LOFOTEN - Carnet d'auteur

[Lofoten]

Bonjour à tous et toutes !



Lofoten est le jeu le plus familial que j’ai eu la chance de créer et éditer. Je ne parle pas uniquement de son aspect familial mais aussi parce qu’il doit beaucoup à ma petite famille.

Tout d’abord, j’ai eu envie de mettre en avant ce magnifique archipel norvégien lors du retour des vacances que nous y avons passé.

Un autre grand pilier à l’origine de ce projet est un formidable jeu à 2 de Sébastien Pauchon devenu un classique : Jaipur. De la même manière que j’aime l’imbrication des éléments dans le jeu, notre séjour au Lofoten et Jaipur sont très liés : nous avons beaucoup joué à Jaipur avec ma grande fille, aux Lofoten. Oui, il faut suivre :-)

Tric Trac

Partant de ces 2 postulats, je me suis amusé à faire assez rapidement une pâle copie de Jaipur en un peu différent, pour le fun. Il faut savoir que je commence beaucoup de créations pour le fun… qui soit tombent dans l’oubli le plus total (même de mon propre cerveau), soit ressurgissent quelques temps plus tard pour être éditées ou tomber à nouveau dans l’oubli ! Que le tri est difficile mais tout aussi passionnant ! Et donc, l’idée était là : commercer entre viking en utilisant un marché central et des ressources de cette époque. Évidemment, les musées vikings de l’île mettent plus en avant leur développement commercial que guerrier (nous avons fait le même constat au musée du Titanic de Belfast qui parle plus de sa construction que de son petit accident avec le glaçon des mers). Mais il s’avère que réellement les vikings se sont développés essentiellement car ils étaient de très habiles commerçants. Parler d’eux avec ce point de vue m’a semblé intéressant.

Cette pâle copie avait probablement quelques subtilités qui m’ont probablement donné envie d’aller plus loin mais je ne m’en souviens absolument plus. Ce dont je me souviens très clairement est qu’il y avait encore une roue de Troyes Dice sur l’une de nos 2 tables de travail. En réfléchissant au futur de ce jeu, je manipulais cette roue quand soudain me vint l’idée de glisser une carte entre les 2 parties superposées de cette roue : c’est sympa cette histoire… Il suffit ensuite de placer cette roue sur la table avant de se rendre compte qu’elle peut tourner. Glisser et coincer des cartes dans une roue, tourner la roue pour récupérer les tuiles du marché central, dites donc, j’aime bien tout cela ! On garde ! Pas tout de suite dans les oubliettes !


Pas mal... Mais tout cela ne fait pas encore un bon jeu ; ce que j’entends par bon jeu bien évidemment. J’aime les jeux de carte mais j’aime aussi ne pas avoir 10 cartes en main. Oui, ceux qui connaissent un peu mes jeux savent que l’on peut avoir 10 Cartes en main dans Deus, on commence avec 5 cartes et la première action d’un débutant est de piocher pour en avoir 10. Bonjour la découverte du jeu avec ces 10 cartes à déchiffrer. Deus a reçu un excellent accueil et j’en suis ravi mais ces 10 cartes, ce n’est pas moi, j’ai permis cela pour gérer la chance de la pioche mais heureusement, j’ai trouvé un autre système pour une version à venir, attention spoiler…

Revenons à nos moutons (il y’a des moutons dans Lofoten et donc, ceci est drôle !). Des cartes ressources, il en faut pour les placer dans la roue, une roue à déplacer, mais bien sûr, pilotons cette roue avec les cartes de sa main : celle de gauche pour aller à gauche et celle de droite pour aller à droite, bin oui ! Évidemment, comme on parle d’une roue, jouer une carte permet de tourner cette roue, la valeur de la carte (de 1 à 3) correspond au nombre de déplacement. Cette petite gymnastique demandant un peu d’entraînement en début de la première partie, il est important d’iconographier correctement les sens de déplacement et de se rappeler que cela fonctionne comme dans une une voiture : on tourne à droite pour se déplacer à droite. Pour ne rien gâcher, tout cela correspond bien aux déplacements d’une flotte de 4 drakkars sous les ordres de son Jarl. Deux cartes en main (gauche/droite), c’est peu non ?

Oui, c’est peu... Mais bien sûr ! Utilisons une carte centrale pour charger le bateau à quai ! Plaçons donc, dans le bateau situé en face du joueur une carte Commande qui correspond à la marchandise attendue par le Jarl. Ensuite, pour ajouter un peu de piment, piochons une carte que nous devons placer soit à gauche, soit à droite, rendant la gestion de seulement 3 carte amusantes. Ensuite, en déplaçant la flotte de drakkar, il faut que la carte commande d’un bateau se retrouve face à l’une des 4 tuile commande du marché. Mais bien sûr ! En faisant en sorte que ces action de chargement déchargement soient automatiques, on peut enchaîner les actions de façon grisante car en plus, on peut prendre les tuiles convoitées par l’adversaire.

Une fois très satisfait du cœur du jeu, arrive le moment le plus compliqué : comment gérer les autres aspects du jeu sans qu’on en oublie le plus amusant mais tout en ajoutant des enjeux suffisamment grisants. Stocker ses ressources avait tout son sens. Les tuiles de ressources ayant des valeurs différentes, en imposant que chaque joueur doive stocker dans le même entrepôt que son adversaire, un jeu de majorité avait tout son sens étant donné la guerre que se mènent les joueurs pour récupérer ces dernières. Cette « simple » majorité fonctionnait tout à fait et permettait de découvrir le jeu et l’originalité de sa mécanique à son aise.

J’aime donc l’idée d’une version mettant l’accès sur le cœur mécanique du jeu avant de découvrir plusieurs modules agrémentant la version initiale. C’est pour cela qu’il est possible de donner un pouvoir à ses bateaux, de s’adjoindre les services et donc le pouvoir d’un Jarl ou encore de modifier le jeu de majorité pour le rendre plus complexe.

Amusez-vous bien aux Lofoten et partout ailleurs :-)


Sebduj

PS : Le mot drakkar est un terme abusif inventé en 1840 pour désigner les bateaux vikings dans leur globalité. Il vient du mot suédois moderne désignant un dragon, que l’on retrouve souvent à la proue des bateaux. En évitant d’aller dans le détails, un bateau de commerce aurait dû s’appeler Knarr et sa forme aurait dû être légèrement différente. Étant donné que nos dictionnaires modernes ont intégré le terme drakkar et que Knarr ne dit rien à personne,…

18 « J'aime »

Merciiiiiii !

Merci pour ça carnet authentique et sincère.
On veut la suite…Très vite :heart_eyes:

J’aime beaucoup ce carnet d’auteur, la précision sur l’origine du mot “Drakkar” est la bienvenue, les norvégiens sont toujours interloqués par celui-ci :sweat_smile:… Mais il semble évident d’employer celui-ci pour l’imaginaire, ça parle à un maximum de gens.

Le processus creatif de mecaniques (peu importe le domaine) est toujours interessant ! Et la, c’est pour un jeu, alors c’est hyper interessant :smiley:
Merci Sebastien partager ta passion.