Le JDR sans meneur

Face au Titan est financé, et plutôt trois fois qu’une puisque la barre des 300% a été dépassée ! Il reste encore quelques jours pour participer à la campagne Kickstarter.

Tric Trac

Mais qu'est-ce que Face au Titan ? C'est un jeu de rôle, qui sera livré au format PDF et en impression à la demande. Un livre unique, qui se suffira à lui-même, pour des séances one-shots de 2 à 3h, sans meneur de jeu et sans préparation.

Un jeu de rôle sans meneur ?

Cela existe donc ? Mais comment cela peut-il fonctionner ? Quel est l'intérêt de ce genre de JDR ? Qu'est-ce que cela peut apporter de différent ? Et quelles sont les limites du genre ?

Voilà quelques questions que je vais essayer de partager avec vous.

Des jeux de rôle sans meneur ?

Quand on parle de JDR sans meneur, le premier nom qui revient souvent dans les discussions est Fiasco. Ce jeu de Jason Morningstar, publié en France par Edge, est clairement la tête d'affiche du genre.

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Fiasco propose un jeu très libre, rythmé en deux actes et un épilogue. La force de Fiasco est de proposer des cadres très variés mais proposant tous une histoire où ça va mal se passer, où tout va aller de mal en pis. Dans Fiasco, vous interpréterez un personnage principal, mais il vous arrivera aussi fréquemment de prendre le rôle d'un figurant, de cadrer des scènes, de proposer des éléments du cadre. Vous vous partagerez, en quelque sorte, certaines tâches généralement dévolues à un meneur.

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Proche cousin de Fiasco, Protocol propose une approche plus cadrée en utilisant un tirage de cartes donnant les thèmes à aborder dans chaque scène, ainsi que le type de chaque scène.

On retrouve un découpage cinématographique avec les Vignettes, les scènes d'Ensemble, les Interludes en tête à tête ... Comme pour Fiasco, chaque cadre de jeu apporte son ambiance très particulière ainsi qu'une règle spéciale.

Pour des personnes souhaitant tester un jeu sans meneur mais effrayées par la trop grande liberté de Fiasco, Protocol est un excellent compromis.

Petit nouveau dans l'univers des jeux sans meneur, For the Queen pourrait très bien lancer une mode, tant les hacks de ce jeu commencent à débarquer en nombre.

For the Queen, au niveau du matériel, c'est un jeu de cartes. Chaque carte donne une indication sur le contexte (on accompagne la Reine) et sur les règles. Les règles s'expliquent donc "toutes seules" en découvrant les premières cartes. Puis on va mélanger de nombreuses questions qui seront elles aussi tirées via les cartes. Ces questions, nos personnages y répondront. Cela permettra de construire l'histoire, les personnages et leurs relations.

En une demi-heure, on peut créer un personnage et vivre une aventure palpitante, toujours sans préparation et toujours sans meneur ! Ce jeu a tout pour faire un carton, pouvant être sorti facilement en salon, au bar, en randonnée, lors d'un voyage en train ou même en voiture.

Pour découvrir ce jeu, direction le site www.cestpasdujdr.com où vous trouverez de nombreux jeux de rôle sans meneur.

Les avantages du jeu sans meneur

Le premier avantage que je vois au jeu sans meneur est qu'il ne nécessite souvent pas de préparation. Pas de scénario à préparer, pas de personnage à créer, on peut jouer tout de suite, comme ça. Plug & Play. Ce qui est très pratique quand un joueur manque et qu'on ne peut pas jouer la partie habituelle, mais que tout le monde s'est déplacé. La soirée JDR n'a pas à être annulée : on sort un jeu sans meneur, sans préparation, et roule !

Un autre point fort est l'absence du meneur. Il peut arriver, quand on est meneur de jeu, de ressentir une forte pression. Qu'elle vienne des joueurs ou qu'on se l'inflige soi-même. Parce que le scénario dépend de nous, que l'animation de la table dépend de nous, que l'univers dépend de nous. Il faut préparer la partie, la jouer, l'analyser pour préparer la suivante.

De nombreux jeux permettent de limiter ou de s'affranchir de certaines de ces contraintes, mais elles existent. Le jeu sans meneur permet de ne pas avoir cette personne unique, au rôle différent, sur qui repose l'attente des autres.

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Enfin, même s'il existe des jeux sans meneur au long cours (Dream Askew, Ce qu'il nous reste ...), la majeure partie d'entre eux propose des formats courts et en one-shots. Et ce format permet, pour une soirée, de changer d'air et d'explorer d'autres genres, d'autres univers, d'autres types de personnages. La mort d'un personnage est plus facile à mettre en oeuvre dans un tel format que dans une campagne au long cours où l'on devra trouver un autre personnage à incarner, par exemple.

Nombre de ces jeux disposent d'une règle d'épilogue qui permet de conclure l'histoire, de choisir le destin de son personnage. Et quand on sait qu'on ne le reverra pas, on peut plus facilement oser.

Des limites du jeu sans meneur

Le jeu sans meneur n'a bien sûr pas que des vertus. Il existe des limites au genre.

La première est qu'il nécessite généralement des joueurs pro-actifs. Il faut créer du matériel ex-nihilo, en partant de rien. Ce n'est pas forcément donné à tout le monde. Créer un personnage depuis une feuille blanche, souvent sans caractéristiques, sans modèles, juste avec des orientations narratives, peut occasionner des blocages chez des personnes peu à l'aise avec la création, qui préfèrent jouer en réaction.

Heureusement, de nombreux jeux proposent des aides à ce niveau-là. Cela peut être la possibilité de laisser une part de création aux autres joueurs (Fiasco ...), des guides et des orientations sur ce qu'il faut jouer (Protocol, For the Queen ...).

L'autre problème de l'absence de meneur est l'absence de direction claire que l'on peut éprouver dans certains jeux sans meneur. Il n'y a pas une personne en charge de faire tenir le scénario en place. Et l'histoire peut vite partir dans tous les sens.

Il est important dans un jeu de rôle sans meneur de s'accorder en amont de la partie sur le type d'histoire que l'on veut raconter, sur l'orientation choisie. Cela permet de cadrer des débordements, d'éviter de partir dans tous les sens.

Des jeux proposent des mécanismes pour cadrer la partie. Dans Protocol, chaque scène suit un thème qui correspond au cadre choisi. Dans Face au Titan, une partie se joue en cinq phases successives qui vont cadrer l'histoire racontée et servir de structure au scénario.

Alors, ces jeux de rôle sans meneur ?

En conclusion, je dirais que ces JDR proposent une approche intéressante du JDR et que ce genre s'inscrit dans l'ouverture vers le public qui s'opère actuellement. La possibilité de jouer sans préparation correspond à l'usage que l'on a, par exemple, d'un jeu de plateau classique.

Il permet aussi de changer un peu d'air pour les rôlistes chevronnés qui arpentent une campagne depuis plusieurs mois, sans avoir forcément à s'engager sur du long terme. Et il permet de continuer à jouer malgré l'absence d'un membre du groupe.

L'offre du JDR sans meneur est large, et continue de s'agrandir. Les thèmes et les ambiances proposées sont très variées, et il est plus que possible que vous trouviez chaussure à votre pied.

Quelques liens

La campagne Kickstarter de Face au Titan se termine lundi 27 mai. Pour 7€ vous pourrez disposer du PDF du jeu, et pour 8€ de plus du livre en impression à la demande.

C'est pas du JDR! vous propose une énorme liste de jeux de rôle sans meneur.

Fiasco est disponible chez Edge.

Protocol est disponible sur DriveThruRPG.

For the Queen est un jeu de Alex Roberts disponible chez Evil Hat.

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Merci pour cet article fort intéressant.
ça serait bien qu’un éditeur se lance dans une version française de For the Queen ! :slight_smile:

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Ce serait super, en effet. Il n’y a rien de fait pour l’instant, mais des gens poussent en ce sens.

Un autre avantage de ces jeux sans meneur est de bousculer les habitudes de vieux rolistes, d’apporter de la fraicheur, un nouvel éclairage sur ce loisir, une prise de recul. J’ai beaucoup aimé Fiasco.

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En effet, je trouve que ce genre de jeu, en explorant d’autres ambiances, fournit d’excellents “respirations” au milieu d’une utilisation plus classique du JDR.

ça n’a plus rien a voir avec du JDR… c’est un peu vicieux d’appeller ça du jdr sans meneur :confused:

On y incarne un personnage, on y est libre de nos actions, on construit l’histoire ensemble, le scénario n’est pas pré-établi. Pour moi, ça a tout du jeu de rôle. Ca rentre dans cette définition du loisir que j’aime tant, au même titre que Dungeons & Dragons, Dungeon World, Shadowrun ou For the Queen.

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