[ARBORIA][New York 1901][Photosynthesis][Vikings on board]
Sur une toute petite île délaissée par les hommes, les arbres poussent. Silencieusement, ils tendent leurs branches vers le soleil, gorgeant leur sève dorée de la lumière de l’astre du jour. Ils n’ont pas l’air comme ça, mais lentement, au fil des saisons, les arbres sont en concurrence. Chacun veut la meilleure part d’île et de soleil disponible.
Le temps est bon, le ciel est bleu
Prochain jeu Blue Orange de la gamme joueurs, succédant à New York 1901 et Vikings on Board. Issu du cerveau verdoyant de Hjalmar Hach, Photosynthesis propose, comme son nom l'indique, de mettre en mécanique ludique la photosynthèse. L'important, dans Photosynthesis, c'est donc l'ombre et la lumière, pour pouvoir faire pousser ses arbres. Alors, oui, si vous suivez l'activité agricole ludique, vous avez probablement une sensation d'écho logique. Photosynthesis partage en effet plusieurs points communs avec Arboria, qui vient de sortir chez Lumberjacks, et dont nous venons tout juste de parler ici.
C'est qui, la tête de gland ?
Fatalement, nous avons vu poindre une polémique à base c'est qui le mieux de l'autre qui copie mais pas pareil en différent... Rassurez-vous, Photosynthesis et Arboria sont deux jeux bien différents, bien que cousins. Et il ne s'agit pas là d'espionnage industriel, mais de véritable hasard de la création ! Nous ne sommes pas là pour développer le débat stérile du qui est le premier qu'est le mieux, tant les deux jeux ont su attirer notre sympathie. Aujourd'hui, nous allons simplement mettre en avant les arbres de Photosynthesis, histoire que vous découvriez ce qui se cache sous l'écorce. Et dans la semaine, va suivre un article spécial sur le botanique ludique pour éclaircir vos chlorophylles.
On vous prépare l'hélicoptère pour le monde du jeu vert.
Et la première chose que l'on peut dire sur Photosynthesis, c'est que c'est beau. Si vous êtes passé devant une table, vous avez probablement entendu, voir vous-même lâché un "En tout cas, c'est joliiii". Et si vous avez pu tâter de la bête dans un festival ou un autre, vous avez probablement entendu une foule de "Wouah, c'est beau" pendant toute votre partie (ce qui ne facilite généralement pas votre réflexion).
Toi aussi, viens croquer la pomme (de pin).
Le gros travail graphique de Photosynthesis semble faire l'unanimité, et il est bon de le souligner car le jeu est tout simplement d'une exquise poésie visuelle. Pourtant, sous ses dehors de douceurs alanguies dans les herbes hautes et chaudes dans le cricri des grillons, Photosynthesis cache un jeu cortiqué de positionnement et de fourberie, porté par des règles simples et pures.
Des règles baies comme tout.
Et la lumière fut...
Un tour de Photosynthesis démarre par un mouvement solaire. On déplace l'élément en carton soleil sur l'un des angles du plateau hexagonal, événement qui va changer la répartition de la ressource unique du jeu : la lumière. En effet, chaque joueur va avancer le marqueur énergie solaire sur son plateau individuel, en fonction de la lumière absorbé par ses arbres.
Le soleil donne la même couleur aux gens, gentiment...
Les arbres prennent la lumière du soleil en fonction de leur taille et de leur ensoleillement. Un arbre d'un hauteur de 1 produira 1 ressource d'énergie solaire, là où un arbre d'une hauteur de 3 produira 3 ressources. Bien entendu, le soleil rasant l'horizon ne frappe l'île que d'un côté du plateau. Chaque arbre produit de fait de l'ombre sur autant de cases que sa taille (un arbre de hauteur 3 plonge dans l'ombre les 3 emplacement derrière lui). Ce seront donc vos arbres solitaires, où vos arbres plus grands qui pourront absorber la lumière (toujours mettre les petits devant et les grands derrière).
L'évolution de l'Arboricae Rouqmouttus
Une fois vos plateaux individuels gorgés de lumière, chaque joueur va pouvoir dépenser autant d'énergie solaire qu'il le souhaite pour effectuer des actions. Avec vos actions, il vous sera possible de faire pousser un arbre, planter des graines ou mettre fin au cycle de vie d'un de vos arbres pour marquer points de victoire (dépendant de la case où ce dernier avait poussé, la qualité de la terre influant sur vos points de victoire).
Quelques petits détails : vous ne pouvez pas drainer comme un sagouin les pouvoirs mystiques de la terre. La nature, ça se respecte et ça prend du temps ! Ainsi, vous ne pouvez effectuer qu'une action par case du plateau à votre tour. Pas question, dans un même tour, de planter une graine, la faire pousser, grandir à tutoyer la canopée, puis l'abattre, ou bien on vous soupçonnera de travailler pour Monsanto.
Et Monsanto, ça fait pleurer les saules !
Autre petite restriction : si votre plateau individuel sert à stocker votre énergie solaire et vous rappeler le coût astro-lumineux de chaque action, il vous sert aussi de "boutique à arbres". Les éléments présents dessus (arbres et graines) sont d'abord à acheter (votre arbre se prépare à pousser) pour être mis à côté de votre plateau, puis ils seront ensuite mis en jeu sur le plateau (votre arbre dépense toute sa sève pour s'étirer les branches).
La partie se déroule ainsi jusqu'à ce que le soleil ait achevé son 3ème tour de l'île. Les points récupérés en cours de partie par abattage forestier sont alors comptabilisés, à quoi s'ajoutent quelques points bonus pour l'énergie solaire que vous avez conservé.
Le temps des récoltes
Jeu stratégique de placement et de positionnement, Photosynthesis vous demandera une bonne gestion des ressources afin de rentabiliser au mieux chaque tour. Il faudra toujours tenir à l'œil les actions de vos vielles branches d'adversaire, ou vous risquez de vous faire prendre sous le nez les meilleurs emplacements, ou pire, de vous retrouver entourés d'adversaires avides de lumière, qui ne vous laisseront que l'ombre pour vous cacher et pleurer en silence. Si les règles de Photosynthesis sont épurées et faciles à retenir, le jeu n'en est pas moins cortiqué et hautement stratégique. Photosynthesis mobilisera toutes vos capacités calculatoires pour ne pas être pris pour un gland.
Des Blueglass First.
Ne s'accroche pas au rétroviseur.
Photosynthesis propose des variantes pour joueurs qui aiment se faire fumer le crâne, augmentant la difficulté d'absorber de la lumière, ou encore en jouant un 4ème tour de plateau. En tous les cas, ces variantes sont véritablement à réserver après plusieurs parties, histoire de déjà maîtriser la chose. Démarrer bille en tête votre première partie avec 4 tours de plateau risque fortement de vous donner une sensation de jouer un tour de trop. Une sensation dommageable qui peut être évitée en suivant les règles standardes lors de vos premières parties. Il serait bête que vous dégoutiez tout seul du goût de la chlorophylle.
Jaune et joli.
Photosynthesis arrive en Octobre pour Essen comme les pommes chez votre dealer de jeux bios. En attendant, vous pourrez très certainement le croiser en festival ça et là (c'est facile, il suffit de suivre les "WOuaAAhouuUUUha que c'est beau !"). Vous trouverez aussi sur la TTTV une explication et une partie, avec un Monsieur Phal qui en scie. Notons pour finir que Photosynthesis pousse sa démarche de poésie végétale assez loin, lui permettant de décrocher un label de production écolo (à base d'essence d'arbres chinois recyclés) !