Kickstarter : vécu par les éditeurs, de le papotache !

En fait je poserais plutôt la question inverse : pourquoi les éditeurs de jeux Cores continueraient-ils à commercialiser leur production en boutique, alors que visiblement leur public n’y est plus, ou à peine ? (Il suffit pour s’en convaincre de regarder les chiffres de ventes des “gros” jeux).
Il faut quand même admettre une chose : la vague de fond de casualisation et de multiplication des sorties qui touchent les boutiques tend à en chasser les gros jeux qui trouvent alors refuge dans le Crowdfunding où ils s’y épanouissent. 
Dans les années 90, les rayonnages des boutiques étaient quasi exclusivement composés d’un produit très “core” : le jdr. L 'émergence d’un produit plus grand public, le jeu de plateau, a peu à peu chassé le jdr des boutiques (qui s’est réfugié dans le pdf et la souscription). C’est parce que le jdp était plus casual, attirait une nouvelle clientèle plus nombreuse, que les étagères se sont vidées de leurs jdr (en VO en premier lieu donc le plus “Core” puis en VF) au profit du jdp (avec pas mal de VO à l’époque contre très peu aujourd’hui). Aujourd’hui, les jeux “casuals” sont massivement en train de chasser les jeux cores des étagères, car ils contentent un nouveau public plus large, les Familles (la disparition d’un éditeur comme Ystari est exemplaire à ce titre).
Il faut bien comprendre que dans la mesure où les rayonnages des boutiques sont limitées en place, les moins bonnes ventes y sont chassées par les meilleures, c’est à dire celles qui correspondent le plus aux attentes de la population des boutiques. Or cette population, en se développant, a changé. Elle est désormais beaucoup plus familiale et casual que jamais (c’est un phénomène de “vulgarisation” que l’on retrouve dans toutes les branches de la production culturelle et qui est très bien documentée par la sociologie de la culture). Il est illusoire de penser que la clientèle n’a pas changé quand la plus grosse vente du moment en boutique est le "Handspiner ", c’est à dire… un jouet ou au mieux un gadget que l’on aurait pu trouver il y a dix ans chez Soho.
Le procès fait à Kickstarter n’a pas de raison d’être. C’est un problème de structure de marché. Pour croître, les boutiques ont besoin d’élargir leur public. Cet élargissement passe par la casualisation (vulgarisation de l’offre). Mais le revers de la médaille est que leur ancien public (les rôlistes tout d’abord, puis les Core platoïstes) se retrouvent de moins en moins dans la nouvelle offre qui leur est proposée. C’est donc “naturellement” qu’ils s’en vont vers d’autres lieux qui correspondent plus à leurs attentes (le succès récent de Brass est là aussi exemplaire). Ça pourra sembler paradoxal à certains, mais c’est justement parce qu’elles se développent que les boutiques perdent une partie de leur clientèle. L’exemple de Conan est à ce titre archétypal de ce malentendu, puisque nombre de commerçant nous reprochent de ne pas leur vendre… des produits qu’ils ne nous achètent pas ! Alors que ce faisant nous ne faisons qu’enterriner une  situation qui existe de fait.

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En fait je poserais plutôt la question inverse : pourquoi les éditeurs de jeux Cores continueraient-ils à commercialiser leur production en boutique, alors que visiblement leur public n’y est plus ? (Il suffit pour s’en convaincre de regarder les chiffres de ventes des “gros” jeux).
Il faut quand même admettre une chose : la vague de fond de casualisation et de multiplication des sorties qui touchent les boutiques tend à en chasser les gros jeux qui trouvent alors refuge dans le Crowdfunding où ils s’y épanouissent. 
Dans les années 90, les rayonnages des boutiques étaient quasi exclusivement composés d’un produit très “core” : le jdr. L 'émergence d’un produit plus grand public, le jeu de plateau, a peu à peu chassé le jdr des boutiques (qui s’est réfugié dans le pdf et la souscription). C’est parce que le jdp était plus casual, attirait une nouvelle clientèle plus nombreuse, que les étagères se sont vidées de leurs jdr (en VO en premier lieu donc le plus “Core” puis en VF) au profit du jdp (avec pas mal de VO à l’époque contre très peu aujourd’hui). Aujourd’hui, les jeux “casuals” sont massivement en train de chasser les jeux cores des étagères, car ils contentent un nouveau public plus large, les Familles (la disparition d’un éditeur comme Ystari est exemplaire à ce titre).
Il faut bien comprendre que dans la mesure où les rayonnages des boutiques sont limitées en place, les moins bonnes ventes y sont chassées par les meilleures, c’est à dire celles qui correspondent le plus aux attentes de la population des boutiques. Or cette population, en se développant, a changé. Elle est désormais beaucoup plus familiale et casual que jamais (c’est un phénomène de “vulgarisation” que l’on retrouve dans toutes les branches de la production culturelle et qui est très bien documentée par la sociologie de la culture). Il est illusoire de penser que la clientèle n’a pas changé quand la plus grosse vente du moment en boutique est le "Handspiner ", c’est à dire… un jouet ou au mieux un gadget que l’on aurait pu trouver il y a dix ans chez Soho.
Le procès fait à Kickstarter n’a pas de raison d’être. C’est un problème de structure de marché. Pour croître, les boutiques ont besoin d’élargir leur public. Cet élargissement passe par la casualisation (vulgarisation de l’offre). Mais le revers de la médaille est que leur ancien public (les rôlistes tout d’abord, puis les Core platoïstes) se retrouvent de moins en moins dans la nouvelle offre qui leur est proposée. C’est donc “naturellement” qu’ils s’en vont vers d’autres lieux qui correspondent plus à leurs attentes (le succès récent de Brass est là aussi exemplaire). Ça pourra sembler paradoxal à certains, mais c’est justement parce qu’elles se développent que les boutiques perdent une partie de leur clientèle. L’exemple de Conan est à ce titre archétypal de ce malentendu, puisque nombre de commerçant nous reprochent de ne pas leur vendre… des produits qu’ils ne nous achètent pas ! Alors que ce faisant nous ne faisons qu’enterriner une  situation qui existe de fait.

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Je suis assez d’accord que vu le nombre de sorties en boutique, les jeux chers ont du mal à se vendre et il faut donc trouver un autre canal. KS permet en plus de créer de l’engagement avec les SGs, la comm en amont et pendant la campagne, etc. On a par contre 1 mois pour prendre la décision et ensuite beaucoup d’attente…
En boutique, on passe et si le jeu n’est pas présent, le temps qu’il soit réapprovisionné en gégnral on est passé à autres choses. J’aimerais bien connaitre les ventes de “not alone” depuis son retirage ou scythe qui est déjà plus cher.

@fredhenry qu’entends tu par core game ??? Le jeu de role nécessite une grosse préparation et beaucoup de temps avec les memes personnes pour jouer. Quand on a vie pro, extérieure et familliale pas facile facile.
Le jeu de société ca se sort entre 10min et 2-3H éventuellement 4H à 6H pour les gros jeux (genre eclipse, caverna, etc.) MBP ou zombicide ca peut se sortir vite et bien, et sans rien retirer à la qualité du jeu (j’ai pledgé), l’épaisseur du livret règles ne nous fait pas des noeuds au cerveau (et c’est tant mieux)

Dernière réflexion et qui je pense touche au fond du problème, ce qui ne me ferra pas acheter un MBP, un zombicide ou autre kiloplastique en boutique c’est la différence de prix KS, boutique… ZBP pour 150€ on recoit 400/500€ de matos prix boutique… Si je l’achète en boutique j’ai l’impression de rembourser le KS…
Sur les jeux plus classiques type kubenbois il y a quelques exclus et un remise mais on est sur ces ordres de prix…
Que distributeurs et boutiques prennent une marge OK mais pourquoi sur du kubenbois on serait sur 40€ KS → 50€ boutique et du kilo plastique 150€ KS → 450€ boutique

@ Drizzt
Le Core Game ne se défini pas en propre mais en opposition au Casual Game par le fait notament qu’il ne se donne pas spontanément à son public, du fait de diverses barrières à l’entrée, comme une possible complexité des règles, une esthétique ou un thème non consensuels, ou encore une durée de partie élevée. La casualisation a justement pour principe de faire tomber ces barrières de façon à étendre le spectre de la cible.
Concernant les prix sur KS, ils sont souvent maintenus artificiellement élevés afin qu’une trop forte différence ne se montre pas rédhibitoire pour la vente boutique. A terme, une dissociation des deux marchés devrait, toute chose égale par ailleurs, voir les marges sur KS baisser, que ce soit par le biais d’une baisse des prix ou d’une augmentation des coûts de développement.

Doublon

Je pense que la majorité des boutiques spécialisées ont décidé de mettre fin enfin à la sodomisation de groupe opérée par les éditeurs de Kickstarter qui voulaient le beurre et l’argent du beurre en privilégiant un double réseau de distribution. Il était temps !

Tu veux dire comme les éditeurs qui vendent en boutiques spécialisés ET en GSS/GSA ? (Et ce faisant font perdre beaucoup plus de ventes aux boutiques que KS. A titre indicatif, lorsqu un jeu passe en GSS ses ventes en boutiques chutent immédiatement de 20 à 30%)

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Matthieu, tu n’es pas très constructif… Dommage car tu as des choses à apporter à un tel débat.

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Pour le prix c’est qu’une bonne partie du coût d’un jeu (pour nous en tout cas) est du fixe. C’est à dire une somme de X qu’il faut amortir sur chaque copie.
Si sur un jeu de fig à 150 euros tu fais 50 euros de marge, tu amortis ta somme plus vite que si sur un jeu à 40 tu fais 15 euros.
De fait, tu peux afficher un écart relatif à la boutique plus élevé.
Maintenant quand tu dis 150 euros pour 450 boutique, tu as aussi un effet “relatif”. La plupart de ce que tu comptes dans ton prix boutique n’ira jamais en boutique et son prix est artificiellement montré élevé (sans que ce soit forcément “faux”) pour te donner la sensation de la bonne affaire :slight_smile:
Rappelons aussi que le système du pourcentage fait que les prix boutique sont un peu exponentiel dès que tu vas sur du gros jeu :slight_smile:

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Ca illustre bien le propos du début de la vidéo quand on discutait des gens qui se croient tout permis à travers un écran et qui trollent même quand ils n’ont rien à dire d’intéressant :stuck_out_tongue:

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Cher Monsieur Jeuxdumonde,

De fait, cette limitation ce fera naturellement. Elle est en train de se faire. Plus il sortira de jeux, plus le secteur se modifiera. Parce qu’une boutique ne peut pas tout avoir, tout vendre. Les boutiques ne peuvent pas garantir de tout référencer, donc un éditeur a le droit de faire l’impasse lui aussi. La limitation se fera parce que l’on peut imaginer des retirages KS, tout comme pour le circuit traditionnel. Un jeu a du succès, l’éditeur refait un KS pour ceux qui le voudraient. Parce que la cible aura été capté à 99% par KS. Si vous n’avez plus de clients susceptible d’aller en boutique, à quoi bon y laisser des boites ?

Si un jeu fait un vrai carton, que les médias s’en emparent, qu’une bonne étoile fait que le jeu se retrouve portée d’un seul coup et que tout le monde le veut, alors l’éditeur pourrait faire un tirage boutique. Mais nul doute que ce sont les grande surface et autre dealer en ligne qui tireront leur épingle du jeu…

Encore une fois, l’analyse de Monsieur Fred est pertinente. Le secteur se coupe en deux, et contrairement à ce que dit Monsieur Matthieu sur un commentaire, sur KS, ce ne sont pas des éditeurs qui veulent le beurre et l’argent du beurre, il veulent juste avoir droit à un peu de légumes dans leur assiette… C’est ce qu’explique Monsieur Benwa dans la vidéo. Ce sont des éditeurs qui veulent juste gagner leur vie, et KS est le seul moyen qu’ils aient trouvé. Passer en boutique ne leur garantie rien et au pire leur fait perdre de l’argent. Pourquoi diable devraient-ils alors s’obliger ?

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Tout à fait d’accord avec Fred sur l’analyse qu’il produit sur l’évolution du secteur ludique-joueurs-boutique depuis les années '90. A cette époque, 99 % des joueurs étaient rôlistes (j’évacue les wargamers…c’était une catégorie à part et c’est toujours le cas). Se gaver des dizaines de pages avant de jouer n’était pas un problème puisque le socle sociologique sur lequel reposait justement les jeux de sociétés était le jeu de rôle : des dizaines et des dizaines de pages de règles à becter…

Cette évolution n’est ni bonne, ni mauvaise : c’est un faux débat. Il faut, qu’on le veuille ou pas, s’adapter.

Le profil du joueur depuis 30 ans a considérablement évolué - le gros du public n’est plus rôliste, il veut aujourd’hui veut pouvoir jouer vite, ne pas avoir à se tartiner 30 pages de règles avant de d’entamer sa première action sur le plateau, et trouver des produits peu onéreux…ce que l’on a en boutique. Et c’est très bien comme cela.

Je suis personnellement convaincu qu’un jeu comme Conan n’aurait pas trouvé son public en boutique. Fred se serait casser la gueule méchamment. Donc il lui a bien fallu trouver une solution pour que son projet aboutisse. Projet qui je suppose lui tenait beaucoup à coeur.

De manière générale, ce sont bien souvent les vieux Grognards de la Vieille garde qui pledgent sur des “gros” jeux (encore que définir un “gros” jeu n’est pas si évident que cela à mon sens).

Et pour conclure (enfin presque), il ne faut pas oublier que ce sont les joueurs avant tout qui font le marché. Cela a toujours été le cas, et cela sera toujours ainsi.

Quant au procès que certains font à Fred sur le fait qu’il se “gave”, je trouve cela intellectuellement…comment dire…bon bref…

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Même site les propos sont vulgaires, je ne “trolle” pas. La différence essentielle entre l’édition classique et l’édition Kickstarter c’est que dans l’édition classique ce qui prime c’est le jeu alors que pour les Kickstarters la motivation principale c’est l’argent, le montage financier, les stretch-goals…et çà le plus souvent au détriment de la mécanique… Pourquoi les éditeurs de Kickstarters ne communiquent que rarement au préalable sur les règles ? Pourquoi le plus souvent la défaillance des règles est masquée par une débauche de matériel en grande partie dispensable ?

Mais c’est complètement faux. Il y a des jeux complètement ratés qui sortent en édition classique et des jeux très bien ciselés qui sortent via KS. Il y a également beaucoup d’éditeurs “classiques” qui ne communiquent pas sur les règles avant la sortie du jeu et même certains qui ne les mettent pas à disposition après la sortie. Et pourquoi ça serait mal de privilégier un double réseau de distribution ??? Si un éditeur y trouve son compte, je ne vois pas pourquoi il s’en priverait.

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Monsieur Matthieu,

Mettre en avant son matériel pour masquer ses défaillances de règles ça serait un peu comme mettre en avant des propos simplistes et vulgaires pour masquer son manque d’arguments et de pertinence non?

C’est marrant car quand je tiens un folder de Cocktail Games, j’y vois des photos du matériel et un résumé. Pas d’explications détaillées des règles ou mécaniques. Est-ce pour masquer leur défauts? Ou juste par commodité commerciale?

Catégoriser l’édition par Kickstarter comme vous le faites est intellectuellement malhonnête.

Des jeux comme Conan ou Cthulhu Wars (et bien d’autres) n’auraient sans doute pas pu voir le jour sans passer par le crowdfunding. En tant que joueur, je suis ravi qu’une palterforme puisse prendre le relai des éditions classiques et des boutiques dans ce monde ludique en mutation.

Kickstarter n’est pas parfait et tous les jeux qui s’y trouvent ne sont sans doute pas des perles sans défaut ou sans excès. Mais cela, c’est un peu identique dans tous les secteurs, dans toutes les entreprises et sans doute dans chaque être humain…

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Cher Monsieur Matthieu,

C’est amusant cette dichotomie. La même que chez les boutiques qui considèrent que les boutiques en ligne et les boutiques en durs ne font pas le même métier, alors que ce sont dans les 2 cas des commerçants. Les uns accusants les autres de tous les maux et surtout de mal faire le travail :slight_smile:

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Matthieu, désolé mais c’est totalement faux. Aujourd’hui quasiment TOUS les projets KS mettent à dispositions leurs règles pendant la campagne. Par ailleurs les jeux sont désormais massivement joués AVANT la campagne (beaucoup plus que les jeux du circuit classique).

5 « J'aime »

Le débat prend une tournure intéressante. Alors allons au bout du raisonnement. Puisque les éditeurs pourfendeurs de KS se veulent les chevaliers blancs des boutiques, je leur poserais une simple question : Qu’est ce qui fait le plus mal aux boutiques, un éditeur vendant quelques centaines de ses jeux fr via KS plutôt qu’en boutique (scythe = 400 ventes fr, Zombicide = 500 ventes fr…) ou un éditeurs vendant plusieurs dizaines de millier de ses jeux en GSS plutôt qu’en boutique ? Où se situe le plus gros manque à gagner pour les boutiques ? Qui pratique une “sodomie de groupe en voulant le beurre et l’argent du beurre en privilégiant un DOUBLE RESEAU DE DISTRIBUTION”?
C’est juste la parabole de Poutre et de la Paille.
La stratégie du pathos envers les boutiques prend un sacré coup dans l’aile Matthieu une fois que tu regardes la réalité des chiffres. Peut-être faudrait il simplement admettre que les éditeurs sont là pour vendre des jeux, quel qu’en soit le canal. Qu’il en est de même des boutiques et des distributeurs. Et qu’au final tout ceci n’est que du commerce.

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Merci d’avoir fait avancer le sujet!

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