Et le plateau tourne ?
Un nouveau Scrabble c’est tout une affaire.
Surtout quand on voit dans quel monde on vit ma bonne Simone !
Laissez-moi vous expliquer ce qui se passe dans le milieu du jeu de lettres. Le “Scrabble”, dieu du domaine, est né soit en 1948 soit en 1931 suivant que vous vous préoccupiez du nom ou de la règle de jeu.
Cela ne nous rajeunit pas surtout que la chose a finalement assez peu évoluée jusqu’à aujourd’hui. Quelques améliorations de confort mais pas de révolution.
En 1924 est publiée la première grille de mots-croisés en France. Les deux jeux tissent des liens évidents et s’adressent alors à des publics communs bien qu’à l’usage les plaisirs soient différents puisque le “Scrabble” est plus un jeu de placement que littéraire et surtout beaucoup plus combattif que le solitaire mots-croisés.
Ce qui relit les deux jeux est la population des joueurs et leur niveau d’érudition. L’un comme l’autre, ils s’adressent à des publics cultivés. Ce sont des jeux exigeants même si l’on peut faire varier la difficulté.
Cela n’empêche pas les jeux de devenir très populaires. Mais en gagnant en popularité ils vont perdre aussi peu à peu de la difficulté.
Si le sage “Scrabble” ne bouge pas d’une lettre, on voit fleurir un dictionnaire qui lui est spécialement consacré et les joueurs expérimentés se doivent de connaître leurs gammes de mots par cœur. D’autant que ce dictionnaire spécifique n’est pas toujours en accord avec d’autres dictionnaires “civils”.
Familial oui mais quelle famille ?
Il n’en reste pas moins, que le jeu reste familial (mais quelle famille ?) mais si vous allez vous promener dans un tournoi ou un championnat vous aurez parfois du mal à voir dans quelle langue jouent les participants. Le “Scrabble” à haut-niveau ça se travaille !
Pour comprendre un peu l’évolution des choses, c’est du côté de son cousin sur papier qu’il faut se tourner. Les mots-croisés ont leur histoire et ils se peaufinèrent avec le temps. On est loin aujourd’hui des fameuses grilles de maître Capello qui partaient dans tous les sens. L’informatique est depuis passée par là et aujourd’hui les grilles suivent des règles plus strictes.
Enfin suivaient. Parce que les mots-croisés disparaissent peu à peu. On en trouve encore dans certains journaux et dans quelques magazines spécialisés.
Les mots-fléchés venant d’Allemagne, plus simples et plus rapides ont envahi les places autrefois accordées au mots-croisés.
Là aussi la popularité fut grande et pour toucher de plus en plus de monde, il fut demandé aux auteurs de … simplifier puis simplifier puis encore simplifier.
Vous pouvez me faire des niveaux -1 ?
Pour avoir bien connu ce milieu, on voit aujourd’hui disparaître tous les auteurs au profit d’agences spécialisées qui optimisent le processus de création en l’informatisant le plus possible pour proposer des jeux à des tarifs très bas. Des jeux sans âmes ni pattes d’auteurs mais comme me le disait l’un des responsable marketing d’un éditeur de magazine connu : “Aujourd’hui, les gens s’en fichent de la qualité, ils veulent des jeux faciles et pas chers”. Un autre me racontait : “On ne fait pas des jeux avec une publicité au milieu mais une publicité avec un jeu autour alors la qualité du jeu…”
Tout cela pour vous dire que la tendance pour vendre plus et encore plus est à la simplicité. Amis esthètes qui aiment se faire chauffer les neurones et les belles choses bien peaufinées : ouste !
Le raffinement aujourd’hui c’est une grosse montre couteuse qui brille !
Bon alors vous me faites un truc avec des lettres mais surtout pas intello !!!
Alors que se passe t-il dans la tête des gens du marketing de chez Mattel qui sont quand même bien emmouscaillés avec leur jeu pour intellos, même s’il a encore de beaux jours devant lui.
Regardez donc tous ces “Monopoly” qui se vendent sans que personne ne joue réellement avec.
Plus le temps passe, plus les jeux familiaux deviennent neuneus et plus le bon vieux “scrabble” vieillit.
Voici donc une des réponses : Le “Scrabble Zig Zag”.
Disons le tout de suite, le mot “Scrabble” ne sert qu’à l’effet Coca-cola. On se sent chez soi. Pour le reste, seule la présence de lettres pour créer des mots fera la liaison avec l’ancien jeu.
Dans ce nouveau “Scrabble” pas de plateau, pas de points !
Le but est ici de se débarrasser le premier de toutes ses lettres/pions. On en retrouve toujours sept visibles devant soit.
Il faut ensuite les poser en complétant les mots déjà créés. Pour cela, une encoche, permet de poser chaque pastille de lettre près d’une autre.
On peut ainsi créer des mots dans tous les sens.
Pour venir mettre un peu plus de “party-game” dans ce jeu, des pions nous offrent des actions spéciales sur le jeu. On peut faire sauter le tour du suivant, changer le sens du jeu, donner des pions à un adversaire.
Vus trouvez aussi que cela ressemble à du “Uno” ? Normal, nous sommes chez le même éditeur…
Au fond, à bien y regarder. Il n’est pas du tout idiot ce “Scrabble Zig Zag” et présente l’intérêt d’être abordable très rapidement. Finalement certains s’en sortent un peu mieux dans leur désir de simplification.
À noter quand même qu’au vu de la forme et des couleurs du flacon et de celle des pions, je me demande si ça donne les dents propres…
Au final, la réponse de Mattel à son souci de simplicité ne manque pas d’élégance. C’est à noter.
Vous savez tout ou presque.
“Scrabble Zig Zag”
Un jeu d’on ne sait pas qui
Illustré par on ne sait pas qui non plus
Publié chez Mattel
Pour 2 à 4 joueurs dès 10 ans
Tout public
Durée : 30 min
Disponible un peu partout dans les 25€