, les joueurs risquent de couiner sur le prix final ^^
Ce que j'apprécie en tous les cas c'est que depuis quelques années la majorité des illustrateurs ont bien compris que l'illustration devait être au service de la mécanique du jeu et pas l'inverse.
Eine Frage (une question), qu'en est-il en Allemagne (où il y a aussi un réservoir d'illustrateurs assez connus : Michael Menzel, Doris Matthaüs, Harald Lieske....) ? Les illustrateurs touchent-il des droits d'auteurs ou sont-il rémunérés à la pige, sans intéressement sur le jeu quel que soit le nombre de ventes ?
De plus, n'existe t'il pas des clauses du style : si tant de jeux sont vendus, vous obtenez une prime de tant d'euros (plutôt qu'un intérêt fixe sur chaque jeu). En effet, certains jeux à très petit tirage ne peuvent pas résolument se permettre de rémunérer plus l'illustrateur (ou le graphiste) alors que pour les blockbusters, celà me semble quelque chose d'envisageable, non ?
L'illustrateur bénéficie d'un droit d'auteur sur son oeuvre, contrairement au créateur du jeu puisque le jeu lui-même, au sens abstrait (mécanismes etc....) n'est pas considéré comme une oeuvre (sauf à l'extrême limite le texte littéral des règles - et encore- mais de toutes façons, les règles, dans leur rédaction, sont en général le fruit d'un travail collectif de l'auteur et de l'éditeur).
Après tout dépend du contrat passé entre l'éditeur et l'illustrateur.
En général, le contrat prévoit que l'illustrateur cède à l'éditeur l'usage de son oeuvre, éventuellement pour un temps / un tirage / une zone géographique déterminés, contre une somme forfaitaire, du coup la rémunération de l'illustrateur ne dépend pas des ventes.