Si le jeu est universel et quasi éternel, son rôle et son influence dans les différentes communautés n’a pas toujours été la même. Son implication a parfois été prise comme un support de détente, mais aussi un support de divination ou encore une façon de propager certains messages politiques, bref de moyen de propagande.
Avec son histoire qui s’étale sur plusieurs millénaires, ses avatars et ses rôles ont été nombreux et très divergents, et cela malgré une apparence similaire et des repères identiques.
Les ancêtres
Les jeux les plus vieux que l’on connaisse sont aujourd’hui le Go et le Senet (même si le yoyo serait encore plus vieux car venant du Néolithique). Le premier nous vient de Chine, où il fut créé pendant la Période des Printemps et Automnes (-771 – -453 avant J.C.). Tandis que le second nous vient d’Egypte, où l’on a retrouvé des Senet dans les tombeaux pharaoniques, sa création daterait de -3100 avant J.C. Ces deux jeux n’étaient pas destinés au peuple ce sont les grands seigneurs et princes qui y jouaient, ainsi que les moines qui jouissaient alors d’un statut tout particulier dans ces deux nations. Au Japon le daimyo Oda Nobunaga, affrontera le moine Nikkai qu’il nommera Meijin (maitre) au terme de leur rencontre (rang le plus haut placé au jeu de Go). Pourtant quelques années plus tard, la veille d’une grande révolte, le maitre Nikkai sera témoin d’une partie de Go à laquelle joue Nobunaga. Durant celle ci un triple ko aura lieu (un coup au Go), hors le soir même le daimyo se fera seppuku. Dès lors le triple ko deviendra très vite un signe néfaste du destin. Si je vous parle de cette tranche d’histoire c’est par ce que la divination à longtemps fleureter avec le jeu, l’un n’allant pas sans l’autre.
Le go, jeu cher à Nobunaga.
De nos jours nous conservons encore un lien entre jeu et divination avec les jeux de cartes, et plus particulièrement de tarots, mais dans l’antiquité les jeux divinatoires étaient bien plus diversifiés, et leurs formes variaient énormément. Si cela peut s’avérer assez étrange de nos jours, à l’époque de la grèce antique, et donc des racines de notre chère langue française (aux côtés du latin), on désignait le hasard : klêros, ce mot à donner naissance à la cléromancie (technique divinatoire basée sur les mouvements provoqué par l’homme et dirigé par le hasard, considéré comme expression divine), hors si le hasard est présent et est un fondement de la cléromancie, celui-ci se retrouve également dans les jeux, surtout les jeux anciens, qui n’avaient que faire des probabilités et de l’avantage du premier joueur. Ces même Grecs jouaient donc aux dés ou aux osselets pour connaitre leur avenir avant de grands évènements. Ici le jeu sert de support à un but différent de celui de nos occupations plus libres, celui de la divination. Le sérieux du jeu n’est donc aucunement mis en doute, il n’est pas relégué à une activité de distraction. S’il est utilisé comme tel ce n’est qu’après de personnes de haut rang. Et que dire du jeu de l’oie dont les origines remonteraient à l’antiquité, sous la forme du disque de Phaïstos (XVIe sicèle avant J.C.), ce jeu reproduit un plateau en spirale composé de diverses cases. Ce même style de plateau se retrouve d’ailleurs également dans le jeu Egyptien, le mehen, sous la forme d’un serpent géant, celui-ci servant également d’objet divinatoire.
Jeu de Senet, retrouvé dans une tombe
Mais les Grecs n’étaient pas les seuls à utiliser des jeux pour la divination, si les Romains utilisaient les mêmes jeux à des fins identiques, les Mésopotamiens quant à eux se servaient d’un jeu proche du senet, nommé le jeu d’Ur (car découvert dans les tombes royales d’Ur, et datant de -2500 avant J.C.) pour connaitre leur destin. Sur le dos du plateau de jeu en pierre, était dessiné les signes du zodiaque ainsi que des messages de bons ou mauvais présages, laissant peu de doutes sur la fonction de ce jeu. Quant au Mikado lui aussi possède des origines divinatoires, bien que l’on est également rapporté qu’il servait à l’apprentissage de la patience aux jeunes samouraïs. De même pour les dominos qui avant de devenir un jeu, était eux aussi un moyen de divination, tout comme le mah-jong, même si leurs premières apparitions en France datent du XVIIIe siècle. Les liens entre les dominos et le mah-jong semblant être très proches.
Lister tous les jeux antiques seraient bien trop long et ennuyeux, pourtant avec ces quelques exemples nous avons pu voir combien le jeu a longtemps été assimilé à la divination et cela quelque soit la civilisation. Le hasard avait donc une connotation divine, comme si celui-ci était habité d’un pouvoir divin.
Un jeu fondateur
Dans les premiers siècles après J.C, on va voir apapraitre un jeu se ramifiant dans de nombreuses contrées, arborant un nom différent à chaque fois, chatrang chez les persans, chaturanga chez les indiens, shatranj chez les arabes, shatar pour les mongols et les européens, xiangqi pour les chinois et les coréens(janggi), ou encore shogi pour les japonais. Si l’aspect des pièces et les règles différent un peu quelques fois, il s’agit pourtant d’un seul et même jeu (ou presque), ce jeu vous le connaissez bien car il s’agit du jeu d’échecs. Même si aujourd’hui ses origines sont encore assujetties à de nombreuses controverses.
Si je vous parle des échecs c’est par ce que celui-ci va petit à petit se faire une grande place dans l’histoire de nos jeux, et notamment en Europe où il arrive par l’Espagne se diffusant ensuite dans tout le vieux continent. Les pièces alors très orientalisé vont petit à petit opté pour des références plus européennes. Il devient un jeu noble reconnu de tous ou presque en très peu de temps, les premiers traités apparaissant autour de l’an 1000. La chanson de Roland y fera même allusion. Vers 940, on désigna même le premier champion d’échecs connu. Bref c’est l’effervescence. Au-delà des langages, des conflits, des guerres ou des épidémies, le jeu d’échec à su se diversifier et s’universaliser. Une prouesse que l’on retrouvait dans un autre contexte ludique : les jeux olympiques. Comme si le jeu pouvait aussi bien devenir une leçon de vie (légende attribué aux origines des échecs), qu’un cadeau royal, une trève, ou plutôt un langage universel codifié par des règles. Si tout ceci semble bien idyllique et semble augurer du meilleur, la suite de l’histoire des jeux ne va pas tarder à entrer dans un âge plus sombre.
Les échecs dans un manuscrit d’époque
Le moyen âge sera la période la plus creuse pour les jeux de société, qui étaient perçus comme des activités oisives et donc condamner par l’église, même si les échecs et les dames semblent être passés au travers des mailles du filet. Au tournant du Xe siècle et un peu plus tard, les jeux vont être vu d’un mauvais œil que ce soit par les rois ou bien par les religions pour d’autres raisons plus terre à terre. Ces derniers faisaient l’objet de nombreux paris avec à la clé parfois de grosse somme d’argent. Et l’interdiction des jeux de hasard qui leur pendait au nez fut alors prononcé en 1215.
Les jeux de cartes
L’arrivée des jeux de cartes vers 1360 (et leur expansion à de nombreuses contrées, comme le Japon par le biais des navigateurs portugais, comme nous avons pu le voir dans le précédent dossier sur les jeux de cartes au japon, ne va pas aider le clergé à évincer ce péché, qui jusqu’alors touchait principalement les jeux de dés. Le jacquet, par exemple, ne sera pas épargné, celui-ci se voit interdit par Saint Louis ou Charles V au XIVe siècle, pour la même raison. A cette époque il n’était pas rare de jouer de l’argent. Le cardinal de Wosley ira même jusqu’à faire brûler les jeux de Jacquet en 1526 (l’histoire ne raconte pas s’il les avait traité d’hérétique avant ou non). Le problème de cette interdiction c’est qu’elle ne touchait pas uniquement les auberges ou maisons de jeux, mais également les nobles qui s’adonnaient au plaisir ludique, et le roi lui-même n’était pas en reste. Mais la voix du peuple est parfois la plus forte (et la volonté du roi aidant), les législateurs doivent assouplir leurs lois pour ainsi déterminer quels jeux seront interdits et quels jeux seront « tolérés », évitant ainsi un amalgame répressif. Dès lors les jeux de hasard comme les dés deviennent prohibés et chassés jusqu’aux arrières salles. Mais les instances se rendent vite compte qu’il leur est impossible de gérer convenablement les débordements, ils décident donc de régulariser tout ceci en permettant la création des maisons de jeux. Qui bien sur étaient taxées. Une manière de mieux contrôler ce milieu tout en n’en tirant profit.
Cette manne va alors donner de nouvelles idées. Notamment à l’état qui se penche alors avec intérêt sur la loterie. Une pratique très ancienne qu’il avait oublié (ou presque). Les origines de la loterie remontent à l’antiquité (encore une fois), où Augustus (pas le jeu) organisait des tombolas à l’intention de la plèbe. De nombreuses autres versions locales virent également le jour tout autour du bassin méditerranéen. Le mot Loto a d’ailleurs des origines Italienne (qui s’écrit Lotto). Jusqu’alors la loterie était très mal perçue par l’église, qui était en pleine chasse des jeux d’argent. Comment bien percevoir un jeu qui fait l’apologie du hasard au détriment du destin, de la main de Dieu, et du travail harassant mais honnête. Malgré cela il n’était pas rare de voir des « roues de fortune » dans les plus grandes foires, comme celle de Bruges ou Utrecht. Mais en 1515, une loterie va faire grand bruit c’est celle de Bruxelles, où les participants bénéficièrent d’une exonération des taxes. Le gouvernement des Pays Bas s’intéressa alors activement à cette ressource qui leur échappait, et fit fermer dans la foulée, les maisons de jeux pour instaurer sur leurs cendres la loterie nationale.
La loterie comme revenu
C’est ainsi qu’un jeu de hasard devint alors officiellement un jeu nationale reconnu par l’état, à qui il apporta ses nombreux deniers.
Pendant ce temps là, En France, le roi François Ier autorise une grande loterie à Paris, en 1539. Si cette autorisation semble bénigne, celle-ci cache en fait un moyen parallèle de renflouer les caisses de l’état suite aux couteux conflits contre l’Italie. Puis en 1656, une nouvelle loterie aura lieu, à l’origine celle-ci devait financer la construction du pont Royal, mais au final celle-ci servira pour la construction de l’hôpital général. On imagine alors très bien les sommes colossales qui devaient être engrangés par ces loteries. Dès lors Mazarin n’aura de cesse de multiplier les loteries pour financer divers projets. Plusieurs villes obtiendront également l’autorisation de créer, elles aussi leurs loteries. Et en 1700, la municipalité de Paris créera sa propre blanque, qui lui rapporta dès la première année près de deux millions de livres. Devant tant de pression financière, l’église est obligée d’abdiquer et assouplir petit à petit son point de vue, instaurant, pour faire bonne figure, des tombolas de charité. En 1776, Louis XVI décide de créer la loterie royale, ancêtre de la loterie nationale et s’octroie le monopole de cette source de revenu considérable pour l’état. Dès lors la loterie sera nationale et le restera.
Billet de loterie (photo : http://www.gueules-cassees.asso.fr/)
L’histoire est encore longue, et je vous ferais grâce des divergences et anecdotes qui la ponctuent. Cela nous suffit amplement pour nous rendre compte qu’ici le jeu a servit allègrement de source de revenues, passant de statut de renégat, d’enfant indomptable coiffé du bonnet du hasard, à jeu recommandé par l’état, voyant en lui un moyen rapide et simple de remplir ses caisses. L’église qui avait alors condamné la pratique des jeux de hasard, doit alors changer son fusil d’épaule, la raison du jeu (et de l’argent qui l’accompagne) étant la plus forte.
Cette partie sur la loterie a allègrement pris le pas sur un autre aspect que je désirais vous parler, et qui a vu le jour en 1657, grâce aux travaux inédits de Blaise pascal suite à la requête du chevalier de Méré, face à un problème mathématique incluant des dés. Cette découverte c’est la théorie des probabilités. Si vous êtes allergiques à l’arithmétique, n’ayez crainte je n’ai nullement l’intention de vous assommer avec de quelconques formules mathématiques.
La naissance des probabilités
Au XVIIe siècle les jeux étaient déjà bien implantés dans le quotidien de nombreuses personnes, qu’elles soient issu du peuple ou de la noblesse. Comme nous l’avons vu avant, certains pariaient sur les résultats obtenus lors de parties de cartes, de Trictrac ou encore de dés. Et c’était le cas de notre bon vieux chevalier de Méré, qui s’amusait à parier aux dés avec ses amis ; qui un beau jour en eurent assez de perdre. Voulant relancer l’intérêt de son entourage pour ses joutes ludiques (mais quelque peu intéressées et bancales), il décida d’augmenter le nombre de lancé, afin de laisser croire à ses amis qu’ils avaient plus de chance de le battre. Or s’étant trompé dans ses calculs, c’est l’effet inverse qui se produisit, et il perdit vite ses deniers. Prenez vos calculatrices graphiques car nous allons maintenant voir les calculs qu’il avait réalisé, afin de comprendre ses erreurs. Non je plaisante. Désabusé et un peu fauché il se tourna vers Blaise Pascal, qui après de nombreux calculs savants, comprit l’erreur du chevalier de Méré, tout en profitant de la situation pour inventer la théorie des probabilités dans la foulée.
Tout ce petit laïus, pour vous dire qu’à partir de ce moment là, les jeux venaient d’entrer de plein pas dans une nouvelle catégorie, apportant avec eux une nouvelle branche des mathématiques. Depuis les probabilités n’ont eu aucun répits, que ce soit dans le domaine du jeu, mais aussi celui de la finance et des études en règles générales. La science ayant recours à la probabilité pour de nombreuses recherches. Le jeu ne sert pas qu’à divertir ou de source de gains, il sert également la science (des mathématiques ici, plus tard il servira également pour les études anthropologiques).
Blaise Pascal réfléchissant aux probabilités.
Le siècle des lumières fut une seconde période creuse, et ce n’est qu’au XVIIIe siècle que les Allemands relancèrent le jeu grâce à la création des soldats de plomb et des imprimés (merci l’imprimerie). Dès lors, des compagnies spécialisées dans la fabrication de jeux et de jouets virent le jour ; Milton Bradley, Parker et Grimaud, notamment. C’est également l’époque de l’invention des puzzles.
Le jeu de l’oie, ce moraliste
Dans la première partie de cet article je vous avais parlé des ancêtres du jeu de l’oie. Si celui-ci prend ses origines dans l’antiquité et cela dans divers pays, sa carrière ne s’est pas arrêtée à cette époque, il a continué de vivre au fil des siècles, émergent de nouveau au XVIe siècle, grâce à de nombreux commerçants qui remirent au goût du jour, ce jeu venu de « Grèce ». C’est à cette époque que le premier exemplaire du jeu nommé « jeu de l’oie » verra le jour. Il s’agit alors d’un cadeau du grand duc de Toscane au roi Philippe II d’Espagne. Si je vous parle à nouveau de lui c’est par ce que le jeu alors prend un nouveau visage qu’il n’avait pas encore pris jusqu’alors, celui d’objet de propagande. Le jeu de l’oie sera adapté à tous les thèmes possibles et imaginables, servant tour à tour de support pédagogiques, de satires de la société ou encore de rappels éthiques. Mais la religion ainsi que l’état ne seront pas en reste, et très vite des versions apportant la bonne parole ou le rôle à tenir en société verront le jour. Le jeu militaire du blason datant de 1718 découle du jeu de l’oie. Tout comme pour les cartes ou les dés, les rois s’épandront rapidement du jeu, on dit même que Napoléon y jouait étant enfant. Dès lors le jeu de l’oie sera un peu l’ancêtre commun de tous les jeux de parcours qui suivront. Le jeu est ici utilisé comme support de communication, pour véhiculer des messages, par le biais d’illustration et du jeu, s’insinuant dans des institutions assez étrangères au monde ludique comme le corps militaire, bien que les jeux aient fait le bonheur des soldats antique il y a de cela plusieurs siècles.
Jeu de l’oie
Comme ses illustres ancêtres, le jeu de l’oie sera à son tour récupéré comme moyen de divination, et continue encore d’être utilisé comme tel aujourd’hui par certaines personnes, même si on le connait plus comme étant un jeu pour enfants simple mais très basique. Le jeu « serpents et échelles » peut être considéré comme une variante du jeu de l’oie, datant du IIe siècle avant J.C. Celui-ci servait de rappel spirituel pour les jeunes enfants hindous, le jeu représentant le chemin parcouru par les hommes pour atteindre les cieux. La encore le caractère spirituel du jeu n’est pas à démontrer.
LandLord’s Game
Le jeu de l’oie a donc ouvert une voie royale aux jeux, les faisant entrer dans le quotidien du peuple comme support d’apprentissage. Une fois le chemin ouvert il ne restait plus aux autres jeux qu’à l’emprunter pour se retrouver tout naturellement dans les mains des enfants, ces petits cerveaux malléables. On verra donc apparaitre de nombreux jeux pédagogiques au début du XXe siècle, s’ancrant alors plus dans un monde infantile. Les jeux dans le quotidien des adultes devenant des passes temps et des jeux de café. C’est aussi l’époque de la naissance du célèbre « Monopoly » (qui pourrait faire l’objet d’un article à lui seul, tant son histoire est complexe). Si j’ai l’affront de vous parler du Monopoly (ne me jetez pas de cailloux s’il vous plait), c’est par ce que celui-ci va découler d’une initiative et volonté assez novatrice. Lizzie J. Maggie désire étendre les bonnes paroles de l’économiste Henry Georges, qui prône un impôt unique sur la terre. Elle décide alors de créer un jeu pour véhiculer ce message, ce jeu c’est « The Landlord’s game », ici les terrains ne sont pas à acheter mais à louer. L’idée est donc de dénoncer le lobby des propriétaires. Le but du jeu n’est donc pas s’enrichir mais au contraire de dénoncer l’injustice du bail. En 1910, la Wharton School of Finance de Pennsylvanie le renomme « Monopoly ». Puis en 1920 il sera rebaptisé « Finance ». En 1934, Charles Darrow qui a obtenu les règles écrites et a fait illustrer le jeu (par un illustrateur resté inconnu), le présente à la société Parker Brothers. La suite fait parti de l’histoire, le Monopoly deviendra alors l’un des jeux les plus vendus au monde. Prônant au passage le capitalisme et la propriété individuelle.
Ce qui est intéressant ici c’est de voir comment un jeu qui voulait dénoncer un système économique égoïste, s’est vu remodelé pour propager un message totalement inverse, où le but du jeu est de devenir le plus riche en possédant le maximum de terrains. Devenant au passage un succès planétaire, et un symbole du XXe siècle. Les jeux peuvent être d’excellent support, pour peu que leur message ne soit pas détourné de leurs sens premiers.
The Landlord’s Game (je pense qu’il s’agit d’une version moderne)
Wargame, enfin plutôt Kriegspiel
En terme de message ou d’apprentissage, les wargames n’ont pas été en reste non plus. Inventés à la fin du XIXe siècle par les Prussiens, il se nomme alors Kriegspiel, ils étaient utilisés pour l’apprentissage des ficelles de la guerre aux jeunes officiers. Les premières figurines en bois provenant d’Allemagne où elles furent créées autour du XVe siècle. La réglementation actuelle, moins rigoureuse et ouverte au grand public, nous la devons à H.G. Wells, l’auteur du roman « La machine à voyager dans le temps ». Rien que ça. Depuis leurs succès ne démentira pas, changeant souvent de formes, de règles et surtout d’univers. La encore les jeux ont fait un pas en avant, mais cette fois ci vers la simulation. Les stratégies militaires étant étudiées par un simple jeu avec des figurines (enfin simple, il suffit de lire quelques manuels pour se convaincre du contraire). Mais les wargames sont également une preuve de l’évolution des jeux au fil des siècles, passant du Chatarunga aux échecs pour devenir les wargames, nommés aujourd’hui RTS lorsque l’on parle de jeux sur ordinateurs.
Puis les jeux vont alors entamer une sorte de traversée du désert. Entre les deux guerres c’est le calme plat, on voit bien quelques jeux réussirent à sortir leurs épingles du jeu, mais voilà la période n’est pas des plus propices. Mais c’était sans compter sur l’arrivée dans notre quotidien du plastique. Si, si je ne plaisante pas. Fini les jeux en bois, compliqué et cher à produire. Cela va donc permettre l’essor de nouveaux éditeurs mais également de nouveaux styles de jeu, comme Stratego, le 1000 bornes et d’autres classiques, mais aussi de jeu basé sur les mathématiques comme Hex, qui depuis a fait l’objet de nombreuses études. Les mathématiques seront alors la base de nombreux jeux qu’ils soient physiques ou virtuelles.
L’arrivée des jeux de rôle
Mais les années 70 vont être un énorme bouillon de culture, duquel va sortir deux grandes influences majeures : les jeux de rôle et les jeux vidéo. Aussi étrange que cela puisse paraitre aujourd’hui (enfin plus il y a une dizaine d’années), les jeux vidéo et les jeux de rôle ont longtemps emprunté une route commune, inventé et joué par le même genre de public, un public restreint, underground, aujourd’hui connu sous une appellation plus glorieuse et classe de geeks. Pourtant dans les années 80 il n’était pas rare de voir les magazines traitant de jeux de société parler de jeux sur ordinateur et inversement. Le premier jeu de rôle sur ordinateur était un jeu purement textuel, le rapprochant alors énormément des jeux papier, celui-ci se nomme Colossal Cave Adventure et sort en 1976, on le doit à Willy Crowther. Ce n’est que bien plus tard que les jeux incorporant des graphismes verront le jour. Et ça ne sera que le début d’une longue histoire d’amour entre les JDR et les jeux vidéo. Si je vous dis JDR, vous pensez irrémédiablement à Dungeons & Dragons de Gary Gygax, sorti dans les années 70, dans un cercle restreint avant de devenir un énorme succès. Et vous avez bien raison. Tout ces nouveaux médias formeront ce que l’on appelle aujourd’hui la pop culture (bien entendu cela englobe également la musique, le cinéma, et beaucoup d’autres médias) se mélangeant à des références plus anciennes comme les romans de J.R.R Tolkien ou ceux de H.P Lovecraft. Ce qui est important de retenir dans tout ceci, c’est l’émergence de nouveaux styles de jeux, et d’une popularisation des jeux auprès de nouveaux publics, instaurant au passage de nouveaux courants.
Donjons & Dragons : le JDR de légende
Mais les jeux qui jouissaient alors d’un statut assez sérieux vont tout à coup devenir des loisirs pour enfants, au même titre que les comics (je n’ai pas dis BD), ou les jeux vidéo. Les jeux de société sont prêts à affronter le creux de la vague et cela malgré la création de nombreux prix comme le Spiel de Jahres dans les années 70, et autres salons de popularisation de notre loisir de prédilection.
Les jeux de cartes à collectionner
La création de Richard Garfield, le jeu de cartes à collectionner Magic l’assemblée, va lancer une nouvelle façon de consommer ses jeux. En collectionnant les cartes qui le composent, dans le but de battre ses adversaires. Avant on achetait un jeu, puis l’on pouvait jouer avec autant que l’on voulait, sans devoir se mettre à jour ou posséder un matériel différent d’un autre acheteur. Avec Magic se sont toutes les habitudes de consommation du jeu qui vont changent. Si l’achat d’un pack starter n’est pas forcément onéreux, les achats qui suivent pour compléter son jeu peuvent vite devenir un vrai gouffre. Le but de tout ceci : posséder un jeu personnalisé permettant de battre ses adversaires, en achetant un maximum de boosters. Entrainant également de nombreux bénéfices pour la société éditrice. Les jeux entrent alors dans une phase de collectionnite aigüe, et nombreux seront les prétendants qui suivront la marche royale de Magic, s’écroulant parfois dans son sillage.
Magic L’assemblée de Richard Garfield
Heureusement les années 90 vont apporter leurs lots de nouveauté, c’est l’époque du renouveau. Et le début de ce que l’on nomme l’époque des jeux modernes. Je pense qu’il ne sert à rien d’en parler d’avantage si ce n’est pour dire que cette période nous la vivons actuellement et que les jeux sortis dans les années 90 ont permis l’émergence de nombreux titres aux mécanismes novateurs et originaux, qui chaque jour font notre bonheur.
Et aujourd’hui qu’en est-il du jeu de société ? Depuis quelques mois (années), le jeu de société semble avoir la côte auprès des médias grand public. Il n’est plus rare de voir un magazine consacrer sa couverture à ce sujet, ou alors de lire sur un site la tentative de décortiquer cette « mode ». Alors oui on est en droit se poser la question : est ce que le jeu de société est aujourd’hui une mode ? C’est possible mais ça serait vite oublier ce qui a fait son histoire, ses évolutions et ses multiples transformations. Et vous chers lecteurs ça serait oublier (un peu vite) tout ce que vous venez de lire. Le jeu fait parti de nous, pas forcément en tant que personne mais en tant qu’être humain, et à ce titre penser qu’il n’est que pour les enfants ou n’est qu’un effet de mode serait oublier une part de vous, une part qui ne cesse de grandir, se transforme pour mieux se modeler au fil des envies et des besoins. Je voudrais alors finir sur cette maxime : Le jeu c’est la vie, et la vie est un jeu.
N’hésitez pas à réagir à cet article assez condensé, ou à visiter le blog des 1D Ludiques pour découvrir d’autres articles sur les jeux de société.