Ça y est vous l’avez enfin cette idée de jeu qui va révolutionner le monde ludique ! Ce jeu unique, votre bébé. Il a occupé vos nuits et vos loisirs, vous avez couché ses règles sur papier, et voilà c’est fait, votre création est en marche. Mais il reste encore une étape avant que votre jeu ne sorte de votre tête qu’il prenne forme et vive : le prototypage.
Si cette étape semble simple sur le papier, en réalité celle-ci n’est pas toujours un parcours de santé, et beaucoup de questions peuvent voir le jour lors de cette étape cruciale. C’est pourquoi quelques conseils ne font jamais de mal, et c’est ce que je vous propose du haut de ma maigre expérience et de mes réflexions intenses dans la suite de cet article.
La question-choc : est-ce que mon jeu est prêt ?
Oui j’aime débuter mes conseils par une phrase choc, c’est un moyen pas forcément gentil, d’attirer votre attention (tout en espérant la retenir). Cette question est légitime et primordiale. Les règles de votre jeu sont-elles assez avancées (sans être parfaites ou exempts de défauts) ? Si votre jeu est encore trop proche de l’état d’idée, attendez d’avoir posé plus de choses sur le papier avant de vous lancer dans la fabrication d’un proto. Si vous êtes sûr d’être prêt et que votre jeu n’attend plus que des tests en situation réelle pour avancer, n’hésitez plus : foncez !
La qualité passe au second plan
Que ce conseil fait mal à mon petit cœur de graphiste, pourtant c’est une réalité. Il ne sert à rien pour un premier proto de faire quelque chose de génial ! Tout simplement, car il y a de fortes chances pour que votre proto change énormément en cours de route, suite aux nombreux tests que vous allez effectuer. Faites quelque chose de fonctionnel, de lisible, puis vous verrez ensuite pour créer un jeu joli et agréable à tester et à jouer. De même, il vous sera peut-être plus simple de trouver les véritables soucis de votre jeu, des problèmes de mécaniques, d’interactions ou de rôles avec quelque chose de sommaire plutôt que de tape à l’œil, au risque de noyer le poisson. N’oubliez pas une autre chose : le temps important passé pour réaliser ce proto, qui sera au final très certainement éphémère. Bien entendu cela ne veut pas dire que pour une présentation à un festival ou à un éditeur vous ne devez pas proposer quelque chose de joli et d’aboutit graphiquement, il faut juste attendre le bon moment.
Rien n’est éternel
Que de mystère derrière cette phrase. Gardez une chose à l’esprit : votre prototype à de fortes chances de passer à la trappe, avant de ressurgir sous un jour nouveau. N’hésitez donc pas à sacrifier certains aspects, afin d’améliorer votre création. Vous risquez de créer de nombreux protos avant de réussir à créer un jeu bon et qui tourne bien, c’est normal, même s’il n’est pas toujours facile de devoir se séparer de quelque chose qui nous a demandé beaucoup de travail. Les essais sont nécessaires, ils nous permettent de découvrir de nouvelles idées et de résoudre les divers problèmes que nous rencontrons. Ne voyez pas cet éternel recommencement comme des échecs successifs, mais plutôt comme des étapes pour atteindre votre but.
Multipliez les essais
De prime abord, cette accroche ressemble beaucoup à la précédente, mais il n’en est rien. Il ne faut pas hésiter à séparer vos protos, à les multiplier, à tester vos idées et vos mécaniques sur différents supports, parfois les uns déconnectés des autres, afin de mieux cerner ce qui ne va pas dans votre jeu. Si l’une de vos mécaniques prend le pas sur les autres, celle-ci devra retenir toute votre attention et devenir votre priorité afin de maximiser ses qualités avant de régler les mécaniques plus « optionnelles ».
Un proto mais plusieurs essais
La clarté des titres ne va pas en s’améliorant. Lorsque je parle de plusieurs essais en un, je veux dire que si votre proto sert à tester vos idées et les mécaniques de votre jeu, celui-ci peut également servir à tester d’autres points : le thème, le format des cartes, le nombre de cases du plateau, la lisibilité des icônes, et j’en passe. Un proto ne doit pas servir qu’à tester une chose, mais plusieurs, et cela, dans le but de gagner du temps.
Le papier c’est magique
Si, si je vous assure. Même si l’informatique nous offre des logiciels extrêmement pratiques pour la réalisation de nos protos, rien ne remplace le papier, sur lequel vous pourrez noter immédiatement vos idées, tester en instantané. Bien sur une fois les choses à peu près calibrées, je vous conseille vivement de vous servir de l’outil numérique pour réaliser un joli proto.
Maintenant que les conseils ont été prodigués, il est peut-être temps de donner quelques pistes pour la réalisation matérialiste de votre jeu, en partant de sa naissance cérébrale à sa concrétisation physique.
Tous les créateurs sont quasiment d’accord pour dire que leurs jeux prennent véritablement naissance sur un bout de papier ou un cahier. Je laisse volontairement de côté la partie « illumination » de la naissance, tant celle-ci peut être vaste et différente selon chacun.
Une fois votre idée notée dans votre cahier, il est temps de faire ce que j’appelle « une partie virtuelle », c’est-à-dire d’imaginer à l’intérieur de sa tête les différentes étapes de son jeu, de jouer une partie abrégée et très imaginée de son jeu pour commencer à déterminer les faiblesses et les incohérences de celui-ci. Une fois cela fait, il est temps de passer à la rédaction des règles, ou tout du moins de leurs ébauches. Pour cela chacun à sa méthode : papier ou logiciel de traitement de texte, pour ma part un peu des deux. Pour le logiciel, il vous suffit de peu de choses, le bloc note, wordpad, ou open office suffise.
Une fois cela fait, et une fois tous les conseils énumérés au-dessus vérifiés, il est temps de passer à la version physique. Ici plusieurs solutions se présentent à vous selon le jeu que vous désirez créer, et de sa complexité. Papier, stylos, feutres, cartons, suffisent parfois amplement tandis que dans d’autres cas le dépouillement de jeux en boite peut être une étape inévitable. Le but avoir un matériel fonctionnel et palpable pour tester vos idées au plus vite. Ici la priorité est d’avoir beaucoup d’imagination. Si vous avez à disposition une âme charitable pour vous aider dans cette tâche c’est parfait, sinon vous allez devoir faire le rôle de tous les joueurs. Ne vous inquiétez pas cela ne rend pas schizo (enfin j’espère).
Une fois les nombreux tests effectués, il en vous reste plus qu’à réaliser une jolie version de votre jeu afin de partir en quête de testeur et d’avis éclairés, et cela, dans le but d’améliorer votre jeu et donc de passer une nouvelle fois par de nombreuses nouvelles versions de votre création. Mais la route de la création n’est pas un long fleuve tranquille, mais heureusement les barques sont nombreuses.
D’autres articles sur la créations sur le blog Les 1D Ludiques.