Jamais je n’oublierai un coup pareil. J’avais certes eu la chance de récupérer au début du tour deux tableaux fort intéressants : Ce Turner et ce Bruegel iraient à merveille dans ma collection thématique sur les paysages. Mais arriver à échanger avec la National Gallery of Victoria un aussi beau Renoir contre ce Delacroix peu inspiré qui aurait fini dans mes réserves… Idéal pour attirer les mécènes.
Voilà qui m’avait fait oublier le coup pendable de mon damné adversaire à la tête du Museum of Art de New York. Il m’avait ravi ce portrait de Napoléon par David juste sous mon nez.
Pour le coup, j’avais bien envie d’aller récupérer ce Delacroix dans l’entrepôt du Kaiserliches Museum, juste histoire de leur montrer qui était le meilleur conservateur. Et il me restait juste un tableau à défausser pour ça.
Mon exposition sur l’histoire à travers la peinture venait de récupérer un tableau de choix.
Museum Pictura, univers impitoyable
Conservatrice ou Conservateur de musée n’est pas un métier de tout repos, et pour être à la fin de la partie celui ou celle qui aura réussi à accumuler le plus de points de prestige, il faudra savoir s’imposer devant ses rivaux.
Au début de la partie, on va recevoir la lourde tache de s’occuper d’un prestigieux musée à la renommée internationale. On devra en remplir les galeries avec de nombreuses collections triées par genres et par périodes.
Doté avant le départ de la partie de 5 tableaux, d’une carte faveur et d’une carte tendance (à choisir parmi 3), vous devrez, au fur et à mesure des manches, bâtir le musée le plus prestigieux.
Configuration de départ. On notera que pour jouer à 4, il va falloir sortir la rallonge !De l’échange à l’inventaire, grandeur et misère du musée
Une des qualités principales de Museum Pictura réside dans la façon dont thématique et mécanique de jeu sont liées. Tout est fait pour l’immersion, et on se prend vite à raisonner comme un amateur d’art, chérissant une période artistique, méprisant un genre pictural, ou portant aux nues un artiste. La carte tendance que vous aurez choisie vous aidera à définir les orientations de vos collections.
Petit aperçu des 5 époques et 6 genres picturaux. De gauche à droite : Renaissance, Baroque, Rococo, Romantisme et Impressionnisme ; Mythologie, Histoire, Religion, Paysage, Nature morte et Portrait.A votre tour, vous devrez jouer deux phases successives :
La phase d’acquisition : elle consiste tout d’abord à piocher deux nouvelles cartes peinture, puis, ensuite, à faire un échange avec un des quatre musées du plateau central. Ensuite vos adversaires pourront à leur tour, s’ils le souhaitent, pratiquer un échange.
Cette mécanique de jeu permet un brassage important des oeuvres présentées par les musées du plateau central, et donne du rythme aux tours de jeu. On peut aussi y grappiller quelques points de prestige.
Si j'échange ce Raphaël contre ce Renoir, je gagnerai 2 points de victoire. La carte tendance du musée de Tokyo indiquant ces préférences d'acquisitions.La phase d’action : On y choisit une action parmi trois :
- Améliorer son musée en y accrochant des oeuvres venues de votre main. La manoeuvre est on ne peut plus simple : pour chaque oeuvre qui rejoint vos galeries, il faut en défausser une autre. On peut également visiter la défausse de vos adversaires pour récupérer des tableaux pour son musée. En plus de la carte à défausser, on devra perdre un point de prestige, qui sera gagné par le propriétaire de la défausse pillée.
- Organiser une exposition temporaire : Une fois que vos galeries auront commencé à se remplir, il sera temps de montrer tout cela au public, en organisant une exposition selon la thématique de votre choix (genre pictural ou époque). Cela vous permettra de marquer des points et de récupérer un jeton d’exposition. Ce dernier, placé sur votre plateau, vous permettra de débloquer une récompense au choix.
- Faire un inventaire : cette action permet de remonter tout le contenu de sa défausse dans sa main (dans la limite de 8 cartes).
Voilà à mi-partie un musée dont les collections commencent à avoir du sens. Il va être temps de faire une première exposition temporaire, sur l'Histoire ou le Romantisme. la carte tendance, dévoilée ici pour les besoins de la photo, indique les orientations qui vous feront gagner des points en fin de partie.En plus de son action, on peut aussi durant son tour jouer une carte de faveur, qui déclenche des effets bonus, obtenir une nouvelle carte faveur, ou une carte mécène. Pour récupérer l’une de ces dernières, il faudra satisfaire à ses exigences.
Les mécènes vont exiger la présence de certaines oeuvres dans votre musée. Si la condition est valide, vous pouvez vous emparer de la carte, qui vous donne un avantage immédiat et quelques points de prestige.A la fin de la partie, déclenchée dès que l’on dépasse 50 points de prestige, on comptera la valeur de ses collections, de sa carte tendance, des expositions organisées et de quelques autres détails. Enfin, toutes les cartes restées dans votre défausse vous enlèveront des points (un point à ne pas négliger).
De Museum à Museum Pictura : de l’esquisse au tableau
Fluide, plaisant, doté de règles simples (mais pas simplistes) et avec des parties qui se renouvellent bien, Museum Pictura est une réussite. Il bénéficie en plus d’illustrations magnifiques : 180 cartes de tableaux pour autant d’illustrations fort réussies. Un grand merci aux illustratrices et illustrateur. L’immersion est immédiate et très plaisante tout au long de la partie.
On ne peut que se réjouir que les auteurs, trois ans après Museum, aient réussi à en gommer tous les défauts. On retrouve tout ce qui faisait l’attrait du premier opus, sans son côté « usine à gaz » et règles alambiquées. Bravo à eux.
En bref, une thématique originale au service d’un jeu qui devrait satisfaire le plus grand nombre, de la famille aux joueuses et joueurs initiés.
Et pour quelques informations de plus
Museum Pictura est un jeu de Eric Dubus et Olivier Melisson, illustré par Joëlle Drans, Loïc Musy et Eklaterina Varlamov. Il est édité par Holy Grail Games, et nous devons la version française à Synapses Games. Il peut se jouer de 2 à 4, à partir de 12 ans, pour des parties de 60 minutes environ.
Vous le trouverez dans toutes les bonnes boutiques de jeu pour la somme de 49,90€.
Comme souvent dans les jeux issus de financement participatif, deux extensions, débloquées pendant la campagne, seront disponibles d’ici un mois : Crystal Palace et Vernissage