Il n’y a pas que Kickstater pour lancer un financement participatif. Il y a aussi la plateforme française Ulule. Il n’y a pas que des jeux avec des tonnes de figurines sur le créneau. Il y a aussi des jeux sans. Il n’y a pas que des éditeurs qui calculent pile-poil une production avec pour objectif une mise en boutique. Il y a aussi des gens qui font un jeu pour faire un jeu. Parce que sinon, ils ne pourraient pas. Vraiment. C’est le cas pour « Fist them all ! ». Un projet un peu particulier, à plus d’un titre.
Sticky Pants
Au départ du commencement, il y a un blog BD. Puis une BD. Les plus vifs d’entre vous sont peut-être tombés sur cet excellent numéro de « Strip Trac » consacré à la chose. Monsieur Christophe était venu nous présenter les deux ouvrages très… provocateurs. Un truc à ne pas mettre entre toutes les mains. Des histoires de superhéros qui font des choses avec leurs parties intimes que la morale préfère ignorer. Pour ceux, âgés de plus de 18 ans qui voudraient se rincer l’œil, voici la chose.
Un jeu
Tony Emeriau (Auteur) et Xavier Henrion (Dessins), étant un peu joueurs, ont décidé de se faire plaisir en inventant un jeu basé sur leur univers. Simplement. Ho, pas un jeu de gestion à base de ressources. Du tout. Avec un thème aussi festif que le « fist fucking », il ne pouvait faire qu’un party game, ou du moins un jeu pour rigoler. Ils ont opté pour un jeu de pichenettes. Parce qu’ils ont une grande culture geek de trentenaire à base d’ultra-provocation, ils ont choisi comme nom : « Fist Them All ». Une référence qui n’échappera pas aux amateurs de poussin jaune électrique.
Fist Them All
Comme souvent, comme toujours avec les projets participatifs, les auteurs/éditeurs sont obligés de tout montrer afin d’attirer les souscripteurs. Donc tout est disponible sur la page du projet lancé il y a quelques jours. Mais voici un résumé.
Nous sommes devant un jeu de pichenettes. Au centre de la table, les cibles. Des fions. Des fondements. Des fesses. Des culs. Appartenant à ces civils anonymes. Il y a aussi, parmi cette foule, le postérieur de chaque joueur. Il y a des objets. Et Ramon. Chaque joueur possède une case départ à l’image de son superhéros et 2 figurines de poing.
En début de manche, les joueurs vont « pichenetter » tous leurs poings en essayant d’atteindre des postérieurs. Une fois fait, on vérifie qui est « fisté ». On retourne les fondements anonymes touchés par les poings pour savoir qui s’est fait « fouillé ».
S’il s’agit d’un superhéros, cela va provoquer sa colère, et donc déclencher ses super-pouvoirs au prochain tour. Un Superhéros retourné est donc maintenant face visible et est considéré comme humilié.
Si un Superhéros humilié est à nouveau touché par un poing, il est éliminé. Le joueur qui le représente ne jouera désormais qu’avec un poing les tours suivants.
Si un poing touche un objet, son utilisation est activée.
Si Ramon est « fisté », chaque joueur va pouvoir regarder 1 « fondement » en secret pour savoir qui se cache derrière un postérieur.
Une manche prendra fin quand il ne restera plus que 2 joueurs en piste. Ces deux vaillants Super-Héros marquent 1 point s’ils ont été découverts et 2 si leur visage joyeux est visible, satisfait de la soirée qu’ils viennent de passer.
On enchaine ainsi 3 manches, avec, pour la troisième, un petit bonus pour les joueurs qui l’emportent. Je vous passe les détails des pouvoirs et tout ce genre de choses. Le mieux est d’aller voir le projet sur Ulule.
Il est à noter que, comme il est question de Suisses, Sébastien Pauchon, LE Sébastien Pauchon, leur a donné un petit coup de main. C'est une note importante. Assurément.
Le projet.
Ce n’est pas un projet classique. Ceci étant, c’est une formulation amusante. Oui. Car, en fait, il a tout du classique quand on se rappelle pourquoi ces plateformes de financement participatif sont nées. L’idée était de permettre le financement de projets tellement marginaux que personne n’y croyait. C’est le cas ici. Les auteurs veulent juste que leur jeu existe. Il n’est pas question de financer une production qui ira sur les étals des boutiques. D’ailleurs, quelle boutique de jeux oserait mettre une boite de « Fist them all ! » en rayon ? J’en connais très peu.
Les auteurs demandent un minimum de 40.000 € pour fabriquer 1000 exemplaires. On peut penser que c’est « énorme » pour si peu d’exemplaires. D’autant qu’il n’y aura pas de super méga stretch-goals de la mort, des trucs qui brillent dans tous les sens. Il faut comprendre que nous ne sommes pas devant une de ces campagnes avec community manager taillées pour exploser des records de participation. Normalement, nul besoin de vous expliquer pourquoi. Il suffit de voir le thème, les mécaniques pour se dire que bon, niveau « fédérateur », cela se pose un peu là. On est plus du côté du Party Game underground que de la bataille de figurines dans le seigneur de Games of Walking Dead !
Le principe, si j’ai bien tout compris, est que le coût de fabrication tourne autour de 20€ l’exemplaire. En suivant la ligne classique de production, un jeu avec un tel coût de fab' devrait se retrouver autour de 120€ en boutique (et non 50€ comme ils semblent le penser, mais c’est parce qu’ils viennent de la BD, c’est sûr. En jeu de société, on est, en gros et en moyenne, à 6 fois le coût de fab une fois en boutique). Bref, c’est juste impossible de mettre un jeu pareil à 120€ sur un étal. Mais comme l’idée est de ne pas passer par le réseau classique, car en boutique le jeu n’a aucune chance de toucher un quelconque public, le problème ne se pose pas. Là, c’est directement du producteur à l’acheteur. Donc le premier niveau de participation est de 35€. Avec les frais de port inclus pour la France. Ce qui devient très raisonnable. Si on aime les jeux underground de type décalé…
Les porteurs de projet.
Là, on ne les connaît pas. Ce sont des auteurs de BD qui se lancent dans l’édition d’un jeu. On est sûr qu’il n’y aura aucune déception niveau graphisme puisque si on aime la BD, on devrait retrouver la même ambiance. Niveau règle du jeu, c’est du classique de pichenette. Soit on aime ça, soit on n’aime pas. On peut aussi vouloir juste participer à un drôle de projet. Un projet qui, pour le coup, revient à l’essence du concept de ces plateformes de financement. Financer des trucs improbables.
Maintenant, on ne sait pas ce que sera la qualité finale du « produit ». On peut estimer que travaillant dans l’édition de livre, ils connaissent les niveaux d’exigences et les contraintes de fabrication.
Quoi qu’il en soit, j’ai personnellement participé à leur teaser. Oui. Parce qu’avant de lancer le projet, ils m’ont téléphoné. Ils m’ont expliqué qu’en dessinant le story-board, ils se sont aperçus que le « joueur » me ressemblait. Ils connaissent Tric Trac et avaient apprécié le « Strip Trac » consacré à leur œuvre. Ils m’ont demandé si, par le plus grand des hasards je voulais, je pouvais prêter ma tronche pour ce teaser. Ni une ni deux, j’ai dit oui. Sans rien connaître sur le jeu. Parce que leurs Bds me plaisent. Simplement. Je ne toucherai rien. Je n’ai pas joué au jeu. Mais j’aime la provocation et l’humour trash. Point. Vous ne me ferez pas plaisir en souscrivant. Vous ne me ferez pas de peine en ne souscrivant pas. Il reste 57 jours, vous avez le temps de prendre votre décision et de vous faire une opinion sur l’intérêt de la chose. Ou pas.
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