« Je crée des jeux juste pour devenir riche et célèbre. »
Guillaume BESANÇON, l'éditeur LE JOUEUR, présente son tout dernier bébé : Cité. Mais aussi Rotterdam, Les Naufragés du Titanic, De Vulgari Eloquencia en partenariat avec les éditions du MATAGOT, Sandwich, L’Aventure c’est dur, 2 de Mayo, Clann et Trahison! Une actu débordante !!
Jeux’n’CO : Peux-tu te présenter pour les personnes qui ne te connaissent pas encore ?
Guillaume Besançon : Bonjour chers joueurs et chères joueuses qui fréquentez Jeux’n’CO,
C’est un très bon site, c’est donc un signe d’intelligence brillante de votre part de venir ici. Et je vous trouve très sympathique. Et canon aussi. Mais assez parlé de vous, on me demande de me présenter. Je m’appelle Guillaume Besançon, je suis ingénieur en bâtiment, j’ai construis entre autre des musées, et je suis également créateur de jeux (Déluges, Cité et du jeu de rôle).
Jeux’n’CO : Quel parcours as-tu suivi pour devenir éditeur dans le monde du jeu ?
Guillaume Besançon : Durant une période de chômage j’ai lancé Jeu de Rôle magazine. En même temps, j’avais beaucoup d’idées de jeux de plateau et j’en ai développé une : Déluges. J’ai créé un label d’édition ludique (Le Joueur) pour l’auto-éditer. Etre éditeur de jeu est un métier complexe et éditer son premier jeu est une galère pas possible, alors une fois que j’avais appris les bases avec un premier jeu, j’ai eu envie d’en faire profiter les autres.
Jeux’n’CO : Quels sont les principaux critères pour l’édition d’un jeu ?
Guillaume Besançon : Le principal critère de sélection est que le jeu soit bon. Il n’y a pas de définition d’un bon jeu, mais vous savez qu’un jeu est bon lorsque vos testeurs vous demandent de refaire une partie.
Le second critère est que le jeu s’adresse à une large catégorie de personne : une population d’un million de personnes ou plus (sachant que si 1% de la cible achète le jeu c’est déjà bien). Les jeux destinés aux philatélistes possesseurs d’un poisson rouge ne sont pas éditables. Les jeux d’apéro, les jeux de stratégie fluides, les jeux familiaux… sont assez souvent éditables.
Certains critères ne sont pas indispensables mais peuvent être des plus : le jeu est ‘langage indépendant’, le matériel est simple. Si possible 1 seule grande idée par jeu et par règle. Des règles intuitives, ‘naturelles’. Un thème fort, avec une bonne adéquation du thème aux règles et vis versa, c’est indéniablement un gros plus. Les règles ne dépassent pas 4 pages, 1 page c’est mieux. Plus votre jeu s’adresse à une grande plage de nombre de joueurs (idéalement de 2 à 12 joueurs), mieux c’est.
Jeux’n’CO : Peux-tu nous présenter le dernier jeu que tu as édité ?
Guillaume Besançon : Cité est mon dernier bébé. C’est un jeu de stratégie constitué de tuiles représentant des bâtiments de différentes tailles. Les joueurs vont construire ensemble une ville. Chacun construit un quartier de la cité en agençant les tuiles bâtiments les unes à côté des autres et le plus grand quartier à la fin gagne. Les règles sont très simples : chaque tour, les joueurs récoltent les ressources produites par leur bâtiments, échangent ces ressources entre eux et construisent de nouveaux bâtiments selon un tableau de coût en ressources. Le jeu dure 7 tours. Ca y est, vous savez jouer, vous pouvez commencer une partie. Les effets des bâtiments sont décrits sur les tuiles. Certains ont des conséquences sur les constructions et sur les quartiers adjacents, et il est possible de demander aux voisins un ‘loyer’ pour lui faire profiter de tel ou tel effet. Tout se fait donc dans les combinaisons de bâtiments et les deals avec les autres joueurs. A la découverte du jeu, les débutants pensent souvent qu’il y a une martingale, une combinaison ultime qui permet de gagner à tous les coups, mais ce n’est pas le cas car sa stratégie doit s’adapter au développement des autres joueurs et aux opportunités que cela crée. De plus, c’est aussi un jeu où le commerce est très présent : chaque quartier a le monopole de production d’une ressource et plus on possède de ressources différentes, moins il est cher de construire. Du coup, les joueurs sont incités à échanger entre eux. Au final ça fait un jeu riche en interaction et très rapide car tout se joue en simultanée. On joue tous en même temps, il n’y a pas d’attente.
Jeux’n’CO : Es-tu toi-même un passionné de jeux ?
Guillaume Besançon : Absolument pas. Je crée des jeux juste pour devenir riche et célèbre.
Jeux’n’CO : Quels sont tes futurs projets ?
Guillaume Besançon : Je viens de sortir Rotterdam et Les Naufragés du Titanic, deux jeux assez légers, ainsi que De Vulgari Eloquencia, un gros jeu pour gamers avec du poil sur la poitrine, en partenariat avec les éditions du Matagot, et il faut que je les fasse connaître, les fasse jouer, ce qui est une grosse partie du boulot d’éditeur. Sandwich et L’Aventure c’est dur, deux petits jeux d’apéros, sortiront début décembre. Pour 2011, je vais sortir 2 de Mayo, un petit wargames napoléonien dissymétrique sur la guerre d’Espagne qui se joue en 20 minutes. Un petit bijou ludique ! Les règles sont traduites, mais l’édition est une chose qui prend du temps. Je travaille avec un auteur sur Clann, un jeu de carte pas à collectionner aux effets violents et aux retournements de situation puissants. Et j’ai aussi dans les cartons un jeu de diplomatie qui s’appellera Trahison! Tout est fini, illustrations comprises, mais je fais d’ultimes réglages sur les règles et je fais tourner le proto auprès de groupe de joueurs pour vérifier que ça fonctionne bien. Et dernier jeu de société, il y a Trust, un prototype finaliste du concours de Boulogne Billancourt, qu’on travaille avec l’auteur pour l’améliorer. On lui cherche un nouveau nom, quelque chose qui évoque la mondialisation, le fric et les coups de putes.
D’autre part je cherche des jeux familiaux pour Le Joueur et pour une société américaine qui m’a demandé de faire de la ‘veille’ sur le secteur des créateurs français.
Côté jeu de rôle, on va publier avec Jeu de Rôle magazine un n°12,5 en pdf, puis le n°13 (papier) sera pour début 2011. En 2011, on publiera aussi un set de démarrage pour le jeu de rôle Nothingness. Enfin, on va continuer la série télévisée de jeu de rôle filmée qu’on a débuté sur NoLife. On recherche un monteur bénévole pour l’épisode 2, et on prépare un deuxième tournage fin 2011.
Jeux’n’CO : Je te remercie au nom de l'association Jeux’n’CO pour le temps que tu m’as consacré et je te laisse le mot de la fin.
Guillaume Besançon : Mais non, je t’en prie, je te laisse la conclusion.
Retrouvez toutes les interviews de Jeux'n'CO sur :
www.jeuxnco.org