Les sanglots longs des violons de l’automne

On se demande souvent ce qui différencie le jeu de plateau du wargame. Avec Normandy ’44 on ne se pose plus la question : il permet à la fois de s’amuser (on est quand même là pour ça !), de revivre un moment critique de l’histoire et voir ce qui se serait passé si la chance, la stratégie ou les conditions météos n’avaient pas été dans le même camp…
Parmi les wargames de la gamme GMT, Normandy ’44 fait office de poids moyen : à peine quelques centaines de pions et une carte qui tient sur la table du salon. Et pour ce qui est de la durée de la partie, on peut compter deux bonnes soirées. De quoi bien s’immerger dans le sujet sans être obligé de poser des RTT. Côté look, on est dans la moyenne actuelle : carte fonctionnelle, pions sympas (avec les insignes des unités et pour certains, une silhouette de blindé) et aides de jeu cartonnées et en couleur.
Bon évidemment, il faut s’intéresser un minimum au sujet pour prendre du plaisir à diriger les rangers américains à la Pointe du Hoc ou les parachutistes de Von der Heydte à Carentan. Mais les amateurs d’histoire savent déjà qu’en choisissant cette période (du 6 au 27 Juin), on retrouve, aussi bien du côté allié qu’allemand, les unités les plus célèbres du front de l’ouest.
L’échelle du jeu choisie : 4 kilomètres par hexagone, 1 journée par tour et pions représentant des bataillons, régiments et brigades nous promet des combats stratégiques mais à échelle humaine : on va se battre pour chaque village, chaque bosquet, dans une débauche de violence que même les vétérans du front de l’est n’auront jamais connu. Faut dire que se faire assaisonner de bon matin par les canons du Nevada ou du Warspite, ça décolle la pulpe du fond.
Le jeu prend en compte une foultitude de paramètres : météo bien entendu mais aussi ravitaillement, renforts, effets du terrain, fortifications, etc. La table de déroulement du temps vous indique, pour l’ambiance, les principaux événements de la journée, histoire de voir si vous êtes dans les temps. Parce que oui, le but du jeu est, dans la plus pure tradition des jeux de simulation, de faire mieux que les alliés le soir du 27 Juin (si vous êtes de ce côté là bien entendu). Et cette progression est réellement indiquée sur la carte sous la forme d’une ligne de front pointillée. Dès le début, vous savez donc où vous êtes censés vous rendre… Mais dans le bocage, rien ne sera très simple, c’est certain.
On peut juste regretter que le jeu s’arrête le 27 Juin. Nous ne pourrons donc pas simuler les prises de St Lo et de Caen, combattre la division Das Reich lors de l’opération Cobra pour finalement sceller le sort de la plupart des unités allemandes dans la poche de Falaise. Ce sera peut-être pour un second opus…
Normandy ’44
Un jeu de Mark Simonitch
Edité chez GMT
Pour 2 à 3 joueurs
Disponible là maintenant
Environ 40 euros