On ne va pas dire qu’ils nous déçoivent les cousins portugais avec leur prix du meilleur jeu de l’année. Là-bas on ne s’encombre pas de préoccupations commerciales ou de marketing ou autres questionnements sur comment toucher le joueur qui pourrait bien l’être sans le savoir encore.
Cela fait désormais plusieurs années qu’ils choisissent un bon gros jeu bien velu (non non non… pas de blague idiote avec le Portugal !) pour les joueurs dits connaisseurs. Bref un bon jeu quoi ! Et on s’en fout si ma petite voisine, elle risque de trouver ça chiant et incompréhensible ! D’abord je ne joue pas avec elle et puis moi je ne suis pas éditeur et je m’en fous qu’on soit des millions ou quelques centaines à jouer. C’est vrai, ça change quoi au mérite intrinsèque du jeu ?
Je les entends déjà les protestataires qui se demandent à quoi ça sert un prix pareil si c’est pour faire plaisir à trois tondus (non non non pas de blagues) et deux pelés ?
Ho bon sang comme je l’ai entendu cette litanie de la popularité, du prosélytisme et du vilain élitisme que certains sectaires veulent nous faire croire que le jeu c’est de la culture.
À croire qu’ils n’en ont rien à taper les Portugais. Ils choisissent un jeu qui leur plait et dont ils pensent qu’il est bourré de qualités aptes à satisfaire… des joueurs ?
C’est dommage que j’ai déjà employé cette citation de Victor Hugo dans une niouze précédente qui disait le succès c’est un vrai souci parce qu’on a tendance à le confondre avec le mérite. Oui bon enfin bon. Je ne suis pas si sûr tant que ça qu’il y ait confusion. C’est surtout une histoire de tiroir caisse et c’est tellement bon de se dire que c’est grâce au succès populaire qu’on peut se consacrer plus confortablement à des choses plus méritantes mais moins accessibles.
C’est comme si je vous disais que Johann Sebastian Bach aurait dû composer des chansons de gaudriole pour pouvoir composer plus confortablement et éviter d’être méconnu et considéré comme chiant de son vivant. Bon je pousse un peu loin l’analogie, je vous le concède.
Populaire mais pas trop…
Seulement voilà aujourd’hui on trouve des portraits de Bach sur des boîtes à sucre à côté de Van Gogh parce que ça fait classe. On aura beau faire, il y aura toujours de l’exigence chez certains créateurs et l’exigence demande souvent un effort pour l’approcher. Et donc c’est pas facile à caser à côté d’une tranche de jambon dans l’hyper du coin. Ça ne retire rien à la dignité du jambon notez bien !
Bref ce n’est pas en vendant ou en inventant des « Key Flower » qu’on va rouler demain en voiture de luxe ou se retrouver avec une horde de fans en délire venant se faire dédicacer leur boîte de jeu.
Pourtant… Ceux qui aiment ça. Ils aiment vraiment bien ça et leur plaisir ne sera jamais quantifiable par des enquêtes marketing. Voire même ils seront récompensés par une bande de passionnés portugais. Et vous savez quoi ? En plus ça va les rendre heureux.
Figurez-vous que moi aussi. Alors là c’est le summum de l’élitisme parce que je vaux 1 et encore pas tous les jours disait ma maman…
“Keyflower”
Un jeu de Sebastian Bleasdale & Richard Breese
Illustré par Juliet Breese & Jo Breese (on reste en famille)
Publié chez R&D Games (règles VF via Gigamic)
Pour 2 à 6 maires colorés dès 12 ans
Public : connaisseurs et kubenboisistes et autres élitistes
Durée de partie : 90 min
Disponible dans les 45€