[Der verzauberte Turm][Splendor][Splits]
Les amateurs en ont conscience depuis des années, le prix du Jeu de l’Année en Allemagne, célèbre précurseur d’un label qui allait ensuite se généraliser a pris une importance considérable dont les répercussions dépassent assez largement l’aspect national du projet. Tantôt loué, tantôt décrié et ceci souvent parce que ces trublions de membres du jury n’entérinent pas les pronostics de certains passionnés, l’argument ultime revient à citer le nombre de ventes que celui-ci implique.
De fait, les éditeurs pour qui cette réalité économique est loin d’être négligeable, s’essayent-ils eux aussi à produire au moins un jeu « spielisable » par an, prenant appuis sur la nature des prix accordés par le passé et essayant d’y trouver une recette pouvant reproduire l’heureux événement.
La fameuse recette ne comprend hélas que quelques indications qui n’augurent en rien sur la qualité finale ni sur l’air du temps qui saura séduire les membres du jury, assez bien protégés par leurs procédures et fort de leur expérience acquise depuis des années. De cela nous pouvons en attester puisque nos talents de perversion se sont avérés vains, appliqués à notre collègue de Tric Trac Allemagne monsieur Guido qui a rejoint cette année l’équipe des goûteurs ludiques.
And the winner is…
Cela ne pouvait forcément que de donner des idées à d’autres et l’on compte désormais plusieurs Jeu de l’Année dans différents pays dont la France, mais aussi d’autres prix équivalents n’utilisant pas cette mention mais prenant néanmoins appui sur les procédures de sélections et de choix des précurseurs allemands.
Cela veut-il dire que ce label « Jeu de l’Année » répond dans tous les pays aux même processus ? Non. Vous voyez comme il est difficile de gérer ce puzzle politique européen alors vous imaginez bien la complexité d’harmoniser un label, mondial qui plus est. Une difficulté qui n’est pas dû à de sombres guerres d’influence ou économiques mais qui doivent tenir compte des spécificités locales car la pratique ludique si elle est unanimement partagée ne l’est pas partout de la même façon.
Pour parler d’un exemple que je connais bien pour en avoir été un des acteurs pendant une période, les organisations françaises et allemandes se réunissent parfois pour échanger leurs informations en vue d’une harmonisation. Assez tôt, les organisateurs des deux prix ont eu des contacts et s’est légitimement posé la question de se regrouper au sein d’une même organisation. Vu comme ça la chose est aussi évidente qu’enthousiasmante mais une fois confrontée aux détails, les différences se sont vues plus clairement. Si la démarche est la même, l’histoire de la pratique est différente d’un pays à l’autre, y compris pour des pays voisins comme l’Allemagne et la France.
Dans l’organisation allemande, il s’agissait au départ de sélectionner les membres parmi des journalistes. Une première difficulté pour l’équipe française qui, bien qu’allant dans le même sens ne pouvait tout simplement pas n’inclure que des journalistes spécialisés car les médias français n’étaient pas encore autant concernés par le sujet. Mais pour des raisons d’éthique, les règles allemandes sont particulièrement sévères sur les rapports qu’entretiennent les membres avec des professionnels impliqués dans l’économie du secteur.
Ah ! Les français !
On comprend bien que les enjeux financiers allemands se prémunissent le mieux possible des conflits d’intérêts pouvant réduire à néant en très peu de temps le travail effectué pendant des années. Voilà une tâche encore plus compliquée à l’époque en France, avec un milieu plus amateur ou qu’on imaginait comme tel. Trouver un journaliste pro avec une culture ludique importante et qui travaille régulièrement pour un support ne faisant pas de publicités directes ou indirectes relevait la gageure. Les critères du jury français, ne mettant pas en avant cette légitime mais contraignante protection du fait de ses moindres impacts financiers, privilégiait la culture ludique personnelle des membres, la possibilité d’avoir un tissu relationnel permettant de collecter suffisamment d’information, et une attitude personnelle à savoir prendre un peu de recul pour travailler au sein d’un mouvement afin de distinguer ses goûts personnels des potentialités réelles d’un jeu et enfin une transparence toujours un peu mise à mal par les observateurs les plus critiques.
Les organisateurs ont bien compris les différences de situation et il était alors difficile de réglementer globalement un projet commun. Malgré ces légitimes soucis d’ajustement, les différentes équipes se sont entendues pour que les différents prix nationaux soient conçus dans un même esprit global en tenant compte des spécificités de chacun en vu d’une éventuelle plus grande harmonisation. Ainsi, la progression du secteur, ses changements de popularité et l’expérience feront sans doute leur œuvre pour cette possible future harmonisation.
Mais aujourd’hui, c’est en Finlande que je vous emmène pour le Vuoden Peli 2014 ou Prix du jeu de l’Année de là-bas.
Ce prix se réparti en trois catégories : jeu pour la jeunesse, jeu familial et jeu connaisseur. Ha ! Oui ! Juste comme les collègues allemand !
La Tour Enchantée
Un jeu de Inka Brand, Markus Brand
Illustré par Rolf Vogt
Publié par Gigamic, Drei Magier Spiele
2 à 4 joueurs
A partir de 5 ans
Langue de la règle: Française
Durée: 20 minutes
Prix: 40,00 €
Battle sheep
Un jeu de Francesco Rotta
Illustré par Andrea Femerstrand
Publié par Blue Orange
2 à 4 joueurs
A partir de 7 ans
Langue des règles: Française, Italienne, Allemande, Espagnole, Anglaise, Portugais
Durée: 15 minutes
Prix: 25,00 €
Splendor
Un jeu de Marc André
Illustré par Pascal Quidault
Publié par Space Cowboys
2 à 4 joueurs
A partir de 10 ans
Langue de la règle: Française
Durée: 30 minutes
Prix: 29,00 €
Voilà donc encore trois excellent jeux désormais multi récompensés mais pas sûr que cela les pousse encore à ressembler à la boîte illustrant cet article est prêtée très aimablement par la Lidja. Les versions des jeux présentées ici sont, quand elles existent, les versions francophones.