Le jeu des sortilèges de sorcières sortait hier, en 2008. Et ce sommet se nommait “Malédiction !”.
L'élocution est de rigueur pour bien l'évoquer et ne point invoquer d'immondes démons mais les mémères veillent... et nos sorcières nous concoctaient des potions qui cocotaient aidées de gredins et d'ingrédients indigènes et indigestes.
Et elles ne durent pas se ramolir car en 2015 et donc quelques balais plus tard, alors que d'autres auraient pris la poussière, elles aspiraient à ne pas se ménager et dans le royaume livrer leurs recettes. Reset donc du jeu, et voici que sévit Broom Service, gagnant à la volée, évitant donc le revers, le Kenner Spiel des Jahres ! Bien vu le prix ! Du très bien vu, même, et Dutrait au crayon. Du coup leur envie d'en faire plus en en faisant moins pris le dessus et le voici donc (enfin, le 17 Juin), le "Broom service Le jeu de cartes", petit écrin qui ne craint pas qu'on ne s'écarte pas de lui, prêt à vampiriser vos envies à la vue décente de cette gente féminine.
Décente, mais en petite tenue et sans verrues, vous le verrez. Depuis "Malédiction !" nos chères sorcières n'ont pas pris cher et le lifting du jeu a aussi changé le physique de ces dames. Il s'agit donc de nouvelles et jeunes sorcières, des petites filles de celles illustrées sur le premier jeu de la trilogie, à moins que ces envoûtantes créatures nous aient charmé de par leur magie pour que leur apparence nous soit trompeuse et qu'elles nous attrapent au collier... A croire que pour que le jeu soit "familial" (enfin, plus familial, car les deux premiers opus ciblaient déjà un public vaste et pas seulement les joueurs avertis, sachez-le) il faut dessiner de toutes zolies sorcières. Pour que ça passe, on y mettra un peu d'humour, comme par exemple une sorcière faisant du jet-ski. A croire que Terry Pratchett, mais aussi Tiphaine Patraque sont passés par là...
Petite boite, petite durée des parties (on joue 4 manches de 3 cartes : vous ne devriez même pas atteindre la durée maximale de 30 minutes annoncée) pour un jeu se limitant à 161 cartes. Rien de plus (enfin, si : des cartes bonus pour la version plateau. Ils sont pas bêtes chez Ravensburger...). On écourte la cours elle aussi : plus de druides ou de cueilleurs, plus de mendiants ou de voleurs. Des sorcières, seulement. Combien ? neuf différentes, en 10, 11, 12, 14, 16, 18, 20, 21 et 22 exemplaires. Une d'entre elles, bien brave, sera déjà acquise à votre cause, devant vous. Vous en aurez 13 autres en main, distribuées en début de partie, et devrez en sélectionner 3 différentes que vous allez jouer. Le mécanisme de base est ensuite le même que celui des volets précédents (et voler, c'est pas bien, sauf pour une sorcière, qui de voler s'en bâts les citrouilles ... mais passons l'éponge là dessus : ça ne vaut pas deux sous, vous seriez déçus). Le premier joueur va donc choisir une de ses trois cartes et la dévoiler soit en tant que sorcière "brave", soit en tant que sorcière "lâche" (je me souviendrais toujours du cas "lâche" de Nicole qu'elle voulait faire en gâchette dans sa chambre : c'était vraiment de la balle...). Puis, dans le sens horaire et à tour de rôle, les autres doivent dire s'ils ont choisi une sorcière de ce même type. Si c'est le cas, celui dont c'est le tour la dévoile et annonce à son tour si elle est "brave" ou "lâche". Toute sorcière "brave" fait défausser la précédente "brave" de ce tour. Pourquoi s'échiner à tant de bravitude, alors ? tout simplement parce qu'une sorcière brave rapporte 2 potions de son type ainsi qu'une potion joker, tandis qu'une sorcière lâche ne rapporte qu'une potion de son type. Et plus vous aurez de potions d'un même type et mieux ce sera. Et là, vous vous dites "mais il me suffit de jouer toujours le même type de carte, alors ?". Bon, alors déjà, il vous faut avoir au moins ce type de carte en 4 exemplaires en main (vous repiochez 3 cartes à chaque fin de manche), mais aussi penser à qui peut potentiellement avoir quoi (par rapport aux raretés des cartes, par exemple, à ce qu'il y a déjà en jeu) mais aussi en fonction des cartes Mission. Prévoir l'ordre du tour a grandement son importance, et il pourra même vous arriver de préférer jouer une sorcière "lâche" plutôt que "brave" alors que vous êtes le dernier à jouer. En début de partie, trois cartes "Mission" seront posées au centre de la table. Elles rapportent 5 points de victoire chacune au(x) premier(s) joueur(s) qui parvien(nen)t à les réaliser en ayant sur la table posé devant lui différentes potions précises en un nombre d'exemplaires minimal précis. Et ça aussi, ça vous pousse à braver le danger... Win to Win ? oui, d'une certaine façon. Mais ça contribue à rendre le guess encore plus prenant. Pour ma part, j'ai trouvé le jeu contrôlable. Et au pire, vu que tout ça ne dure même pas un quart d'heure...
D'ailleurs, pour les petits malins qui ne lisent que la fin des articles et qui veulent savoir s'il faut l'acheter ou pas, eh bien, voici ma réponse : j'avais beaucoup apprécié "Les châteaux de Bourgogne le jeu de cartes", premier opus de cette nouvelle série. Mais je ne le trouvais pas plus court que le jeu de plateau (ou si peu) et tout aussi encombrant sur une table. Vu son prix et son intérêt, c'était à mes yeux un très bon investissement... pour peu qu'on ne possédait pas le jeu de plateau, si proche mais si supérieur, si vous voyez ce que je veux dire. Ce Broom Service n'a pas ce problème. Le jeu est beaucoup plus simple mécaniquement parlant, beaucoup plus court à pratiquer, et a toute sa place dans ma ludothèque (et pour ce que j'en pense, dans la votre également) sans faire doublon avec ses deux grands frères.
C'est emballant, chapeau ! Vous pouvez déballer le votre, vous vautrer sur votre siège et assiéger vos marmites de potions. Oui, direct, de suite, car comme je le disais, on apprend les règles en quelques minuscules minutes et ça se joue en un quart d'heure max. Parfait pour s'échauffer les neurones et créer un peu d'ambiance autour de la table avant de proposer un jeu un peu plus exigeant...