« Je ne vais sans doute pas arrêter complètement de faire des jeux, mais je vais me spécialiser dans ceux qui demandent peu de temps… »
Auteur de jeux depuis 1984, Bruno FAIDUTTI aime bien jouer, aime bien créer des jeux, car ce sont des activités faciles !
Jeux’n’CO : Peux-tu te présenter pour les personnes qui ne te connaissent pas encore ?
Bruno Faidutti : Bruno Faidutti, bientôt cinquante ans, auteur d’une quarantaine de jeux, et par ailleurs vaguement historien, sociologue et économiste.
Jeux’n’CO : Quel parcours as-tu suivi pour devenir auteur dans le monde du jeu ?
Bruno Faidutti : Cela s’est un peu fait tout seul, puisque mon premier jeu, Baston, a été publié en 1984, alors que j’étais encore étudiant. À cette époque, les éditeurs de jeux et les auteurs de jeux étaient encore assez peu nombreux en France, donc quand l’un croisait l’autre, les choses étaient assez simples. Ensuite, j’ai parfois un peu divergé, consacrant quelques années au jeu de rôle grandeur nature, à compiler les variantes les plus loufoques du poker, ou à jouer à Magic, mais je me suis toujours débrouillé pour retomber sur mes pattes et revenir au jeu de société.
Jeux’n’CO : Quelles sont les principales étapes pour la conception d’un jeu ?
Bruno Faidutti : Voila une question à laquelle je suis bien incapable de répondre ! Chaque jeu est un cas particulier, et je n’ai pas de méthode rigoureuse et reproductible. Certains de mes jeux, comme Tempête sur l’échiquier, ont été faits en quelques jours. D’autres, comme Isla Dorada, ont demandé des années de tests et d’innombrables versions.
Ces derniers temps, sans doute parce que je vieillis, je m’impose un début de méthode – ne rien mettre par écrit avant d’avoir pensé à un jeu dans ma tête pendant une quinzaine de jours. C’est surtout pour gagner du temps en évitant les protos qui partent à la poubelle après le premier test…
Jeux’n’CO : Peux-tu nous présenter le dernier jeu que tu as créé ?
Bruno Faidutti : Le dernier créé, non, car je ne parle pas de mes jeux avant qu’ils ne soient casés chez un éditeur et que celui-ci veuille bien en parler. Les prochains à être publiés, oui. Il y aura Isla Dorada, sans doute l’une de mes créations préférées, un gros jeu de négociations, d’enchères et de coups de putes dans un univers très « pulp ». Les joueurs y sont des explorateurs sur une île mystérieuse où l’on trouve des pandas tueurs, des pygmées cannibales et des trésors oubliés… Il y aura aussi deux jeux de cartes, Smiley Face, un jeu simple mais très original à base d’alliances passagères. Enfin, le Roi des Nains est un jeu de pli délirant et chaotique, dans lequel les règles et le but du jeu ne cessent de changer. Il y en a quelques autres qui sont finis mais n’ont pas encore trouvé d’éditeur.
Jeux’n’CO : Qu’est-ce qui te passionne tant dans le jeu ?
Bruno Faidutti : Je ne me considère pas comme un passionné de jeu. J’aime bien jouer, j’aime bien créer des jeux, car ce sont des activités faciles. Le jeu permet de créer des relations sociales relativement fortes entre les personnes sans pour autant prendre le moindre risque. Créer des jeux fait appel au même type d’imagination qu’écrire des romans ou des scénarios de film, mais demande infiniment moins de travail. Bref, c’est une solution de facilité.
Jeux’n’CO : Quels sont tes futurs projets ?
Bruno Faidutti : Pas grand chose. J’ai beaucoup de jeux qui vont sortir dans l’année qui vient, mais sans doute moins après car je prévois de consacrer plus d’énergie intellectuelle à d’autres activités. Je ne vais sans doute pas arrêter complètement de faire des jeux, mais je vais me spécialiser dans ceux qui demandent peu de temps…
Jeux’n’CO : Je te remercie au nom de l’association Jeux’n’CO pour le temps que tu m’as consacré et je te laisse le mot de la fin.
Bruno Faidutti : Ooops! J’ai oublié un autre jeu qui va bientôt sortir, Agents Doubles! Il est vrai qu’après deux ou trois ans de retard, Ludo et moi commençons à ne plus vraiment y croire.
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