[Le petit Nicolas : la grande bagarre !]
Monsieur Jean-Jacques Sempé est un genre de monument national. Si les plus esthètes admirent son travail d’illustrateur notamment sur ses fameuses couvertures de The New Yorker. D’abord illustrateur de presse, l’homme a su à force de persévérance, labeur et excellence insuffler un peu de poésie dans un milieu souvent habité d’ironie et d’humour noir. C’est sa rencontre avec un autre monument René Goscinny et leur commune aventure du Petit Nicolas qui lui apportera la célébrité.
Depuis le début des années 60, le petit garçon espiègle continue à rester dans les cœurs même si les cours de récré et l’école ont changés.
C’est justement dans la cours que nous convie Pascal Bernard dans cette adaptation en jeu de plateau publiée chez Tactic.
Le jeu s’adresse avant tout aux enfants de l’âge du petit Nicolas, qui pourront s’y adonner avec leur famille. Ici pas de niaiserie bien pensante mais un respect de l’univers et La grande Bagarre ! Oui disons le, c’est un jeu de baston mais façon crêpage de cheveux à l’ancienne. Bref de la bagarre bon enfant mais de la bagarre quand même.
Question look, le jeu reprend les éléments graphiques originaux de la série et ça c’est vraiment bien.
Le plateau de jeu représente les différents endroits de la grande cours de récré dont chaque joueur sera maître d’un segment. C’est sa zone de jeu à lui.
À la récré, le truc chouette c’est de faire son malin. Et pour faire son malin, on apporte des jouets vraiment chouettes. Pour faire envie. Et comme ça fait, en effet, envie, cela se terminera souvent par une bonne bagarre !
Le jeu s’organise autour d’un mécanisme de valorisation différé. Houlà ! Qu’est-ce que c’est que ça ! Rien de bien méchant, c’est pour les enfants. Chaque joueur possède une main de cartes dont certaines représentent des jouets que l’on a envie de montrer à la récré. Plus ils sont cools, plus il rapporteront des points de victoire. Les jouets sont donc présentés avec une valeur en « billes ».
Vous pouvez pas me taper, j’ai des lunettes.
-Agnan dans “Le Petit Nicolas”
À son tour, on peut donc poser un jouet dans sa zone. Mais les points ne sont pas gagnés pour autant. Il faudra attendre au moins un tour complet de jeu pour « valoriser » le jouet et toucher les fameuses billes. Mais on peut choisir d’attendre encore et, à la place, poser un nouveau jouet qui permettra de gagner plus. Valoriser ses cartes Jouet posées prend un tour. Par contre tous les jouets posés sont valorisés ensemble d’un coup. On est donc tenté d’attendre d’avoir une bonne somme pour faire un tour de valorisation.
Seulement voilà, vous pensez bien que la jalousie générée fait qu’on ne va pas forcément vous laisser tranquille à faire le malin avec de si beaux jouets.
Il existe d’autres cartes qui représentent les personnages les plus emblématiques des aventures du petit Nicolas. Beaucoup de ces cartes sont des Copains. Et quoi de mieux que des Copains pour aller piquer les jouets des autres. Comment ça moralement douteux ? Ça fait longtemps que vous n’avez pas lu le Petit Nicolas ?
Alors à son tour, plutôt que de poser une carte Jouet ou de valoriser celles qu’on a déjà posées, on peut « attaquer » la carte Jouet d’un autre.
Le jeu se transforme alors en Bataille. Chaque Copain engagé est plus ou moins costaud. L’attaquant choisi une carte secrètement, le défenseur aussi. La carte la plus forte remporte la bagarre. En cas d’égalité on rameute un autre copain en rejouant chacun une nouvelle carte.
Si l’attaquant remporte la bagarre, la carte Jouet va dans sa zone. Si c’est le défenseur, il garde la carte chez lui.
Parfois le Jouet est si joli que cela déclenche la fameuse bagarre générale. Quand une carte Jouet montre le fameux symbole « bagarre générale », s’il est attaqué par un joueur, tous les autres peuvent se joindre au combat. Et là c’est encore le plus fort qui remporte le jouet.
Vous avez compris que les jouets les plus intéressants seront très bagarrés.
- Ça c’est un vélo de courses.
- Bah pourquoi il y a un porte bagage alors ?!
- Je viens de te le dire, c’est pour faire les courses.- Clotaire et Alceste dans “Le Petit Nicolas”
Mais, dites donc ! Allez-vous me dire, il n’y a personne de responsable dans cette école où tous les enfants se battent ?
Bien sûr que si ! D’autres cartes représentent les adultes de la série. Ces cartes peuvent être jouées comme des coups spéciaux.
Faire appel à sa maman n’est peut-être pas très glorieux mais sa présence permet de prendre le Copain d’en face et de donner le sien à la place.
Avec Papa c’est moins drôle. Il n’aime pas le bazar alors il punie un fautif (qu’on lui aura bien entendu désigné) et lui retire une Bille.
Marie-Edwige… Haaaaa ! Marie-Edwige ! Personne ne peut lui résister ! Elle va prendre le Jouet d’un adversaire et le convertit immédiatement en billes. Il y en a d’autres, je vous laisse la surprise.
La partie prend fin dès qu’un joueur se retrouve à la tête d’un magot de 10 Billes.
“Le petit Nicolas : la grande bagarre !”
Un jeu de Pascal Bernard
Illustré par Jean-Jacques Sempé
Publié chez Tactic
Pour 2 à 6 écoliers dès 8 ans
Public : Ados-Adultes
Durée : 35 min
Disponible dès maintenant
Prix : environ 25€