[Le Tour du monde en 80 jours][Michel Strogoff][Oliver Twist]
Ne cherchez pas cette couverture, elle n'exista que le temps de quelques essais...
Moi, j'aimais bien cette ambiance chaleureuse... :D
Purple Brain Classics, faut-il le rappeler, ce sont déjà deux boites classieuses avec le Tour du Monde en 80 Jours suivi d'Oliver Twist auxquelles vient donc dernièrement s'ajouter Michel Strogoff : Un jeu d'Alberto Corral tout autant que d'aventures initialement édité chez Devir.
La version... oui, bon, c'est marqué dessus !
Il est illustré par Pedro Soto d'une façon classique, pourrait-on dire, qui lui donne son charme par l'art et la mise en couleur très en lien avec son thème. S'il peut parfaitement se jouer en solo, ce qui lui confère un attrait immédiat lorsqu'un joueur n'a pas toujours de co-pains sous la main, il est toujours plaisant de rire des mésaventures des uns et des autres... et ça ne risque pas de manquer dans cette boite !
Voyage de Moscou à la Sibérie en traversant les monts de l'Oural
"La steppe est belle, Aliosha Vladimir Fedorovitch Sergeï Nikaolaïevitch Oulianov Stefanov Dimitri Kovechenko Alapine !"
Le propos, fidèle au roman de Jules Verne écrit en 1876, est de transporter une lettre du Tsar prévenant son frère Grand Duc du danger qu'il court par la méchanceté et la traîtrise du colonel Ogareff. Il faut pour cela voyager, avancer de nuit comme de jour, ce qui vous fait piocher des cartes Route aux dangers variés et vous fatigue. Et surtout, dans ce petit aspect "stop ou encore", gare aux pénalités lorsque des dangers redondants se retrouvent sur votre périple !
Ceci vous amènera donc à vous reposer pour récupérer de l'énergie ou les éléments nécessaires pour enfin affronter ses dangers qui vous font face et ainsi sécuriser la suite du voyage. Puisque "voyager forme la jeunesse", Michel et ses condisciples y gagneront de l'expérience souvent utile lors de la phase du traître. Lors de cette phase, le dé lancé pourrait ainsi vous profiter. C'est aussi pendant cette phase qu'Ivan Ogareff progressera vers Irkoutsk ou que Sangarra interviendra !
Si les Tartares progressent jusqu'à Moscou ou si tous les joueurs perdent leur duel contre Ogareff, la partie est perdue... ce qui ne veut pas dire que le jeu soit coopératif mais simplement qu'il s'agit bien d'une course où il ne faut surtout pas arriver trop tard... sans pour autant arriver trop vite (et donc mal préparé) pour ne pas se faire décalquer par le colonel sans pour autant vous faire coiffer au poteau par vos petits camarades.
Outch.. Autant les Tartares sont loin... Autant Ogareff est à deux pas de la victoire...
L'aventure, ça crève... surtout les yeux !
Étonnant et franchement agréable de sentir combien, avec Michel Strogoff, nous touchons du doigt ce que d'autres auteurs cherchent encore. Un jeu où l'on peut se sentir investi de l'aventure que l'on vit pendant la partie, s'approchant de la manière de faire d'un jeu de rôle... ou plutôt, mettons, pour ne pas exagérer non plus, d'un livre dont vous êtes le héros : Chaque joueur prendra ses décisions (avancer, encore et encore, se reposer, foncer ou être prudent) et, au lieu de tourner les pages, retournera les cartes en ayant le même petit frisson d'attente de découvrir ce que l'avenir réserve.
Ajoutez une petite gestion "stop ou encore" des risques du voyage, une gestion du timing en fonction des événements tout autant que des adversaires, mais également une gestion de sa main en fonction des alliés disponibles et de leur capacité à activer pour ceux qui verront plutôt l'aspect "mécanisme ludique". Et puis devenir rapide ou prévoyant, voire même déterminé et énergique, autant de capacités nouvelles gagnées à la "sueur de son front" sous la forme d'expérience si chère aux rôlistes...Et tout en ayant quelques dés pour râler à son aise contre le destin, lorsque ce dernier, en plus de vous coller les cruels Tartares qui vous crèvent les yeux, ne fait rien pour vous aider en s'évertuant à faire tomber le "cube mystique" sur les faces qui ne vous octroient rien...
- T'es énergique ?
- Ouaip !...
- Ah dommage, il aurait fallu être prévoyant plutôt... gniark gniark gniark
De belles parties, toujours enlevées et de hautes luttes, mais pas toujours gagnés. Des parties qu'on se raconte quasiment toujours à la fin, se retrouvant facilement narrateur, conteur, de nos (més)aventures héroïques, avec ses moments forts et ses périodes plus calmes... Personnellement, c'est toujours un signe très positif de la qualité ludique et immersive d'un titre. Bref, un Monsieur Guillaume Approved, pour autant que ça puisse être utile aux courriers du Tsar...
... Et n'oubliez pas : Ne vous retenez pas de pleurer, l'effet Leidenfrost pourrait bien vous sauver !