Como ser Billionario en 60 segundos ?
C’est un drôle d’aventure qui est arrivée à Roberto Fraga, et par extension à Lucien Geelhoed. Laissez-nous vous raconter…
Monsieur Roberto, grand amateur de voyage, se trouve en Espagne en juillet 2002. Le bronzage fier il déambule dans les rues de La Corogne, laissant les femmes vaquer à leur shopping estival. Il flâne, l’esprit libre, heureux de fouler la terre de ses ancêtres… Mais c’est plus fort que lui, comme une force qui l’attire… Là-bas au loin, cette enseigne qui clignote comme un phare l’appelle, lui, le marin… Une boutique de juegos ! Una tienda de jeux ! Ni une ni deux, notre auteur pousse la porte et s’engouffre dans un Toy es nosotros local.
Monsieur Roberto pose ses yeux sur quelques boîtes, en agrippe un ou deux, quand… Soudain… Son oeil affûté est attiré par une boîte au doux nom de “Como ser Billionario en 60 segundos”. Ce nom ne lui est pas inconnu. Il saisit l’objet fermement. “Comment c’est très beaucoup moche” se dit-il (ou un truc du genre, on romance là). Mais l’esthétique n’est pas ce qui l’inquiète le plus. Non. La stupeur va le saisir lorsqu’il va, d’un geste élégant mais énervé, retourner la chose.
Calme toi Roberto. Ce n’est rien. respire. Oui, Monsieur Roberto a de quoi tomber tout nu. Là, sur l’image du jeu en situation, ses dés, son idée, son jeu ! Il se souvient. Avec son ami Lucien Geelhoed, ils ont une idée de jeu, alors ils font 10 protos qu’ils appellent “Millionnaire en 60 secondes!” et qu’ils envoient à Bar David. L’agent se charge d’envoyer les maquettes à 10 éditeurs dont “Popular de Juguetes”, un fabriquant de Valencia. Chez “Popular de Juguetes”, ils testent le jeu et le retournent en expliquant que ça ne leur convient pas.
Mais… Mais, se dit Monsieur Roberto, en regardant le logo de “Popular de Juguetes” sur la boite ! “La vaca de cerdos sucios” qu’il se dit dans sa tête (ou un truc du genre, on romance là aussi). Les sagouins ont fait une copie du jeu et l’on mise sur le marché espagnol et portugais avant même que Ravensburger, qui avait compris que c’était un bon jeu, ne le présente à Nuremberg en 2003 sous le nom de “Time is Money”!
Mais, c’est sans compter sur Monsieur Roberto qui en achète 3 boîtes et qui en envoie une à Bar David et une à son ami co-auteur. Et ce qui devait arriver arriva. Monsieur Ravensburger pas content du tout est allé taper à la porte de l’éditeur indélicat et à fait les gros yeux.
Bilan : une grosse indemnité, dont une partie reversée aux auteurs. Des droits sur chaque vente, car Monsieur Ravensburger, qui sait être magnanime, a donner son autorisation pour que “Como ser Billionario en 60 segundos” se vende exclusivement sur la péninsule Ibérique et au portugal. Mais il est trop tard pour mettre le de nom des auteurs dans la boîte…
Moralité : “Bien mal acquis à bien mal acquis” ou “Faut pas chatouiller Monsieur Ravensburger…” ou “Il ne faut pas copier les jeux d’un globe trotter parce qu’il risque de tomber dessus et de se facher tout rouge en criant des noms d’oiseaux !”
Pour vous faire une idée, voici des photos de la maquette et de la copie :
- La maquette
- Le dos de la copie espagnole !
- La boite de la copie espagnole
- L’intérieur de la copie espagnole
La fiche : “Time is Money”
Attention, cette pratique malhonnête est assez rare, même en espagne…