[Magic l’Assemblée][Monopoly][Roborally]
Cocorico et les belles histoires de l’oncle Mops
Si je vous dit « the Duellist », « Inquest » ou « scrye » ou encore « The Sideboard ». Si je vous dit Melissa Benson, Phil Foglio, Drew Baker, Amy Weber (ma préférée la plus poétiquement déglinguée), … Je vois des regards qui s’illuminent. Oh ! Oui !
Tout cela rappellera à la vieille garde quelques souvenirs attendrissants. C’est bien de « Magic the Gathering » ou de « Magic l’Assemblée » dont je vous parle. Pourquoi ? Pour deux raisons. D’abord parce que le mardi 6 août 2013, l’équipe française composée de Raphaël Lévy, Yann Guthmann, Timothée Simonot, et Stéphane Soubrier a remporté le championnat du monde de Magic 2013. Ensuite parce que 2013 quoi ! Souvenez-vous : Magic est né en 1993. Vingt ans ! Quel bel âge !
Commençons par féliciter le quatuor français qui a affronté en finale l’équipe venue de Hongrie et qui était sur le point de porter le coup de grâce à la France avec sa terrible Olivia Voldaren. Tous retenaient leur souffle avant que l’équipe de France ne tire de leur deck un Retour de Rakdos salvateur, leur permettant de remporter le trophée de Champions du Monde tant mérité.
Garfield le révolutionnaire
Continuons en rendant un hommage bien mérité à monsieur Richard Garfield. Maître Garfield que l’on peut encore croiser sur les salons ludique en chaussettes dans un ascenseur allant porter un plateau de petit déjeuner à sa compagne et qui est toujours près à prendre un moment pour parler avec des joueurs passionnés même s’ils ne parlent pas bien sa langue.
Comme j’aime bien vous raconter des histoires, en voici une que j’aime bien. En 1991, monsieur Richard vient toquer à la porte d’un petit et nouvel éditeur de jeux du poétique nom des Magiciens de la côte (Wizards of the Coast). Richard Garfield est mathématicien, prof, il a passé son doctorat sur la combinatoire et il aime les jeux de société. D’ailleurs, il a un chouette projet avec un de ses amis qui se nomme « Roborally ». Pour sûr que ça intéresse les magiciens mais bon… Ça coûte un peu cher à produire ce genre de jeu. Imaginez donc ! Un plateau, des figurines ! Pfff ! Non tu vois Richard, toi qui es un matheux, tu ne pourrais pas nous pondre plutôt un jeu de cartes ? C’est plus simple pour commencer et après si ça marche on reparle du gros jeu de plateau. Ok monsieur Peter Adkison, je vais voir ça.
A kind of magic
De fait Garfield a déjà un jeu de cartes dans ses cartons qu’il va donc représenter sous le nom de Mana Flash. Le projet date de 1982 et se nomme “Five Magic”. Le principe est simple et inspiré de “Rencontre Cosmique”; deux joueurs avec chacun leur paquet de cartes qui s’affrontent. Les cartes sont combinables de façon à ce que chacun se construise son paquet personnalisé avant la partie. Les cartes seront vendues par petits paquets surprises et collectionnables comme les cartes de footballeurs américains. Les plus rares seront les plus puissantes.
Prends toi 10 points dans ta face ! C’est à toi de jouer…
-Monsieur Phal
Finalement le jeu sera renommé « Magic the Gathering » et le premier tirage sera en version limitée parce qu’on ne sait jamais… Il sera présenté à la Gen Con. À peine trois mois plus tard la version dite Alpha est épuisée. Bon alors on en refait une autre, la bêta. Elle aussi en version limitée. On ne sait jamais…
Autant vous dire que malgré sa réputation, peu de joueurs ont eu entre les mains le fameux Lotus Noir Alpha…
Quelques années plus tard, avec 12 millions de joueurs et un jeu traduit pour 11 pays différents, les petits français remportent le championnat du monde et Garfield se balade toujours en chaussettes dans les hôtels près des conventions de jeux. Ha ! Si ! Bonne nouvelle, il a pu ainsi éditer « Roborally ».
Magic est un succès mais ce n’est pas non plus une de ses seules qualités. Magic a réuni pas mal de gens autour d’une table. Je ne sais plus si c’est en 94 ou 95, lors d’un été ensoleillé que je tombe sur quelques lignes jetées à la hâte par un gars du nom de Croc dans le magazine Casus Belli. Je ne me souviens plus des mots exacts employés mais monsieur Croc disait en gros : là je n’ai pas le temps mais dans le prochain numéro, je vous parlerais d’un jeu incroyable. Chaque joueur joue le rôle d’un magicien avec un paquet de cartes dont chaque carte est un sort. On achète les paquets qui contiennent des cartes au hasard et chacun peut combiner ses cartes pour faire son propre paquet pour se foutre ensuite sur la gueule.
…
Salaud de Croc !
Bon déjà en province la nouvelle n’était pas encore arrivée partout et il a fallu persuader mon dealer favori que se serait bien s’il pouvait se procurer ce jeu.
J’en parle à mon voisin préféré Monsieur Phal qui sent très vite le piège à con et la pompe à fric. Pas grave, je file acheter deux Starter et deux boosters et je lui en offre la moitié. Juste pour tester quoi !
Après c’est juste une question de rester raisonnable. La semaine d’après on ira s’acheter un deuxième booster. Quoi ? T’en as acheté 3 d’un coup ? T’es taré !
Peu de temps après, je devenais moi même mon dealer préféré, et nous organisions les premiers tournois régionaux. Après la perte d’un certain nombre de cartes au profit de ce voisin particulièrement énervant (oui les vrais hommes jouaient pour mise !) je me suis plus reporté sur l’organisation où mes talents subissaient moins d’humiliation.
C’est lors d’un de ces tournois que gagnait assez régulièrement l’autre andouille que nous avons rencontré un des prestigieux représentant du jeu organisé de WOTC France, un certain monsieur Manu Beltrando aujourd’hui boss de Moonster Games. Ayant sympathisé nous nous sommes retrouvé au Championnat de France 1997, moi comme arbitre adjoint du sieur Beltrando et Monsieur Phal comme sélectionné. Il ne sera vaincu qu’en quart de finale. Autant vous dire que ça ne rigolait pas. À l’époque les arbitres n’avaient pas encore besoin de se fader l’encyclopédie en 13 tomes des cas particuliers de cette mécanique combinatoire. Non c’était juste mieux de mesurer plus d’1m80.
Nous demeurons les maîtres du jeu
- Yves Coignard
C’est aussi à l’époque que WOTC France est dirigé par Monsieur Yves Coignard que nous retrouverons ensuite avec malice dans l’affaire du Monopoly Montcuq puisque WOTC sera racheté par Hasbro puis plus récemment comme … Directeur chez Asmodee. Oui le monde est petit !
Acquérez définitivement le contrôle de la créature ciblée
Et là je ne vous fait que la petite histoire parce que tout comme les jeux de rôles, Magic a contribué à réunir tout un tas de tartempions un peu fêlés que je ne pourrais pas tous vous citer ici parce que j’ai déjà assez fait mon vieux schnock comme ça. Citons juste Monsieur Pierre Rosenthal, un des traducteurs français, un ancien de chez Casus qui bosse aujourd’hui chez Blizzards (oui des tarés je vous dit !) et sans qui le jeu n’aurait peut-être pas eu cette curieuse poésie lettrée. De fait, certains de ses termes sont devenus aujourd’hui des classiques du bréviaire des jeux de cartes à collectionner.
Tout cela sans compter sur tous les jeux qui sont les descendants directs de MtG…
Alors cher monsieur Garfield, cher monsieur Croc, je ne vous explique pas le temps et l’argent que vous nous avez fait perdre avec vos bêtises. Si nous en sommes là aujourd’hui c’est un peu grâce à vous.
J’ai dit grâce ?
► Richard Garfield nous parle de King of Tokyo sur Tric Trac TV
Noms de revues américaines consacrées au jeu Magic the Gathering