Jaipur, l'application et son making-of

[Jaipur]

« नमस्ते ! »

Fin 2015, Sébastien Pauchon m’avait parlé du projet d’une application du jeu Jaipur qu’il a créé et édité via GameWorks. En évoquant l’idée que je travaille sur les illustrations de cette nouvelle mouture… Hum, voilà un double challenge bien musclé ! Illustrer la référence du jeu de cartes à deux joueurs, qui plus est pour des formats et supports que je n’avais encore jamais approchés !
Pour couronner le tout, j’étais enchanté de collaborer à nouveau avec Sébastien (après Tikal II, Water Lily, Tschak !, Time Stories…) et découvrir un nouvel horizon en compagnie d’Éric de Meeple Touch qui a assuré l’entière et épique réalisation de l’application
. Je n’ai pas été déçu du voyage rajasthano-hélvète !


L’application a été publiée il y a quelques semaines et avec un peu de recul nous sommes enchantés par son lancement et son accueil. C’est l’occasion d’un article making-of à six mains avec mes deux collègues à qui j’ai posé quelques questions pour compléter ce que je souhaitais partager avec vous sur les illustrations.
Et l’opportunité d’offrir un petit bonus, en fin d’article ;)

Commençons avec Sébastien.
Vincent : Une petite intro sur l'historique « Jaipur » ?
Sébastien :
Jaipur est un jeu dont les prémices datent d’un trajet en train avec Malcolm Braff (co-fondateur de GameWorks) probablement en 2008. J’avais eu l’envie d’un jeu avec du troc (comme à Catane, une phase que j’aime particulièrement) mais rapide (pas comme à Catane, où au milieu d’un Villes et Chevaliers bien tendu la phase de troc d’un joueur peut facilement durer 5 minutes). C’est comme ça qu’est né le troc avec le marché, qui lui est toujours d’accord ;)

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Malcolm et Sébastien à la sortie du jeu en 2009, quand le lien est vraiment ténu entre la fiction et la réalité, ou l'inverse...!

Huit ans plus tard, le jeu se porte toujours bien, il est bien coté de manière générale et en belle position sur BGG, surtout au classement « Family Games ». Je crois que son succès vient de sa simplicité qui offre néanmoins quelques dilemmes et situations tendues, du fait que c’est un jeu de troc à deux – ce qui pourrait laisser supposer un affrontement direct – alors qu’en fait c’est très soft. Aussi, de nombreux adeptes le trouvent particulièrement adapté pour jouer avec leur compagne/compagnon « non-joueur », probablement pour les raisons citées ci-dessus. C’est du moins un commentaire que je lis souvent.


Vincent : D'où est venue l'idée de faire une application Jaipur ?
Sébastien : C’est Éric, la tête pensante de Meeple Touch qui en avait l’envie et qui a donné l’impulsion. Tant mieux, car non seulement il est à l’origine de la campagne qui apporte un vrai plus, mais il est qualifié dans tous les domaines requis pour ce type d’applications alors que moi… pas tellement. Nous avons beaucoup travaillé l’ergonomie, la campagne, et discuté le look général, mais mes compétences s’arrêtent là et ce n’est de loin pas suffisant pour faire une app.

Vincent : Pourquoi se lancer dans une refonte graphique et esthétique ?
Sébastien : Lorsque nous avons commencé à travailler sur Jaipur il y a trois ans, j’étais en pleine aventure SpaceCowboys (et TIME Stories, ouf !). Combinée avec la gestion (même au ralenti) de GameWorks et la vie de tous les jours, cela faisait des semaines plutôt bien remplies. Assez rapidement, Eric m’a fait part de sa volonté d’implémenter une campagne, des panoramas, des objets, des personnages, des achievements, une truffée d’éléments de Palais à construire, etc.

Bref, énormément d’éléments à faire en plus du jeu lui-même (qui ne contient au final que 7 types de cartes, leur dos et les jetons correspondants). Comme je n’avais ni Malcolm à mes côté (je gère GameWorks seul depuis quelques années) ni vraiment du temps à allouer à ce projet (pour les raisons citées plus haut) Il m’était quasiment impossible de vraiment réfléchir à tous les visuels en amont, afin de donner un cahier des charges fiable à un illustrateur.

Je me suis donc tourné vers toi, car en plus d’être fan de ton coup de crayon, nous avons un historique commun assez conséquent avec des projets pas toujours faciles ou légers. Cela m’a permis d’être un peu en retrait, avec l’assurance que tu remplirais les lacunes que j’étais plus ou moins sûr d’avoir laissées ici et là. Aussi, nous fonctionnons très bien pour tout ce qui est brainstorm, et ça c’est précieux vu le manque de temps de mon côté (…bon, il faut aussi dire que c’était à nouveau l’occasion de travailler ensemble, un plaisir qui ne se boude pas).

J’avoue que tu n’es pas le premier qui me soit venu à l’esprit, mais plus par effet de mode qu’autre chose : les app ont souvent un look « vectoriel », que l’on peut peut-être qualifier de moderne vu qu’elles sont le produit de l‘informatique. Donc pas tellement dans le style Dutrait. Mais en fait il s’avère que c’était un excellent choix, l’écran donnant une sacrée patate au « traditionnel ».

Vincent : Qu'apporte le support numérique à Jaipur ?
Sébastien : Comme souvent pour les jeux portés sur tablette, une mise en place ultra-rapide, un adversaire qui joue très vite et donc pas de temps mort et, bien sûr, la possibilité de jouer seul et partout (et en ligne, mais cela revient au même). On peut régler la difficulté à loisir, ce qui est un plus, et au fil de la campagne on débloque 9 variantes, dont certaines ne seraient pas tout à fait possibles « en vrai » car il faudrait du matériel supplémentaire. Donc de nouveaux visuels pour qui a trop joué au jeu d’origine, de la fluidité, du jeu en transport, et des variantes assez intéressantes. Sans oublier du Dutrait numérique ! ;)

Poursuivons avec Eric.
Vincent : Qui est MeepleTouch ?
Eric : Question simple et compliquée à la fois... Meeple Touch c'est tout d'abord une société dont le but est de développer des jeux sur support de type téléphone et tablette en partant de jeux de société existants. En dehors de ce côté très « corporate », Meeple Touch c'est aussi une unique personne, moi, Eric.
Je suis un passionné de jeux depuis les années huitante (comme on dit en Suisse). Après une grande période de jeux de rôle et de wargame, je me suis mis aux jeux de société qui avaient l'avantage d'être moins chronophage.
Je suis également dans le monde de l'informatique et plus précisément du développement depuis pas mal d'années. J'ai été successivement, développeur dans une SSII, fondateur de startup avec des amis pour développer un MMORPG dans un monde spatial (similaire à Eve Online qui est sorti quelques années plus tard, pour les connaisseurs) et je m'occupe maintenant plus de direction de projets avec plus aucune activité de développement (vive Excel et Powerpoint).
La partie créative pure, la prise de décision sans hiérarchie et le développement lui-même me manquaient j'ai donc chercher à créer une nouvelle structure, Meeple Touch, en parallèle à mon activité professionnelle.
Je ne savais pas comment commencer. J'ai donc contacté plusieurs auteurs en leur faisant part de ma volonté d'adapter leur jeu sur un support numérique et c'est finalement avec Bruno Cathala et Yves Menu de Hurrican Games que le processus est allé le plus vite. Je suis arrivé avec un concept et ils m'ont fait confiance pour Mr Jack Pocket qui a été une belle réussite.

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L'écran Palais de l'app Jaipur, au commencement était...

Vincent : Sébastien précise que tu as eu l'idée de l'app Jaipur ? Et quelles ont été l'approche et l'optique de sa conception ?
Eric : Alors ce n'est pas exactement vrai, une fois le développement de Mr Jack Pocket terminé j'ai commencé à chercher une autre adaptation et lors de la rencontre des créateurs de jeux en 2013, Bruno et Yves m'ont présenté Sébastien (qui organise annuellement ces rencontres) car ils pensaient que Jaipur était un jeu adapté au support numérique. L'idée originale vient donc de Bruno et Yves au départ.
Nous avons commencé à travailler sur Jaipur en 2014 avec Sébastien en nous concentrant sur la partie jeu de cartes et plus précisément sur l'ergonomie au niveau de la manipulation des cartes pour avoir un jeu très intuitif et naturel (cette partie n'a d'ailleurs que très peu évoluée en trois ans car les bases ont été posées très tôt).

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Le développement de toute la partie du jeu de carte et de l'IA (Intelligence Artificielle) a été terminé en un an mais il y avait un truc qui me dérangeait. A ce moment-là, Jaipur n'était que le portage du jeu de société et cela ne suffisait pas.
C'est la sortie de l'application Galaxy Trucker qui m’a donné le déclic avec son mode aventure et qui a permis de transformer le portage en une vraie adaptation originale. Nous avons alors travaillé le mode Campagne en intégrant un autre jeu autour du jeu Jaipur. Un jeu de conquête de territoires avec une aventure pour guider le joueur et un twist des règles du jeu lié aux régions traversées. Les twists des règles sont très simples (main limitée à 5 cartes au lieu de 7 par exemple) mais changent beaucoup la manière de jouer et les habitudes de jeu.
C'est à ce moment-là que Sébastien a commencé à penser à changer l'habillage du jeu car le côté campagne impliquait un gros travail en terme d'illustrations ce qui permettait une innovation sur les visuels.

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Un des nouveaux locataires, pas commode...

Vincent : Comment s'est déroulé le développement de ton côté et éventuellement plus techniquement, les mains dans le cambouis, quelles sont les facilités et/ou les difficultés rencontrées pour une telle app ?

Eric : Le développement a d'abord été long. Meeple Touch n'est pas mon activité professionnelle principale et je dois aussi garder du temps pour ma famille. J'ai l'énorme avantage de n'avoir pas besoin de beaucoup de sommeil (5 à 6 heures par nuit) ce qui permet de dégager du temps pour le développement. Jaipur est donc une aventure d'un peu plus de trois ans entre la première réunion avec Sébastien et la sortie du jeu.
Ce qui est amusant c'est que le jeu était déjà bien jouable en 2015 lors du Off du festival du jeu de Cannes. Je me suis livré à des tests d'ergonomie avec 3 tablettes où les joueurs de passage pouvaient venir tester le tutorial et ensuite enchaîner les parties. J'ai passé 3 nuits à prendre des notes sur le comportement des joueurs (qui connaissaient Jaipur ou pas) pour voir quels étaient les « pain points » (les éléments du jeu qui perdaient le joueur et qui n'étaient donc pas assez ergonomiques) et quels étaient les éléments qui fonctionnaient bien.
Ce qui était génial, c'est que des joueurs qui ne connaissaient pas le jeu physique ont passé une heure sur le jeu alors que lorsque tu viens au Off c'est plus pour jouer sur du prototype papier.
Ensuite techniquement, je ne partais pas de zéro car j'avais développé pour Mr Jack Pocket une librairie d'animations que j'ai pu étendre et améliorer pour Jaipur. Cela permettait d'aller très vite sur les parties animations notamment. Cela a également beaucoup aidé lors de l'intégration avec les serveurs d'Asmodée Digital, car c'est une partie que j'avais également développée pour le jeu précédent.

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L'écran Palais qui commençait à ressembler à quelque chose...


La partie la plus complexe a été l'intégration de tes illustrations qui consomment beaucoup de ressources au niveau du téléphone (note de Vincent : mais de rien, avec plaisir !). Il a fallu optimiser cette partie de manière assez importante.
L’ergonomie finale a été longue aussi (tous les éléments d'interface et de navigation) et a nécessité des adaptations techniques continuelles. Plus récemment, c'est le support du coréen et du chinois qui posent des petits soucis techniques mais tout a une solution au final (après quelques heures de réflexion nocturnes).

Vincent : Comment se positionne et s'inscrit l'app Jaipur sur le marché actuel des app estampillées Jeu de Société ?
Eric : C'est difficile à dire et ce sont plus les joueurs et les critiques qui peuvent répondre à cette question. Jaipur a de très bonnes critiques et les facteurs clefs de succès que nous avions identifiés (la simplicité d'accès du jeu, la campagne, les illustrations et l'ergonomie) se sont avérés des vrais éléments différenciateurs au final. Pour moi Jaipur s'inscrit dans ce que devrait être une adaptation de jeux de société dans le futur (sortir du jeu physique et étendre l'expérience pour amener le joueur vers un jeu tendant vers le jeu vidéo).
A mon sens, une adaptation de jeu de société ne sera un succès que si on arrive à dépasser le cercle des joueurs de jeux de société pour aller vers les joueurs de jeux mobiles (type Candy Crush, Hearthstone, etc.). Jaipur a beaucoup de caractéristiques pour réussir ce passage mais ce n'est pas évident avec la concurrence énorme sur ce marché et une différence de moyens pour la réalisation. Je me considère plus dans la catégorie « indie » dans ce sens. Afin de passer ce cap au niveau des joueurs, un support comme celui d'Asmodée Digital pour notamment le contrôle qualité et la communication est essentiel et permet un lancement dans des conditions idéales. C'est aussi une aide précieuse dans la gestion de la vie du jeu après son lancement, étape qui est souvent oubliée par les développeurs de jeu.

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Une photo épatante où, en plein vol vers ses vacances, Eric testait l'application sur sa tablette et aperçut Jaipur sur la carte !

Je vais maintenant compléter tout ceci en insistant sur quelques points et détails techniques découlant du travail sur le jeu en lui-même et sur le support numérique.

Commençons par le fond. Comme l’a écrit Sébastien, mine de rien, dans Jaipur il n’y a pas pléthore de cartes ni matériel à foison. Moins d’une dizaine de cartes différentes et des jetons. Ça peut sembler peu voire basique mais à mettre en images c’est d’une sacrée complexité.

Avec monsieur chameau mais sans panda cette fois-ci ^^

Car ces 7 cartes se doivent de représenter l’essence-même des ressources en jeu. C’est un petit peu « touchy » car il s’agit de pure ergonomie, de sens, de symbole et de transmission de l’information limite sémantique graphique. Ici nous ne sommes pas en train de troquer « des bijoux en argent », nous troquons « de l’argent ». Nous ne troquons pas des chameaux mais du chameau (d'où le fait qu'il n'y en ait qu'un seul sur la carte, pour ne pas induire une notion de quantité ou volume !). Dans le sens où la carte doit représenter un « type », une « famille ». Le joueur doit avoir le sentiment de prendre « cuir » et non « de l’artisanat local en cuir ».

C’est du détail, mais au combien important pour que les joueurs verbalisent et visualisent le jeu comme il se doit. Sans même aborder immersion et projection pour l’instant. Bien entendu – sinon ce serait trop facile – les couleurs doivent correspondre. Pour lier la forme et le fond et faciliter l’identification et l’accessibilité. Tout ceci afin de fluidifier le gameplay pour se focaliser sereinement sur le jeu, ses cartes en main, sa stratégie du moment.

C’est d’ailleurs dans cette optique que nous avons changé la carte « verte » qui représentait auparavant des épices. Dans mon esprit, en jouant à Jaipur, j’ai toujours eu du mal à associer le vert aux épices (que j’aurais vu plus brunes, ocres ou safranées). Nous avons d’ailleurs fait l’essai de cartes orangées pour les épices mais ça ne fonctionnait pas et brouillait les pistes par rapport à l’or (jaune) et aux diamants (rouge). Ou sinon, il fallait aussi changer le jaune et le rouge pour d’autres couleurs… C’était sans fin et surtout ça risquait de perturber les joueurs premiers de Jaipur. Ok pour faire bouger les choses, mais quand même bien périlleux de chambouler les codes et habitudes.

Finalement, après un petit tour de passe-passe, le vert est devenu du thé sous toutes ses formes.

Jaipur fête ses 8 ans cette année et les illustrations d’Alexandre Roche fonctionnent toujours aussi bien, claires et précises, efficaces. Il ne s’agissait pas là de remplacer ces images mais de proposer une nouvelle expérience esthétique du fait du changement de support. Le fait de reprendre le jeu dans ce sens a aussi permis quelques petits ajustements. Comme par exemple réduire les bordures décorées des cartes pour de l’illustration couvrant la quasi-totalité de la carte, essayer de montrer un peu plus de décors et d’ambiance, marchés, palais et étals, développer un autre environnement, d’autres motifs, amener de nouveaux personnages dans l’univers Jaipur, etc. Travaillant toujours de manière très documentée, proche du docu-fiction, j'ai apporté un soin tout particulier aux éléments culturels et traditionnels de cette région du monde.


Sur la forme, je dessine et peins encore et toujours avec crayons, pinceaux et peintures sur papier. Comme je l’ai écrit ici ou là, je manipule aussi l’outil numérique pour gagner en souplesse et efficacité en simulant un travail numérique, travaillant – physiquement – des éléments séparés comme pour les calques dans Photoshop, en anticipant certains pans délicats du passage papier à l’écran…

Un jeu façon puzzle...

C’est une drôle de gymnastique et je me disais que des illustrations d’application réalisées sur papier ça ne court pas les rues ! Mais je souhaitais absolument éviter que les joueurs aient le sentiment de simples scans d’images papier montées numériquement. Ce qui m’a bien occupé et trituré l’esprit pour trouver de nouvelles astuces et solutions afin de proposer à Éric des écrans et panneaux de jeu en kit. Arriver à tenir des grains et piqués similaires ou approchants sur toutes les images et ce quelle que soit leur échelle, faire en sorte que certains éléments ne fassent pas « plaqués » sur des fonds ou textures, s’assurer d’une bonne tenue des couleurs et contrastes où qu’on soit dans l’application.

Ce sont des bidouilles qui ne sont pas forcément plus simple à mettre en place sur écran mais, là, « en vrai », ça requiert un peu plus que de la simple mise en couleurs d’illustrations et surtout une bonne préparation.

Pour aller un peu plus loin dans la technique, un mot sur les couleurs et la luminosité.
En bref, les écrans affichent les couleurs en RVB (Rouge-Vert-Bleu) et un imprimeur imprime en CMJN (Cyan-Magenta-Jaune-Noir). Il y a donc deux manières de « montrer » les couleurs. Une image sur écran que l’on souhaite imprimer (qu’elle soit scannée ou réalisée numériquement) doit être convertie pour passer du RVB au CMJN. Le gros souci de cette étape – pour faire simple - c’est qu’il y a des couleurs écran qui ne sont pas imprimables du tout (certains bleus clairs, des couleurs néon, des oranges) ou que l’on ne peut obtenir qu’en bluffant/abusant l’œil, par agencements de couleurs et contrastes (par exemple, l’œil croit voir un bleu pétant alors que si on isole ce bleu, hors contexte, il est terne…).

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Comme on peut le voir sur l’image ci-dessus, la perte entre les deux procédés est parfois assez violente mais en étant malin on peut la contourner, voire même la tourner à son avantage. Mais c’est loin d’être évident et j’y suis confronté au quotidien. Là, sur Jaipur, pour une application destinée à être vue et parcourue sur écran uniquement, j’ai pu m’affranchir pleinement de ces contraintes ! Et m’en donner à cœur joie dans les couleurs en utilisant un éventail de gammes et tonalités dont je me méfierais habituellement ou que j’aurais tendance à écarter pour des images destinées à l’impression. Des roses, des cyans, certains jaunes, des dorés et des orangés saturés… Je dois dire que je n’avais pas vu venir ceci et à élaborer, ce fut un vrai régal artistique et esthétique.

Aussi, quand vous tenez en main une boîte de jeu ou regardez un livre, la lumière est projetée sur l’objet, qu’elle soit naturelle ou artificielle (soleil ou lampe). Alors que sur écran, c’est rétroéclairé. C’est l’effet « diapositives posées sur une table lumineuse » (pour les plus anciens ^^). Au lieu d’avoir une lumière qui se pose sur l’image, là, la lumière traverse l’image et booste les couleurs, les enrichit, les vivifie et décuple leur impact. Encore un autre avantage offert par le numérique dont mes illustrations ont pu profiter.


The final touch !

Dernier point, avec Sébastien, nous sommes plutôt du genre « jusqu’auboutistes » et j’ai peint « à la main » la plupart des éléments de l’interface de l’app ainsi que le titre pour un ensemble bien homogène et complet. Voilà donc un making-of conséquent qui, il nous semble, couvre la plupart des pans de cette vaste réalisation qui s’est révélée constructive et enrichissante tout du long. Pour nous trois ;)

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En conclusion, je vais anticiper la question…quid d’une version physique avec les illustrations de l’application ?
Pour être tout à fait franc, il n’y a rien dans les tuyaux à l’heure actuelle. Mais bien entendu, c’est loin d’être impossible, d’autant plus qu’il y a matière pour une édition disons « augmentée » avec toutes les nouvelles illustrations de l'app.
Et, histoire de me compliquer la tâche, j’ai travaillé toutes les illustrations pour qu’avec quelques ajustements,
elles puissent fonctionner aussi bien sur écran que sur papier.
Affaire à suivre…

Et en petit bonus, voilà trois fonds d’écran HD « Greetings from Jaipur » !
http://tinyurl.com/y9btpbgq

http://www.meepletouch.com/
https://play.google.com/store/apps/details?id=com.meepletouch.jaipur&hl=fr
https://itunes.apple.com/fr/app/jaipur-jeu-de-cartes-en-duel/id1193262249?mt=8

12 « J'aime »

Magnifique!
Merci pour cet article!

Des portages des jeux que nous aimons sur plateforme numérique, il commence à y en avoir quelques uns.
Mais des portages vraiment réussis, il y en a peu.

Jaipur s’est hissé directement dans le top des applications numériques. Tout est juste.

  • L’ergonomie est parfaite
  • L’esthétique est magnifique (moi je suis prêt à acheter tout de suite une ré-édition du jeu avec les nouveaux visuels)
  • Le mode campagne est génial et est essentiel à la durée de vie de l’appli (là aussi, je rêve que quelques un des modes spéciaux soient intégrés à une réédition “deluxe”)
  • ENFIN on a un jeu avec une IA digne de ce nom. J’en ai marre d’acheter des apps pour lesquelles l’IA est tellement mauvaise que tu ne perds même pas ta première partie quand tu découvres le jeu. Ici, c’est vraiment bien foutu.

Bref, bravo à Sébastien , Eric (Meeple touch) et Vincent pour ce travail de fous

7 « J'aime »

Passionnant ! J’adore la version physique de Jaipur et je n’ai qu’un regret concernant l’application: elle est incompatible avec mon téléphone (iOS 8.0 minimum) :frowning:

1 « J'aime »

Pareil pour moi, incompatible avec mon Ipad mini 1…

Bravo à vous pour ce boulot et pensée particulière pour Éric que j’apprécie en tant que bon copain, que passionné et professionnel ultra bosseur, et surtout comme camarade de jeu… que j’ai souvent l’occasion de mater :wink: #Marenostrum

Merci pour ces papiers sur l’envers du décor, le kikafaikoikan… C’est toujours, ou presque, intéressant. Bon vent à vous.

1 « J'aime »

Mais comment fait-on pour rencontrer l’illustrateur ? (dans le jeu hein)

Merci pour ce magnifique article !
Passionnant.
Je vais télécharger le jeu :wink:

Super l’article !!
Passionnant de découvrir l’envers du décors.

Par contre quand je lis que l’ergonomie est parfaite, moi je dis bof bof quand même, quand on troc ça bug parfois. En tout cas sur mes 2 Samsung android, et sur le store les avis le confirme.

Waouh, c’est beau !

Bonjour.
Je ne suis pas du tout client des applications numériques mais j’admire la qualité du travail d’illustration. J’apprécie de plus en plus votre travail M. Dutrait et, appréciant également beaucoup ce jeu, je serai le premier à le racheter avec ses nouvelles illustrations. Vraiment magnifique et tellement agréable de voir de “vrais” dessins qui ne semble pas sortir d’un ordinateur.
Félicitations !

Merci pour ces details , ca a lair vraimentbien fichu
A installer aux cotés de small world 2 et star realms :slight_smile:

Chni on fréquente les mêmes forums (c’est moi Loh :wink: ) et nous avons la même question.
Donc effectivement, comment débloquer le trophée pour rencontrer l’illustrateur et également trouver les personnages avec la lampe ?
J’ai beau chercher je ne les trouve pas.

Rencontrer l’auteur, l’illustrateur et le développeur se mérite. Peu de personnes ont pour l’instant réussi à trouver l’illustrateur alors qu’à bien y réfléchir, il suffit de dessiner pour le rencontrer.
Loin de moi l’idée de lancer une nouvelle course à la chouette en or mais il y a également un autre trophée, caché celui-ci, que personne n’a pour l’instant découvert.

2 « J'aime »

Hmmm que dire à cette provocation ???
Rien à part réclamer une revanche et également un petit rappel: #notalone

L’ergonomie (dans le cadre d’un programme ou d’une application) n’a rien à voir avec les éventuels bugs : il s’agit de permettre une lisibilité et une utilisation la plus simple possible. En gros faire en sorte que la prise en main soit la plus intuitive possible.

Merci pour tous ces messages bien sympathiques qui nous font grand plaisir !
Et nous avons même un tout jeune « Spielé » qui réclame une version physique, whou-ah ! ^^

C’est une collaboration qui a pris une sacrée ampleur au fil du développement et avec Sébastien nous en avons fait voir de toutes les couleurs à Eric dont j’ai admiré la patience et la persévérance face à ses deux zouaves… :wink:

Il y a toujours des petits couacs, surtout quand on se rend compte de la multitude de supports mobiles et adaptations/ajustements nécessaires. L’avantage d’une app, contrairement à un jeu en carton c’est qu’on peut la faire évoluer régulièrement et Eric y travaille sans relâche. S’il y a des bugs à faire remonter, le mieux c’est de contacter le support de l’app qui fera le nécessaire pour transmettre et synthétiser les infos.
Et comme dit un vieux proverbe indien :

Un diamant avec quelques défauts est préférable à une simple pierre qui n’en a pas !

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Je ne voiiiis pas de quoi tu parles…

Je vois ça :slight_smile:
Eric vient de nous donner un indice mais j’ai beau avoir repeint toute l’appli, je n’ai rien trouvé :frowning: