Love Letter : le jeu de l’amour et du hasard

Quel est le rapport entre Luke Skywalker, une lettre d’amour et Thanos ? Love Letter bien sûr, excellent jeu de cartes qui m’a appris à ne pas haïr le hasard, mais à apprécier le chaos.

Love Letter est un jeu d’une grande élégance mécanique. Il s’agit d’un petit paquet de cartes qui vient avec une pochette en velours, ce qui permet de très facilement le transporter. Il est suffisamment petit pour rentrer dans la poche d’un pantalon, mais peut se jouer jusqu’à 6, avec des durées de parties de quelques minutes à peine, qu’on est bien entendu encouragé à enchaîner généreusement. Même sur une table, ça ne prend que peu de place, bref, le jeu idéal à sortir en toutes situations.

Il était une fois

Love Letter se décline en trois variantes, avec l’édition Marvel et l’édition Star Wars. D’autres éditions existent, tel que le Love Letter Munchkin, mais cette dernière n’est qu’un simple changement thématique, là où les deux autres changent aussi la manière d’y jouer.

Mais avant de parler du Star Wars et du Marvel, rappelons d’abord aux quelques retardataires dans le coin là-bas, en quoi consiste ce jeu.

L’une ou l’autre

On place le paquet de cartes au milieu de la table et on met une carte de côté face cachée avant de distribuer une carte à chaque joueur. Le premier joueur (Le dernier à avoir embrassé l’amour de sa vie. Si ce n’est pas marqué, ça devrait l’être !) pioche une carte. Il a donc deux cartes en main, il en choisit une, la pose et applique l’effet qui y est indiqué, et conserve l’autre. Il y a 10 cartes différentes dans le jeu, plusieurs peuvent directement éliminer un joueur. Prenons le garde par exemple, il ne vaut que 1, mais vous permet d’essayer de deviner la carte qu’un adversaire possède en main. Si votre prédiction est juste, le joueur visé est éliminé de la manche, aussi simplement que ça !

Les cartes étant en nombre limité et toutes jouées à découvert, il devient de plus en plus facile de deviner ce que les adversaires ont si la partie dure. Compter les cartes fait partie du jeu, et on étale donc bien ses cartes sur la table pour que tout reste visible ! Si le paquet est vide, les joueurs encore en vie comparent la carte qu’ils ont en main. Celle de la plus grande valeur remporte la manche.

Les parties vont rarement si loin, notamment avec un petit nombre de joueurs. La plupart du temps les joueurs sont éliminés bien avant.

Les parties étant rapides (5 minutes), on ne reste pas hors-jeu longtemps. Le vainqueur gagne un token et on refait une manche.

Embrasser le côté obscur

Sincèrement, le degré tactique d’une partie de Love Letter est très discutable. La moitié du temps, on meurt sans avoir pu prendre la moindre décision impactant la manche, certaines situations ne nous laissent même pas d’autres choix que de nous suicider ! À l’autre extrême, certaines parties se prolongent et arrivent à des situations ou une bonne décision, une bonne compréhension du jeu ou un bon bluff déterminent l’issue de la partie. Les parties de Love Letter varient radicalement entre l’injustice absolue où l’on rit de l’improbable, et les parties à suspens où les joueurs se tiennent en joue jusqu’au bout, tels des duellistes qui attendraient le signal pour tirer.

Certes, Love Letter est très aléatoire, mais qu’est-ce que c’est plaisant. Et avec des manches aussi courtes, pas le temps de s’ennuyer !

Love Letter: Le Palais de Jabba n’est pas une énorme variante. On retrouve beaucoup de cartes assez similaires, mais habillées version Star Wars, divisées en deux camps, les mercenaires et la rébellion, qui sont néanmoins mélangés ensemble. Les cartes Mission sont un ajout intéressant qui fait varier la condition de victoire lorsque le paquet est vide, ce qui sera surtout pertinent dans des parties à 4 et +. Il y a plus de cartes à élimination directe, dont de très brutales, tel le Rancor tue le joueur avec la carte la plus faible, ou Jabba, qui élimine un joueur s’il possède une carte rébellion dans sa main. Cette version est encore plus directe et expéditive, donc plus dynamique aux yeux de certains. Certains des nouveaux effets sont aussi assez géniaux, tel R2D2 qui permet de regarder la carte cachée au début de la partie, sacrée évolution par rapport à son équivalent prêtre qui ne permettait que de regarder la carte d’un autre joueur, sans pouvoir rien faire de cette info*.

*Note de Yored : Sauf à éliminer le joueur au tour d’après avec un garde s’il a gardé sa carte en main.

Thanos le romantique

Love Letter Marvel Le gant d’infinité s’éloigne bien plus de la version de base, et met en lice plusieurs joueurs (Les Avengers) contre un seul (Thanos). Chaque équipe dispose de son propre paquet. Il n’y a pas d’élimination directe, à la place, les joueurs ont des points de vie. Le jeu tourne énormément autour de batailles entre les joueurs et Thanos. Le joueur impliqué compare sa carte avec celle de Thanos, celui qui a la plus faible perd un point de vie. Bien sûr, Thanos a bien des avantages pour lui, il a des cartes un peu plus fortes, une carte de plus en main et une condition de victoire alternative : Si Thanos parvient à réunir toutes les pierres d’infinités qui sont dans son paquet, il gagne immédiatement la partie. Les Avengers vont donc s’organiser et avancer vite. Ils ne peuvent pas communiquer, mais peuvent se partager des bonus qui augmentent la valeur de leur prochaine carte jouée, ou faire piocher leurs alliés. Sans la possibilité de défaite immédiate, les parties sont un poil plus longues en moyenne, mais le jeu est plutôt bien « équilibré », avec un mélange de parties allant complètement dans un sens ou dans l’autre, ainsi que quelques parties très serrées qui laisseront les joueurs sur les dents.

Un classique incontestable

Dans l’ensemble, peu importe sa forme et son thème, Love Letter est vraiment un excellent jeu, une recommandation facile pour n’importe qui. Comprendre chaque carte peut mettre un peu de temps, mais une fois les cartes en main, il suffit finalement d’en poser une de ses deux et d’appliquer son effet, ce qui rend le jeu instantanément accessible. Bien que la version classique reste ma favorite, la version Marvel et Star Wars sont d’excellentes variantes qui renouvellent bien les parties. Je ne peux que croiser les doigts pour une future déclinaison dans un de mes univers favoris.

2 à 6 joueurs,

10 ans +

5 à 15’

Auteur : Seiji Kanai

Z-Man

https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/love-letter-5

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Il y a l’édition Le Hobbit avec la carte « Anneau » de valeur 0, sauf si on la conserve jusqu’à la fin de la manche et dans ce cas, elle vaut 7. Ce pouvoir retranscrit bien le pouvoir de dissimulation de l’Anneau Unique!

Love letter : My favorite game, toutes catégories confondues ! Le jeu original, dans sa version 4 joueurs, reste le plus élégant à mes yeux.
PS : suis je le seul à voir Vanessa Paradis sur la carte comtesse de l’édition Filo / AEG ?

En fait les américains ont bien plus de versions que nous ! La plupart du temps ce n’est que cosmétique, mais parfois il y a un petit changement, celui que tu cites semble intéressant, en effet :slight_smile:

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ca me fait penser au jeu Complots ou “Coup”

Les nouvelles versions permettent de jouer à 6 mais les vrais savent que ça se joue à 4.
J’ai une version anniversaire de Filosofia que je garde précieusement avec la scientifique de Pandemic en Princesse

la différence, c’est qu’à Complots tu peux bluffer sur le personnage que tu annonces détenir. Dans Love Letter, tu révèles ton tôle et tu fais son pouvoir. C’est donc, selon moi, un peu plus accessible, surtout avec des joueurs qui ne savent pas trop mentir

Tu as aussi la version lovecraft :wink:

Ces deux variantes ont l’air excellente. Il faut que j’y joue !

Vivement:

Sherlock Holmes - Le chien des Baskerville
Pirates des Caraïbes - Le Black Pearl
Indiana Jones - La quête du Graal
Hélène et les garçons - Le synthé de José

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Et évidement j’ai cherché le jeu Sherlock…

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Le synthé de José, délicieux.

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Love Letter m’a été conseillé plusieurs fois (trois, sauf erreur, et pour être plutôt exact !) dans le topic Conseillez-moi quelques incontournables d’hier. Je n’avais pas forcément trop tilté sur le moment, le jeu n’étant pas nécessairement ce que je recherchais.

Il y a peu, un ami a apporté son exemplaire de Love Letter à la maison et là je me suis dit “ok, cool, pourquoi pas. On verra si on a le temps”. Et il s’avère que j’ai commencé à écouter le podcast de Proxi-Jeux concernant Love Letter et plus largement,
Seiji Kanai
, son auteur. Et c’est là que je me suis dit “wouah, je suis passé à côté d’une partie de ce jeu ? Il a pourtant l’air super intéressant!”. Manque de pot, je n’ai pas l’occasion d’y jouer en direct mais… le jeu est dispo sur BGA ! Je suis sauvé !

Je me suis donc empressé de lancer une petite partie du jeu pour voir ce que ça donnait et, franchement, je ne suis pas déçu ! Alors d’accord, c’est du jeu de déduction, du jeu de bluff, c’est pas El Grande ni Yellow & Yangtze. Pourtant, j’ai trouvé ça tellement bien fichu, très intelligent, demandant au jour de faire preuve d’une grande vivacité d’esprit, d’un certain talent de mémoire, et aussi, de parvenir à arborer sa meilleure poker face !
La première manche démarre plutôt tranquillement, on jauge les autres joueurs, on essaie de définir comment ils vont jouer, quelle est leur manière de jouer, de bluffer, d’attaquer ou de se défendre. On recherche des patterns chez eux pour pouvoir mieux anticiper les manches suivantes, mieux les appréhender. Et manche après manche, la tension s’installe, on devient davantage méfiant, beaucoup plus attentif, agressif pour certains, très défensif voire trop en retrait pour d’autres.
Bref, un gros coup de cœur pour moi à l’instant. J’espère pouvoir découvrir le jeu sur table prochainement.