Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, et malgré une pandémie mondiale, la restauration parisienne ne saurait baisser les bras ! Fort de cette confiance envers une profession malmenée par les vicissitudes sanitaires, nous ne saurions mieux montrer notre soutien que par l’évocation de Dinner in Paris récemment sorti chez FunnyFox.
Imaginez qu'une nouvelle Place voit le jour en plein Paris, un lieu spacieux et magnifique au milieu duquel trône une somptueuse fontaine entourée de quelques massifs de fleurs et de réverbères de la Belle Époque. Des pigeons s'égayent sur le rythme endiablé de quelques musiciens de rues. Bref ce Paris tant prisé par les touristes et si bien magnifié par ces poètes qui n'ont jamais pris un RER de banlieue.Eh bé oui, parce que la cruelle réalité du monde contemporain se rappelle généralement à notre bon souvenir dès lors qu'on est un peu trop porté à la rêverie. Dans la Capitale, dès qu'un espace se libère des promoteurs s'en emparent pour vous ériger une boutique de vêtements hors de prix ou une agence immobilière (le mètre carré parisien est lui aussi devenu un produit de luxe). Dans Dinner in Paris, poésie ludique oblige, il s'agit de restaurants. C'est quand même plus sympathique (le thème... pour l'esprit du jeu, vous verrez, c'est plus tordu).
Nous sommes donc des restaurateurs dont la mission va d'abord être d'ériger des établissements plus ou moins prestigieux, cela va de la petite friterie au restaurant gastronomique, fleuron de la Culture française. Et n'oublions pas les indispensables brasseries et leurs serveurs qui ont tant fait pour la réputation de serviabilité et d'amabilité à travers le monde. Quiconque n'a jamais supporté le regard inquisiteur d'un garçon de café parisien lors de la commande d'un expresso dont le prix représente 3 mois de salaires d'une caissière de Prisunic, ne saurait dire qu'il a visité Paris.
La bataille des terrasses, "c'est Verdun !!"
C'est cet esprit bienveillant que montre à sa façon le jeu. Car l'érection d'un restaurant n'a d'intérêt que si on arrive à y développer une terrasse. Tout le but du jeu est là : ce sont ces extensions qui vont permettre de réaliser les objectifs lucratifs fournis tout au long de la partie. Un coup il faut entourer un élément du décors, pour un autre il s'agira d'atteindre un nombre précis de cases de terrasses ou de les disposer d'une certaine façon. Bref, il faut s'étendre. Et une case occupée, c'est un emplacement que les autres ne pourront avoir, parfois même l'interdiction d'accès à une zone stratégique.
Alors on ouvre un nouveau Restaurant, plus petit ou plus grand selon les capacités disponibles. Objectif : lancer une nouvelle offensive sur un scoring de majorité, ou accéder à une zone libre où pullulent les pigeons qui, lorsqu'ils sont recouverts, permettent de tirer des bonus d'une effroyable efficacité.
Pour les amateurs de petits détails qui s'interrogeraient sur le mode d'achat des bâtiments, précisons qu'il y a en effet une petite mécanique de collection de ressources alimentaires pour la construction des établissements, et une gestion très simplifiée d'argent pour l'achat des terrasses. Ces deux composantes de gestion, pour autant qu'elles soient essentiels, restent toutefois élémentaires vis-à-vis du véritable enjeu ludique.
Dinner in Paris est donc un jeu violent, psychologiquement s'entend. Les points de victoires ne dépendant que de l'extension des terrasses (selon plusieurs types de scoring), tout repose sur les emplacements et les surfaces recouvertes. Un joueur peut ainsi se retrouver totalement bloqué par ses adversaires s'il n'a pu correctement évaluer les zones d'interaction ou anticiper les actions de ses voisins. Il faut donc être malin, prudent, et oublier tout amour propre vis-à-vis des coups pendables de concurrents qui, le temps de la partie, ont banni toute notion d'amitié. Bande de sagouins.
Le matériel est d'excellente qualité, le plateau s'entourant au fur et à mesure de petits immeubles haussmanniens en plastique qui donnent un rendu très sympathique et immersif. Et même si on s'est copieusement insulté tout au long de la partie, on est satisfait au final d'avoir ensemble aménagé une belle place parisienne.
Article corrigé le 12/11 à 17h20 : zoup pas de rupture !